DOWNTON ABBEY

DOWNTON ABBEY, retour chez les Crawley – Critique

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Série phare des années 2010, Downton Abbey débarque pour la première fois au cinéma, en reprenant plus ou moins là où elle s’était arrêtée. Pour le plus grand plaisir des fans uniquement.

Réalisé en 2001 par Robert Altman, Gosford Park a fait office de modèle ayant contribué à la création de la série Downton Abbey, presque une décennie plus tard. En effet, un certain Julian Fellowes officiait déjà à l’écriture de ce petit bijou d’ironie mettant en scène des aristocrates ainsi que leurs domestiques dans une Angleterre des années 30.

Présenté comme un Cluedo, ce que ne sera pas par la suite Downton Abbey, le film introduisait déjà une certaine rythmique dans les dialogues, l’inégalité des classes, de même que la comédienne Maggie Smith, qui se fera exporter dans la série. En tant que créateur et l’un des principaux auteurs de Downton Abbey, Julian Fellowes explorera plus minutieusement les relations hiérarchiques entre les personnages qui cohabiteront durant des années au sein de ce château. Il rencontrera un succès colossal à mesure qu’il brassera les intrigues politiques et romanesques qui déchireront la famille Crawley.

Comme la série n’avait plus donné aucun signe depuis son arrêt en 2016, cette sortie en salles tient tout de même de l’événement, du moins pour les fans. Car le réalisateur Michael Engler n’est malheureusement pas Robert Altman.

DOWNTON ABBEY

Dès les premières minutes nous sommes en terrain familier : la musique, les mouvements de caméra qui viennent magnifier la résidence des Crawley tandis que nous pénétrons à l’intérieur, d’abord en bas du côté des domestiques qui s’agitent et puis en prenant un peu de hauteur pour aller trouver lady Mary qui s’ennuie toujours ferme dans sa chambre. Son précédent amour perdu, le cousin Matthew (Dan Stevens) n’a apparemment pas été ressuscité, ce qui tend à confirmer d’emblée l’idée que le film pourrait chronologiquement prendre place quelque temps après la fin du dernier épisode diffusé.

En ce sens, Mr. Carson (Jim Carter) est toujours à la retraite, tandis que le jeune Barrow porte le costume du majordome laissé vacant par son aîné dans la demeure. Même mamie Violet (Maggie Smith) rempile et bonne nouvelle, elle grogne toujours autant ! Tout ce joli monde va sentir arriver très rapidement un vent de panique : une lettre leur annonce l’arrivée de la famille royale à Downton Abbey.

Entre excitation et préparations, une guerre interne se prépare lorsque les conseillers proches du Roi et de la Reine débarquent quelques jours plus tôt pour s’octroyer l’organisation totale du séjour, au grand dam de nos amis. Des personnages affreusement caricaturaux et simplistes à souhait dans leur traitement, qui font passer le film pour une petite comédie inoffensive, ce que la série n’a jamais été.

Un vent de panique souffle sur Downton Abbey : la famille royale s’apprête à y séjourner ! Et c’est à peu près tout.

L’enjeu principal pour tous les protagonistes va donc être celui d’avoir l’immense privilège d’accueillir et de servir la royauté. Et ce, par n’importe quel moyen. Voici donc le gros point faible d’un scénario en mode pilote automatique, qui ne fera qu’effleurer les autres thèmes qu’il mettra parfois timidement en scène, à l’instar de l’homosexualité de Mr. Barrow, complètement tabou et passible de peines judiciaires à l’époque, ou bien de l’émancipation des femmes, à travers la sous-histoire de la transmission d’héritage appartenant à Mme Bagshaw.

Le paradoxe, c’est que tout cela avait eu le temps d’être traité avec finesse et précision auparavant, en cela que le format épisodique apparaissait comme plus adapté à l’ensemble. Difficile de réussir à faire tenir autant d’idées et à les développer convenablement dans un long-métrage de 2h seulement, surtout s’il tente de faire un condensé de 6 saisons.

