La 4ème édition du Festival International du Film Indépendant de Bordeaux, dit FIFIB, présentera du 8 au 14 octobre 2015 une quinzaine de longs métrages en avant-première, dont 8 en compétition, et une série de courts-métrages.
Le Fifib, dont le parrain est Olivier Assayas, revendique le fait de ne répondre à aucun critère et être à la fois étrange, drôle, romantique ou engagé, avec pour objectif essentiel de promouvoir l’indépendance d’esprit et la liberté de création et d’innovation. Le Blog du Cinéma sera présent et vérifiera sur place – vous retrouverez ici nos avis sur les films présentés !
BANG GANG, de Eva Husson
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• Titre original : Bang Gang (une histoire d’amour moderne)• Réalisation : Eva Husson
• Scénario : Eva Husson
• Acteurs principaux : Finnegan Oldfield, Marilyn Lima, Daisy Broom
• Pays d’origine : France
• Sortie : 13 janvier 2016
• Durée : –
• Distributeur : Ad Vitam
• Synopsis : Les faubourgs aisés d’une ville sur la côte atlantique.George, jolie jeune fille de 16 ans, tombe amoureuse d’Alex. Pour attirer son attention, elle lance un jeu collectif où sa bande d’amis va découvrir, tester et repousser les limites de leur sexualité. Au milieu des scandales et de l’effondrement de leur système de valeurs, chacun gère cette période intense de manière radicalement différente.
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[/cbtab][cbtab title= »l’avis de Sylvie Noëlle (★★★★) »]
[dropcap]I[/dropcap]l ne faut pas s’arrêter à un a priori sulfureux à propos de BANG GANG sous prétexte que l’on y voit des ados de seize ans se balader nus et baiser comme des fous. Non, c’est bien plus complexe et subtil que cela. La réalisatrice Eva Husson, présente après la projection et que nous avons eu le plaisir d’interviewer (lire prochainement sur LBDC), nous a dit avoir voulu évoquer le malaise lié à la construction émotionnelle et sociale des adolescents au sein d’un groupe. Le sentiment d’appartenance ou les difficultés à se faire accepter, ce que l’on se pose à soi- même comme limites, si l’on s’en pose et de quelle manière.
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NAHID, de Ida Panahandeh
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• Titre original : Nahid• Réalisation : Ida Panahandeh
• Scénario : Ida Panahandeh, Arsalan Amiri
• Acteurs principaux : Sareh Bayat, Pejman Bazeghi, Navid Mohammad Zadeh, Milad HosseinPour
• Pays d’origine : Iran
• Sortie : 3 février 2016
• Durée : 1h45
• Distributeur : Memento Films
• Synopsis : Selon la tradition iranienne, la garde des enfants en cas de divorce revient automatiquement au père. Nahid, récemment séparée de son conjoint, a obtenu gain de cause et élève seule son fils de dix ans à l’unique condition de ne jamais se remarier. Mais sa rencontre avec un homme qu’elle aime et qui souhaite l’épouser remet en cause sa fragile situation. Porté par la remarquable performance de son actrice Sareh Bayat, Nahid met en lumière la condition méconnue des femmes divorcées en Iran à travers un portrait de femme complexe et bouleversant.
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[/cbtab][cbtab title= »l’avis de Sylvie Noëlle (★★★★) »]
[dropcap]P[/dropcap]rix spécial du Jury dans Un Certain regard à Cannes, NAHID, premier film de la réalisatrice Ida Panahandeh, est dans la veine du nouveau cinéma iranien.
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ANDROIDS DREAM, de Ion de Sosa
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• Titre original : Androids Dream• Réalisation : Ion de Sosa
• Scénario : Ion de Sosa, Jorge Gil Munarriz, Chema García Ibarra
• Acteurs principaux : Darsteller, Manolo Marín, Moisés Richart, Marta Bassols
• Pays d’origine : Espagne, Allemagne
• Sortie : –
• Durée : 1h01
• Distributeur : –
• Synopsis : Tourné en 16 mm et en format carré, Androids Dream est l’adaptation low-fi d’un roman de science-fiction, pas n’importe lequel : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?,de Philip K. Dick, qui a inspiré Blade Runner. De là, deux façons de voir le film de Ion de Sosa, à l’image de la duplicité des univers dickiens : thriller réaliste suivant un psychopathe ou/et film d’anticipation interrogeant l’humanité de ses personnages, même les plus “réels”. Un documentaire futuriste ou une science-fiction au présent, qui trouve un décor idéal avec la cité touristique de Benidorm.
