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Photo du film LAKE MUNGO
Crédits : Lionsgate

LAKE MUNGO, film d’horreur ou chronique sur le deuil ? – Critique

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Avant d’essayer de comprendre et de juger l’œuvre de J. Anderson, il faut un constat dans les critiques : LAKE MUNGO divise profondément. Certains le qualifient de chef-d’œuvre au rythme millimétré et à la photographie remarquable, tandis que d’autres y voient une œuvre mineure, voire oubliable. Dès lors, il est difficile d’aborder ce film sans être influencé, d’une manière ou d’une autre, par ces deux positions diamétralement opposées ou par la facilité de formaliser une pensée qui n’en serait que la synthèse modérée.

LAKE MUNGO est-il véritablement un film d’horreur ? Occulter cette dimension reviendrait à méconnaître les intentions du réalisateur. Cependant, il convient de noter que le film déroge aux conventions habituelles du genre. Ici, point de jump scares1Principe qui recourt à un changement brutal intégré dans une image, une vidéo ou une application pour effrayer brutalement le spectateur ou utilisateur (Wikipédia), de créatures terrifiantes ou de musique angoissante. Bien que la trame aborde le thème classique des esprits ou fantômes, LAKE MUNGO cherche à instaurer une atmosphère lourde, principalement à travers un montage subtil et une photographie évolutive, qui change de registre à mesure que le récit progresse. Ce choix esthétique, s’il séduira les amateurs d’une approche plus cinématographique de l’horreur, risque de laisser sur leur faim ceux en quête de sensations fortes plus immédiates.

Il est d’autant plus paradoxal de constater que la direction artistique et le montage sont souvent les aspects les plus loués du film, alors même que la majorité des plans suivent un schéma répétitif. Le début du film, notamment, souffre d’une exposition prolongée des personnages à travers des plans en buste de type interview (talking heads), une technique qui, bien qu’efficace pour ancrer le réalisme, manque ici de variété et traine en longueur. Le recours systématique à des plans en time-lapse de paysages pour scander les scènes, bien qu’il s’inscrive dans le style volontairement kitsch et rétro de l’œuvre, dilue quelque peu l’impact visuel global du film.

En ce qui concerne l’intrigue, la seule ressemblance avec Twin Peaks réside dans le nom de Palmer, désignant dans les deux œuvres un personnage féminin décédé avant le début du récit. La magie mystérieuse et onirique qui fait de Twin Peaks un classique n’opère pas ici, ou du moins, ne parvient pas à produire le même effet chez le spectateur.

Les éléments plus conventionnels du film d’horreur n’apparaissent que sporadiquement, surtout durant les 20 dernières minutes. En fin de compte, LAKE MUNGO s’apparente davantage à une chronique sur le deuil qu’à une véritable fiction horrifique. En cherchant à pousser le réalisme à son paroxysme, le réalisateur parvient à créer une expérience qui, pour certains, pourrait rappeler celle d’un documentaire d’époque sur un fait divers : un sentiment d’ennui face à une œuvre qui privilégie la sobriété narrative au détriment du frisson attendu.

Nathan D.

Cet article a été publié suite à une contribution d’un·e rédacteur·rice invité·e.
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