Il y a moins de deux ans, Rimini Éditions nous avait sorti de sa hotte une sublime édition de Douce Nuit, Sanglante Nuit. Étant donné que nous avons été sages, l’éditeur nous a apporté sous le sapin sa suite avec en bonus le premier film, un cadeau-surprise pour celles et ceux n’ayant pas eu l’occasion de le commander chez le Père Rimini en décembre 2023 !
DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT, le slasher de Noël par excellence
Le slasher est un genre qui aime les fêtes et Noël est une de celles qui a été le plus utilisé. Douce Nuit, Sanglante Nuit doit ainsi passer après le lourd héritage de Black Christmas, toutefois, en dix ans, le genre a beaucoup changé. Sorti en 1984, le film de Charles E. Sellier Jr. s’est abreuvé des œuvres sorties depuis 1980. Nous retrouvons ainsi dans son métrage la structure classique du slasher, en allant de l’introduction – particulièrement longue ici – pour présenter le traumatisme du tueur, jusqu’à la tuerie finale, en passant par le fameux ventre mou. La différence ici est que nous nous attachons à Billy, non pas car il est charismatique ou car nous aimons le voir trucider des gens, mais parce que nous avons de l’empathie pour lui. Ce qui lui est arrivé est injuste et nous souhaitons vraiment qu’il se porte mieux. C’est d’ailleurs dommage que le film perde notre empathie lorsque Billy grandit. Il devient un boogeyman classique alors qu’il aurait mérité d’être tellement plus que ça. Si cela advient, c’est notamment parce que les personnages qui l’entouraient disparaissent au cours du film. Sœur Margaret et son petit frère ne sont quasiment plus présents à l’écran lorsque Billy grandit alors qu’ils auraient été essentiels pour apporter de l’humanité à son personnage.
Terrifier 3 nous l’a récemment prouvé : faire un slasher se déroulant durant la période des fêtes, c’est aller contre ses valeurs. Douce Nuit, Sanglante Nuit ne déroge pas à la règle avec un film à la fois anti-Noël et anti-religion. À vrai dire, l’un ne va pas sans l’autre et c’est montré par le fait que la bêtise est liée au péché. C’est très osé de la part du métrage de s’attaquer à ces institutions intouchables, toutefois, il n’y avait que le slasher pour le faire. Le genre se caractérise par sa violence et sa sensualité, les tueurs assassinant dans le but de punir les jeunes les plus lubriques. Pour le coup, et en particulier dans sa version non censurée, c’est ici très violent et très sensuel. Douce Nuit, Sanglante Nuit est donc très jouissif, même s’il est plus qu’imparfait.
DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT 2, le Eric Freeman Show
Ce qui caractérise un slasher est son manque de moyens et son opportunisme, les deux étant très souvent liés. Nous pouvons dire que dans ce domaine, DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT 2 est le maître en la matière. Le genre est connu pour résumer les films précédents d’une saga. C’est notamment le cas de Vendredi 13 qui est un habitué de cette pratique. Néanmoins, cela ne dure souvent que maximum cinq minutes – ce qui reste tout de même énorme. DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT 2 fait mieux en reprenant quarante minutes du premier métrage. La ligne entre arnaque et opportunisme est fine, même si le film garde un certain capital sympathie auprès des fans de nanars.
DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT 2 a pour lui le fait de mettre Ricky, le frère de Billy, sur le devant de la scène, lui qui avait subitement disparu dans le premier métrage. Interné dans un asile, il raconte l’histoire de son frère vu dans le précédent film, puis la sienne. Les quarante minutes finales lui sont dédiées et ne sont pas bonnes. Contrairement au film de Charles E. Sellier Jr., celui de Lee Harry manque de revendications. La vengeance de Ricky n’égale pas celle de Billy dans ce qu’elle représente. Elle n’a pas pour but de critiquer Noël ou la religion, elle est juste là pour divertir, ou du moins essayer de le faire. Effectivement, le métrage n’est pas aussi jouissif que son prédécesseur. Paradoxalement, cela reste un bon divertissement, toutefois nous ne rions pas avec le film, mais contre lui.
Le seul intérêt à regarder DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT 2 est Eric Freeman, l’interprète de Ricky. L’acteur offre une performance hilarante, dont le point d’orgue est son fameux « garbage day ». Avec un tel jeu, nous en venons à maudire la production de nous avoir retiré quarante minutes de plaisir. Nous pouvons aussi cependant les maudire d’avoir traité le personnage convenablement que lors des dix dernières minutes. Il faut dire qu’avec une meilleure direction d’acteur, Eric Freeman aurait été parfait pour le rôle. Le comédien possède la carrure d’un tueur de slasher, toutefois, il est devenu dans ce film le symbole de tout ce qui ne va pas dedans.
Au vu de la nature complexe de DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT 2, Rimini aurait pu faire l’impasse dessus. L’éditeur a pourtant décidé de le sortir et a eu l’intelligence d’ajouter le premier opus. Le film de Lee Harry étant composé à 50% de ce dernier, c’était un choix logique car permettant de ne pas avoir une vision bridée du métrage de Charles E. Sellier Jr. C’est d’ailleurs probablement le principal argument pour acheter ce coffret. Cela peut paraître dur, mais même si le second opus est drôle malgré lui, c’est une œuvre opportuniste, bien moins intéressante que son prédécesseur.
Flavien CARRÉ