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[/cbtab][cbtab title= »l’avis de Sylvie Noëlle (☆☆☆☆) »]
[dropcap]V[/dropcap]éritable OVNI dans la sélection des longs métrages en compétition du Fifib, jusqu’à présent plutôt cohérente, ANDROIDS DREAM nous a laissé… sans voix. Il ne suffit pas de revendiquer la filiation indirecte avec Blade Runner via l’adaptation du roman de science-fiction de Philip K. Dick « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » pour que les spectateurs acceptent n’importe quoi au nom du principe de liberté de création et d’innovation promu par le Festival.
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CE SENTIMENT DE L’ÉTÉ, de Mikhaël Hers
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• Titre original : Ce sentiment de l’été• Réalisation : Mikhaël Hers
• Scénario : Mikhaël Hers, Mariette Désert
• Acteurs principaux : Anders Danielsen Lie, Judith Chemla, Dounia Sichov, Joshua Safdie
• Pays d’origine : France
• Sortie : 17 février 2016
• Durée : 1h46
• Distributeur : Pyramide Distribution
• Synopsis : Au milieu de l’été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu’ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l’absence, entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à la lumière, portés par le souvenir de celle qu’ils ont aimée.
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https://www.youtube.com/watch?v=G3O_1Mi8MhI
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[dropcap]S[/dropcap]asha , jeune femme vivant à Berlin, décède brutalement en plein été, laissant son compagnon Lawrence, sa sœur Zoé et ses parents, se débrouiller avec cet après. Car c’est le travail de deuil qui intéresse le réalisateur Mickaël Hers dans son second long métrage CE SENTIMENT DE L’ÉTÉ.
Il faudra le temps nécessaire et quelques villes différentes pour que les proches de Sasha puissent accepter, tenter autre chose, prendre un souffle nouveau, renouer avec la vie.
Lawrence est incarné avec émotion par Anders Danielsen Lie, dont le réalisateur, présent lors de la projection (et que nous avons eu le plaisir d’interviewer) nous a dit apprécier la façon touchante dont un rien éclaire son visage. Judith Chemla interprète Zoé avec une sobriété qui nous place en empathie totale. C’est indéniablement la force du film, tandis que l’on croise également Feodor Atkine ou Jean-Pierre Khalfon : nous émouvoir, non seulement par le sujet du film, mais par la façon même dont le réalisateur le traite.
Est également abordé le thème de l’expatriation et la capacité des déracinés volontaires à s’intégrer dans des villes et des cultures différentes. La langue principale est d’ailleurs l’anglais, langue maternelle de Lawrence. Le film tourné en 16mm donne un ton particulier à ces personnages urbains évoluant à proximité des parcs de Berlin, Paris et New York, formant cette unité de lieux recherchée par Mickaël Hers.
CE SENTIMENT DE L’ÉTÉ, film lumineux et porteur d’espoir et de sens, est notre coup de cœur du festival !
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A PEINE J’OUVRE LES YEUX, de Leyla Bouzid
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• Titre original : A peine j’ouvre les yeux• Réalisation : Leyla Bouzid
• Scénario : Leyla Bouzid, co-scénariste Marie-Sophie Chambon
• Acteurs principaux : Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari
• Pays d’origine : Tunisie, France, Belgique
• Sortie : 23 décembre 2015
• Durée : 1h42
• Distributeur : Shellac
• Synopsis : Tunis, été 2010, quelques mois avant la Révolution, Farah 18 ans passe son bac et sa famille l’imagine déjà médecin… mais elle ne voit pas les choses de la même manière.
Elle chante au sein d¹un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet, sa mère, qui connaît la Tunisie et ses interdits.
