Non-Fiction Diary

[critique] NON-FICTION DIARY

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Mise en scène
6
Scénario
8
Photographie
6
Musique
7
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7
Note du rédacteur

[dropcap size=small]A[/dropcap]u début des années 1990, en Corée du Sud, un groupe de jeunes, appelé Clan Chijon, commet une série de meurtres. Ils s’attaquent aux plus riches pour s’en prendre directement à la société dans laquelle ils ne se reconnaissent plus.
Ce synopsis n’est pas une fiction, c’est la réalité.

Non-Fiction Diary, documentaire réalisé par Jung Yoon-suk retrace ces événements terribles qui ont défrayé la chronique à l’époque. En mêlant images d’archives et propos recueillis de certains acteurs de l’affaire (enquêteurs, gardiens de prison, prêtres…) il nous met face à la monstruosité et la folie de ce groupe constitué d’une dizaine de garçons. Ces derniers massacraient leurs victimes avant de les incinérer. Une affaire inimaginable à l’époque, car premier acte d’une telle violence. Cependant l’enquête autour des meurtres est rapidement laissée de côté. A travers cet événement, Jung Yoon-suk revient sur l’ensemble d’une période compliquée pour la Corée du Sud après l’investiture de sa démocratie en 1988. Le réalisateur dresse un portrait de la nation en proie au mal-être et conduit à des remises en question.

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Les membres du Clan Chijon viennent d’être arrêtés. Le leader du groupe, Kim Ki-hwan, s’adresse aux journalistes venus recueillir ses propos. Il ne regrette pas ses actes, au contraire, il aurait aimé tuer davantage. Le jeune homme est calme et imperturbable. Les journalistes s’agglutinent pour ne rien rater de ce monstre. Les photographes se poussent, les insultes et les violences font irruption au sein des premiers témoins car personne ne veut rater une miette. On finit par oublier notre ressentiment envers Kim pour laisser place à un sentiment de dégoût devant cette scène. Jung Yoon-suk, diplômé des Arts Plastiques et en Documentaire de la Korea National University of Arts, affiche sa volonté de dresser un portrait de la société et de la politique de l’époque. En entrant dans son sujet par cette affaire criminelle il capte immédiatement l’attention du spectateur. Le documentaire met en avant le malaise du pays. La jeunesse ne croit plus en rien. Elle réfute le capitalisme, en témoigne le Clan Chijon voulant s’attaquer aux plus riches. Il n’y a plus de valeurs comme le patriotisme mais aussi le respect, l’indulgence et le pardon. Le film dévoile les raisons de tous ces maux. Après avoir subi la dictature du général Park Chung-hee, au pouvoir de 1962 jusqu’à son assassinat en 1979, la Corée découvre la démocratie en 1988 dans des conditions douteuses. En effet la corruption est très présente au sein de la vie politique. Cette envie des plus riches de rechercher constamment davantage de profits en négligeant la sécurité aura pour conséquence l’effondrement du centre commercial Sampoong. Situé à Seoul, ce centre commercial montrait des défauts de construction. Le non-respect des normes provoque l’effondrement du toit et cause plus de cinq cents morts.

”Pour son premier long métrage Jung Yoon-suk s’attaque à un sujet difficilement développable en 90 minutes”

En mettant ces deux événements meurtriers face à face, le film mêle émotion et colère. Pour les enquêteurs de l’époque, les responsables de la catastrophe du centre commercial ne valent pas mieux que les membres du Clan Chijon. Si la transposition des deux est judicieuse, le film a pour défaut de nous perdre dans un trop plein d’informations. Jung Yoon-suk part dans beaucoup de directions et la confusion s’installe rapidement. Il évoque l’histoire de la vie politique coréenne mais également la religion au sein des prisons. Le tout s’enchaîne à grande vitesse et provoque une perte d’attention.
Pour son premier long métrage Jung Yoon-suk s’attaque là à un sujet difficilement développable en 90 minutes. Chaque événement, chaque affaire et thème présentés sont inséparables pour pouvoir offrir le portrait le plus complet possible. Le film reste à voir pour les questions qu’il soulève, notamment sur la peine de mort, toujours maintenue en Corée du Sud bien que n’ayant pas été appliquée depuis 1998. Non-Fiction Diary sera projeté une seconde fois durant le Festival du Film Coréen à Paris samedi à 18h45.

[divider]CASTING[/divider]

Titre original : Non-Fiction Diary
Réalisation : Jung Yoon-suk
Scénario : Jung Yoon-suk
Pays d’origine : Corée du Sud
Sortie : 17 Juillet 2014 (Corée du Sud)
Durée : 1h30mn

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Mise en scène
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Photographie
Musique
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