Photo du film FRAMING BRITNEY SPEARS

FRAMING BRITNEY SPEARS, un long questionnement éthique – Critique

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Non content de dénoncer la scandaleuse mise sous tutelle de la pop star, le documentaire du New-York Times nous interroge en prime sur notre rapport aux médias et, plus particulièrement, à la presse à scandale des années 2000.

16 février 2007. Britney Spears, poursuivie par une horde de paparazzis, pénètre dans un salon de coiffure de Los Angeles. Elle s’assoit, échange quelques mots avec la responsable de l’établissement, puis se saisit d’une tondeuse électrique… Et se rase entièrement le crâne. Dehors, les appareils photo et les caméras n’en perdent pas une miette. Ces images vont faire le tour de la planète. Le monde entier assistera en direct à la descente aux Enfers de la pop star, alors âgée de 25 ans. Si elle s’en est relevée, la dépression nerveuse de Britney Spears ne sera cependant pas sans conséquences. Jugée psychologiquement instable, la jeune femme est placée sous la tutelle de son père. Un état de fait qui implique qu’elle doit obtenir une autorisation pour effectuer la moindre dépense et le moindre déplacement. Qui l’empêche aussi du moindre choix professionnel. Enregistrer un nouvel album, partir en tournée, prendre sa retraite… Tout ceci dépend du bon vouloir de son père.

Photo du film FRAMING BRITNEY SPEARS
The New-York Times

Faut-il libérer Britney ?

Une problématique dénoncée depuis plusieurs années par le mouvement #FreeBritney, auquel le documentaire des équipes du New-York Times, FRAMING BRITNEY SPEARS, s’intéresse de près. Sorti le 5 février dernier et désormais disponible en France sur Amazon Prime Video, le film ne cesse de faire parler de lui. Et pour cause. Si l’on est, de prime abord, tenté de sourire face au dévouement candide des fans militants rassemblés sous la bannière #FreeBritney, force nous est de constater que leurs arguments semblent finalement bel et bien tenir la route. De petites théories du complot échafaudées sur la base d’un post Instagram énigmatique, on en vient aux déclarations irréfutables d’un avocat, d’une ancienne assistante, d’un conseiller juridique. Les témoignages sont à ce point éloquents que l’enquête en devient édifiante. Oui, Britney Spears est prisonnière de sa tutelle et cette situation s’avère anormale. Difficile de ne pas en être convaincu à la fin du métrage…

Photo du film FRAMING BRITNEY SPEARS
The New-York Times

Un autre point de vue

Par ailleurs, FRAMING BRITNEY SPEARS a l’intelligence de mettre en exergue cette période de dépression survenue entre 2006 et 2007, qui fit la joie de toute la presse people mondiale. Une dépression qui, à cette époque, fut loin d’être considérée comme telle. Le grand public voyait Britney Spears se raser le crâne ? Les journaux avançaient qu’elle était devenue folle. Britney a été aperçue au volant avec son fils sur les genoux ? En interview, on lui indiquait qu’elle était une mauvaise mère. Personne n’a jugé bon d’expliquer que se raser la tête est médicalement admis comme une manifestation désespérée de reprendre le contrôle sur son image. D’aucun n’aura remarqué que, assaillie par une nuée de photographes, cette mère apeurée s’est précipitée dans sa voiture pour mettre son fils à l’abri. Pire : dès ses débuts dans l’industrie musicale, on n’a jamais eu la moindre pitié pour Britney Spears. Les médias ont créé un climat propice à sa chute.

Photo du film FRAMING BRITNEY SPEARS
The New-York Times

Sexisme ordinaire

FRAMING BRITNEY SPEARS donne effectivement à voir un lot d’images d’archives qui nous paraissent aujourd’hui glaçantes. Dans le cas de Britney Spears, le voyeurisme d’une certaine presse était à ce point assumé, qu’on ne se gênait guère pour lui demander si elle était encore vierge ou si ses seins avaient été refaits. Le documentaire du New-York Times nous rappelle que cette misogynie, communément banalisée et acceptée, n’est pas si ancienne. Il nous tend par là-même un miroir. Dont le reflet se révèle loin d’être plaisant. En effet, ne nous sommes-nous pas, nous aussi, gaussés en 2007 à la vue de son crâne chauve ? Ou, du moins, n’avons-nous pas suivi le feuilleton de sa lente et vertigineuse chute, semaine après semaine, à l’affût des gros titres ? Et ne sommes-nous pas en train de regarder un documentaire pour savoir si elle est, oui ou non, bel et bien prisonnière de sa tutelle ? Ainsi, le serpent se mord la queue… À se demander si Britney Spears ne pourra jamais se sentir libre.

Lily Nelson

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Titre original : Framing Britney Spears
Réalisation : Samantha Stark
Date de sortie : 5 février 2021
Durée : 1h14min
4
Édifiant

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