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[dropcap]A[/dropcap] PEINE J’OUVRE LES YEUX est déjà précédé d’une petite réputation et des prix qu’il vient de remporter aux Festivals de Namur et de St Jean de Luz. Il nous fait rencontrer Farah, sa mère Hayet qu’interprète la chanteuse Ghalia Benali, son père Mahmoud, la femme de ménage confidente Ahlem et son amoureux Bohlène qui joue dans son groupe de rock. Farah chante des textes engagés sur son pays dans des endroits un peu risqués : des bars d’hommes, des salles de concert qui ferment ou des gérants qui coupent l’électricité pour empêcher le groupe de se produire. Si la réalisatrice Leyla Bouzid, dont c’est le premier film, brosse un portrait sans concessions de la Tunisie juste avant la Révolution Arabe , elle nous dit lors de la présentation du film que, finalement, peu de choses ont changé pour la jeunesse d’aujourd’hui .
Farah est une jeune rebelle passionnée qui n’a pas forcément conscience des enjeux politiques véhiculés par ses chansons par le biais de l’émotion qu’elles provoquent. Le titre du film est d’ailleurs issu d’une chanson qui évoque son pays « A peine j’ouvre les yeux, je vois des gens éteints« . Personnage à part entière, la musique a spécialement été composée pour le film.
Hayet a précisément conscience des risques et elle essaie de dissuader sa fille de s’impliquer davantage. Par la raison, en insistant pour qu’elle fasse des études de médecine, puis par les menaces. Farah est prise entre deux feux et entourée de personnes qui lui demandent de choisir quand cela lui est fondamentalement impossible.
Mais c’est cela la vie… Tout le monde peut s’évertuer à vous mettre en garde, on n’y croit pas tant qu’on n’aura pas expérimenté par soi même.
La richesse de ce film poignant est de nous inviter à de multiples réflexions : les notions de liberté, d’engagement, de censure et de résistance. Mais aussi de transmission familiale, de relation mère-fille, de relation père- fille, de confiance, de bienveillance et d’amour.
Leyla Bouzid alterne des scènes de grandes émotions et de violence qu’elle filme au plus près de ses personnages, parfois à fleur de peau, ce qui permet d’accroître notre empathie envers eux.
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LES FILLES AU MOYEN AGE, d’Hubert Viel
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• Titre original : Les Filles au Moyen-Age• Réalisation : Hubert Viel
• Scénario : Hubert Viel
• Acteurs principaux : Malonn Lévana, Chann Aglat, Léana Doucet
• Pays d’origine : France
• Sortie : 27 janvier 2016
• Durée : –
• Distributeur : Potemkine Films
• Synopsis : Petite immersion dans un chapitre méconnu de l’histoire du féminisme : le Moyen-Âge.
En faisant se succéder des saynètes jouées par des enfants à la manière d’un spectacle d’école, ce docu-fiction traite de façon burlesque les époques successives qui ont vu naître, à travers le message égalitariste du Christ qui se propage dans tous les domaines, une incroyable libération de la Femme. Emancipation qui sera étouffée à mesure que la bourgeoisie gagnera le pouvoir.
[/column][/cbtab][cbtab title= »l’avis de Sylvie Noëlle (★★☆☆) »]
[dropcap]H[/dropcap]ubert Viel était présent avec son équipe pour nous présenter en avant-première mondiale son second long métrage LES FILLES AU MOYEN-ÂGE. Il revendique un film aussi bien féministe qu’écologique, dont il a fait valider le scénario par un médiéviste de la Sorbonne. Très inspiré par les jeunes héroïnes du mangaka Miyazaki, ainsi que par les contes, les mythes et les symboles qu’ils véhiculent, il reconnait la récurrence dans ses films de cette thématique d’un âge d’or et d’un paradis perdu.
Le réalisateur met donc en scène dans des saynètes jouées par des enfants des moments clé de la vie des femmes au Moyen-Âge, racontées par le toujours extraordinaire Michael Lonsdale à sa petite fille et à ses deux amies. Il revisite cette partie de l’Histoire en nous rappelant le rôles des femmes tout au long de ces années, à travers la vision et l’interprétation que les hommes avaient de Dieu, et s’arrête en particulier sur certaines d’entre elles comme Hildegarde de Bingen ou Jeanne d’Arc.