DOWNTON ABBEY

Puisque nous sommes au cinéma, Downton Abbey, le film, souffre terriblement de la comparaison avec son cousin Gosford Park, chapeauté par un véritable cinéaste habité par un vrai sens de la mise en scène et de la narration, ainsi que les rares films de James Ivory, des petits chefs-d’œuvre qui prenaient place à la même époque.

L’absence totale de prise de risques est ce qui coûte le plus cher à cette adaptation certes fidèle et respectueuse d’une série jadis phénomène, mais qui ne devrait satisfaire que les spectateurs les plus assidus mais pas les plus pointilleux, amusés face au petit numéro de ce cher Molesley devant la famille royale, puis émus lors de la dernière tirade d’une Violet fatiguée, observant de ses yeux humides pour la dernière fois la danse de lady Mary. Pour le bien de tous, il serait bon que cela soit la dernière fois que nous soyons invités à Downton.

Loris Colecchia

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Titre original : Downton Abbey
Réalisation : Michael Engler
Scénario : Julian Fellowes
Acteurs principaux : Hugh Bonneville, Elizabeth McGovern, Michelle Dockery, Maggie Smith, Jim Carter, Laura Carmichael, Matthew Goode
Date de sortie : 25 Septembre 2019
Durée : 2h03min
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Note finale

  1. Pour ma part, j’ai vraiment adoré le film.
    Difficile de n’en dire que quelques mots et si rapidement.

    Que les domestiques royaux soient caricaturaux, peu importe. Ce n’est qu’un prétexte pour montrer Downton et tout son personnel comme une entité « enfin » unie face… à l’envahissante cohorte de Buckingham.

    Sur le plan formel, tout le monde n’est pas Robert Altman certes, néanmoins, le film offre des vues inédites de Highclere Castle vraiment délicieuses (l’automne ne gâchant rien) et des scènes de bal délicieusement aristocratiques. On voyage, on s’évade, c’est ce qu’on est venu trouver.

    La force du film, ce sont les personnages. Ils se suffisent presque à eux-mêmes.
    Nous les retrouvons comme nous les avons laissés à la fin de la saison 6 et certains connaissent même une certaine évolution, comme Thomas Barrow.

    Ce film est un délice, une gourmandise.
    Pour les fans de la série uniquement ? Si cela les ravit (comme c’est mon cas), alors c’est déjà une très bonne chose.

    Revoir Maggie Smith, ce monument, cette immense actrice, cela vaut le déplacement.

    Chaque membre de la famille, chaque domestique a son moment. Et l’intérêt de Downton, quand on a suivi la série, c’est qu’il n’est pas besoin de montrer un personnage longtemps à l’écran pour savoir de qu’il s’agit. Quelle est son histoire, son passé… Tout revient en mémoire, à la vue d’un objet, d’une pièce…

    C’est un film qui joue sur la nostalgie, sur la mémoire, d’ailleurs l’une des scènes clefs du film aborde ce thème avec beaucoup d’émotions (Merci Maggie Smith).

    Un regard entre deux personnages suffit à comprendre leur lien, bien évidemment, si on est fan de la série.

    C’est comme un épisode de Noël sur grand écran, l’essentiel, c’est la réunion, la communion.
    Ici, le passage sur la toile est réussi…
    Le faste, la délicatesse des costumes, la noblesse des lieux… Tout y est.

    Alors, on pourra reprocher que ce film est fait pour les fans et rien que pour les fans et qu’il est sans intérêt pour le reste des spectateurs. Sans doute, possible. Mais combien de films sont dans ce cas ?
    Le budget est modeste, le film n’a pas la prétention de rafler des statuettes. Simplement de faire plaisir aux cœurs de ceux qui aiment Downton Abbey et ses truculents habitants.

    Que les portes s’ouvrent de nouveau sur grand écran ou sur le petit, moi, je dirai toujours oui !