Thriller psychologique porté par une impeccable Rebecca Hall, LA PROIE D’UNE OMBRE oscille entre de belles séquences glaçantes mais aussi d’incompréhensibles tournures scénaristiques.
Disons le d’emblée : LA PROIE D’UNE OMBRE n’a pas choisi le meilleur jour pour sortir à l’heure où Dune devrait remplir les salles. N’en reste pas moins que cette curieuse production Disney vaut le détour, du moins pour l’impeccable interprétation de Rebecca Hall. Veuve endeuillée héritière d’une maison bien trop isolée, son personnage enquête sur les circonstances du suicide d’un mari qui en cachait beaucoup trop. La rigueur dont fait preuve le méconnu David Bruckner pour immiscer progressivement l’horreur s’avère payante : on partage les frissons de Beth lorsqu’elle cherche à identifier l’étrange présence démoniaque qui s’amuse à taper contre les murs en écoutant la radio.
Chaque séquence ajoute un peu plus de mystères et de subtils jumpscares, on se délecte ainsi de ces belles idées de mise en scène jusqu’à l’épilogue, un tantinet rapide, de cette lutte contre le mal. Malheureusement, si les talents de Bruckner pour mettre en scène l’horreur détonnent et surprennent, il aurait fallu mieux penser les rouages d’un récit encore une fois bien trop creux pour le genre. La clé du récit est dévoilée au détour d’un dialogue anodin et aurait gagné à être mise en scène comme l’avait fait l’excellent Invisible Man dans son introduction. On aurait ainsi pu directement comprendre l’intérêt qu’avaient les différentes figures démoniaques à s’introduire chez Beth. Il est également légitime de se demander pourquoi l’idée de fuir demeure inexistante alors qu’un danger survient. Prétexte fallacieux destiné à créer des instants riches en suspense, on aurait peut-être préféré un dédouanement plus élaboré que « la mort me poursuit parce que j’ai refusé de partir ».
Sans sortir des rites aseptisés du genre, LA PROIE D’UNE OMBRE est un thriller efficace dont il aurait fallu peaufiner les traits. L’idée d’une réalité alternative (ou autres Doppelgangers) aboutit à de belles idées de mise en scène et profite à une Rebecca Hall en totale maîtrise d’un rôle dans lequel on aimerait la retrouver. Si le récit reste saisissant, la fable romantico-horrifique ne dévie pas de la course d’un propos nébuleux et aseptisé, lequel méritait d’être approfondi. On ne peut toutefois que se satisfaire de grosses ficelles visuellement convaincantes, poussives parfois, mais globalement riches en irrésistibles frissons.
Emeric
• Réalisation : Bdavid Bruckner
• Scénario : Ben Collins, Luke Piotrowski
• Acteurs principaux : Rebecca Hall, Sarah Goldberg, Evan Jonigkeit, Vondie Curtis-Hall
• Date de sortie : 15 septembre 2021
• Durée : 1h50min