L’idée de jouer à « pour de vrai » est une jolie idée, poétique et malicieuse permettant de rappeler certains messages féministes portés par ces six enfants d’une dizaine d’années qui interprètent une centaine de personnages. Son travail avec ces acteurs a d’ailleurs été très spontané et libre et finalement peu improvisé car les dialogues, par ailleurs assez fins et plein d’humour, étaient déjà très écrits.
Le procédé de ce film, qui aurait sans doute vocation à être montré dans les écoles, est certes amusant, mais un temps seulement, parce que redondant à la longue. Hubert Viel tente bien parfois des interactions entre le conteur et les personnages, mais cela tombe un peu à plat.
Il assume l’idée, renforcée par les scènes historiques filmées en Noir et Blanc, de dépouillement et de candeur enfantine, non seulement parce que le budget du film était serré mais aussi par volonté. Quant à la musique, qu’il a co- composée, il l’a souhaitée comme un personnage à part entière: effectivement, elle est omni-présente, comme comblant, hélas, un certain vide scénaristique.
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DEMON, de Marcin Wrona
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• Titre original : Demon• Réalisation : Marcin Wrona
• Scénario : Pawel Maslona, Marcin Wrona
• Acteurs principaux : Itay Tiran, Agnieszka Zulewska, Andrzej Grabowski
• Pays d’origine : Pologne, Israel
• Sortie : –
• Durée : 1h34min
[/column][/cbtab][cbtab title= »l’avis de Sylvie Noëlle (★★★★) »]
[dropcap]C[/dropcap] élébrer un « mariage normal avec le soleil » en Pologne c’est traditionnellement manger, boire et danser beaucoup, évoquer les souvenirs en faisant parler les vieux amis de la famille et chanter les vieilles chansons du pays. Le mariage de Piotr et Zaneta que nous raconte le réalisateur Marcin Wrona dans DEMON ne suivra pas ce schéma. Il y aura de la pluie et de la boue mais surtout le squelette découvert par Piotr dans le terrain de la maison du grand-père de Zaneta, qui va le hanter d’une drôle de manière. L’esprit de Hana, jeune fille juive dont on comprend vite quelle est morte violemment pendant les années de la seconde guerre mondiale, va en effet littéralement prendre possession du corps puis de l’esprit de Piotr. Nous sommes face à un dybbuk, esprit qui dans la tradition juive s’accroche à un corps tant que la lumière n’est pas faite sur les circonstances de sa mort.
La performance de l’acteur Itay Tiran est à souligner: sa transformation physique est telle qu’on y croit vraiment, si tant est, bien sûr, que l’on se laisse porter par cette histoire originale.
Personne ne connaît vraiment bien Piotr-Pyton, polonais émigré à Londres et tous essaieront de comprendre l’incompréhensible, de rationaliser un phénomène spirituel et religieux, de faire un pas vers ce qui dépasse l’entendement. Et c’est ce qui est finalement le plus intéressant dans DEMON, qui revendique sa filiation aux films de genre d’horreur: la façon dont tous les protagonistes autour de Piotr-Pyton vont réagir à ce phénomène surnaturel. Zaneta, son père et sa mère, son frère dont Piotr est l’ami, le mystérieux Ronaldo, le vieux Professeur Szymon, le médecin et le prêtre. Car la Bible aussi est convoquée à propos de ce que peut devenir une âme quand elle quitte un corps.
La caméra du réalisateur ira d’un personnage à l’autre, évoquant des situations tantôt de surprise, de courage, d’abattement, tantôt de lâcheté, d’emprise familiale, de révélations mais aussi de comédie et d’autodérision. Grâce à cet événement très particulier et quand même fort improbable, chacun subira à son tour des transformations, révélant sa véritable personnalité , ses croyances et ses ambitions.
