[dropcap size=small]A[/dropcap]uréolés du succès du Prénom, Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière auraient pu continuer bêtement dans la même veine et obtenir d’autres succès faciles en mixant comédie et théâtre filmé. Ils ont choisi une toute autre voie en s’attaquant à un genre sous-exploité en France: le thriller. Le pitch doit être suffisamment intrigant pour attirer dans les salles mais plus difficile, la tension doit être soutenue jusqu’au bout et comporter son lot de rebondissements pour maintenir le spectateur sous pression et ne pas le sortir de l’histoire.
Trop de films ont en effet un excellent point de départ, soutenu par une bande-annonce alléchante, arrivent aussi à installer une atmosphère angoissante mais, faute d’un scénario travaillé, se reposent sur leur argument et leur climat et finissent par tourner en rond et devenir de belles coquilles vides. Cette année, le Enemy de Denis Villeneuve en a encore été un brillant exemple.
Le titre et le thème (l’usurpation d’identité) renvoient à Un héros très discret tandis que l’atmosphère glaçante, la mise en scène élégante et la voix off désabusée rappellent Assassin(s), deux autres oeuvres interprétées (et réalisée pour la deuxième) par Mathieu Kassovitz. C’est évidemment lui la principale attraction du film, tant ses trop rares apparitions en tant qu’acteur n’ont jamais souffert la critique et qu’il trouvait là une belle occasion d’élargir sa palette de jeu. Il passe l’exercice haut la main et est même bluffant en personne âgée. Lors des scènes où il joue à la fois un vieillard et celui qui va l’imiter, on a vraiment l’impression de voir deux comédiens se donner la réplique.
« C’est une bonne surprise que de constater que le scénario n’a pas été bâclé et que le film prend son envol dès le deuxième déguisement, pour s’installer dans le thriller pur et dur, qui peut soutenir la comparaison avec Gone Girl«
On pouvait donc s’attendre à une jolie collection de déguisements du personnage principal, prétexte à une belle performance d’acteur, sans qu’on ne connaisse jamais son but et à une histoire qui se termine comme elle a commencé, c’est-à-dire sans explications. C’est donc une bonne surprise que de constater que le scénario n’a pas été bâclé et que le film prend son envol dès le deuxième déguisement, pour s’installer dans le thriller pur et dur et dans une mécanique de manipulation d’opinion. Si le réalisateur débutant n’a évidemment rien à voir avec le maître David Fincher et qu’il attirera de ce fait beaucoup moins de monde en salles, UN ILLUSTRE INCONNU peut soutenir la comparaison avec Gone girl, le grand thriller de fin d’année, au niveau des rebondissements, en (peut-être) moins prévisible. Pourvu que ça crée des vocations dans ce pays…
Les autres sorties du 19 novembre 2014
[divider]CASTING[/divider]
• Réalisation : Matthieu Delaporte• Scénario : Matthieu Delaporte, Alexandre De La Patellière
• Acteurs principaux : Mathieu Kassovitz, Marie-Josée Croze, Eric Caravaca
• Pays d’origine : France
• Sortie : 19 novembre 2014
• Durée : 1h58
• Distributeur : Pathé Distribution
• Synopsis : Sébastien Nicolas a toujours rêvé d’être quelqu’un d’autre. Mais il n’a jamais eu d’imagination. Alors il copie. Il observe, suit puis imite les gens qu’il rencontre. Il traverse leurs vies. Mais certains voyages sont sans retour.
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