L’unité de temps (1 jour-1 nuit) et l’unité de lieu ( la Grange et la maison familiale) renforcent le climat de tension de ce huis clos, dont nous ne dévoilerons pas la fin suggérée par le réalisateur.
Par ailleurs savoir que Marcin Wrona est mort brutalement et dans des conditions assez obscures il y a quelques semaines rajoute au mystère et nous incite à porter un regard particulier sur cette œuvre posthume. DEMON nous questionne subtilement sur notre propre rapport à la mort et à ce qu’elle peut véhiculer et déclencher chez chacun d’entre nous.
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PAULINA, de Santiago Mitre
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[column size=one_half position=last ]
• Titre original : La patota• Réalisation : Santiago Mitre
• Scénario : Santiago Mitre, Mariano Llinás, d’après Daniel Tinayre et Eduardo Borrás
• Acteurs principaux : Dolores Fonzi, Oscar Martinez, Esteban Lamothe
• Pays d’origine : Argentine, Brésil, France
• Sortie : 30 mars 2016
• Durée : 1h43min
• Synopsis : Paulina, 28 ans, décide de renoncer à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d’Argentine. Confrontée à un environnement hostile, elle s’accroche pourtant à sa mission pédagogique, seule garante à ses yeux d’un réel engagement politique; quitte à y sacrifier son petit ami et la confiance de son père, un juge puissant de la région. Peu de temps après son arrivée, elle est violemment agressée par une bande de jeunes et découvre que certains d’entre eux sont ses élèves. En dépit de l’ampleur du traumatisme et de l’incompréhension de son entourage, Paulina va tâcher de rester fidèle à son idéal social.
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https://www.youtube.com/watch?v=aakQEigsl2Y
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[cbtab title= »l’avis de Sylvie Noëlle (★★★☆) »]
Le réalisateur Santiago Mitre a prévenu via un message vidéo qu’il avait voulu réaliser une tragédie moderne éminemment politique, dans le sens où une idéologie et un statut social peuvent être remis en question dès lors qu’ils sont confrontés à une réalité dramatique. Il espère que PAULINA, son second film, questionnera le spectateur et suscitera des débats quand l’actrice Dolores Fonzi (Paulina), compagne à la ville du réalisateur, demande de ne pas juger Paulina ni d’essayer de la comprendre.
De fait, Paulina, victime de violences, fera effectivement tout le contraire de ce que l’on pourrait attendre de la part d’une victime. Mais parce qu’elle ne se comporte ni ne se définit comme telle. Issue d’un milieu social très privilégié, elle restera fidèle à ses convictions en faveur des Droits de l’homme et à sa volonté de s’engager et de s’impliquer. Elle essaiera avant tout de comprendre les origines de cette violence et cherchera la vérité. Elle mettra au dessus de ses ressentis sa conscience politique qui l’a guidée depuis son enfance, suivant le modèle de son père Juge, et lui donnera un sens.
Le pouvoir d’améliorer la vie des gens n’est pas un vain mot pour elle, même si , selon Laura, sa collègue institutrice, ces gens sont des « sauvages ». Ce traumatisme l’aidera aussi à trouver sa place dans ce monde qu’elle a la volonté de vouloir changer, à assumer ses propres choix, à se distinguer des principes de justice de son père. L’acteur Oscar Martinez qui interprète le père, et qu’on a croisé dans Les nouveaux sauvages(Damián Szifron, 2014), est très émouvant dans la bouleversante relation qu’il a avec sa fille, mêlée de beaux moments de tendresse et de rhétorique.
Le réalisateur utilise un double procédé intéressant d’allers et retours sur l’histoire et de changements de points de vue : tantôt Paulina, tantôt son père, tantôt les agresseurs. Nous spectateurs, comprendrons avant Paulina les déclencheurs de l’agression. Mais ce procédé à aussi l’inconvénient de casser quelque peu le rythme du film.
Au final, l’objectif de Santiago Mitre est effectivement atteint. PAULINA nous questionne sur la façon dont Paulina traverse le trauma et le post-trauma à ses côtés . Et ce qui pourrait susciter le débat est peut être le regard presque empathique qu’il porte sur les agresseurs à travers les yeux de Paulina.
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