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LE GRAND JEU, ou l'anti-thèse du Loup de Wall Street - Critique

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molly game film - LE GRAND JEU, ou l'antithèse du Loup de Wall Street - Critique

LE GRAND JEU, ou l’antithèse du Loup de Wall Street – Critique

Huit ans après The Social Network, véritable fruit du désir pour les plus sensibles à l’écriture, que vaut cette antithèse du Loup de Wall Street ?

LE GRAND JEU signe le premier passage derrière la caméra du scénariste oscarisé Aaron Sorkin. Un essai prometteur, fructueux et surtout qui prouve, une fois de plus, que l’homme à la plume d’or est un vrai as des dialogues. 

« S’il vous plaît, ne voyez pas le film comme un Loup de Wall Street au féminin », commence Aaron Sorkin lors de l’avant-première parisienne de son tout premier long-métrage. Si on comprend pourquoi le film est vendu ainsi avant visionnage, on comprend beaucoup plus vite les intentions du jeune réalisateur qui veut mettre à plat tout ce que cette comparaison, qui trône fièrement sur les affiches du [LEGRAND JEU, exprime. Si l’auteur se dit grand admirateur du sulfureux film de Martin Scorsese, il désire que son film vive par lui-même, qu’il divulgue ses propres valeurs, à juste titre d’ailleurs car, quand on se penche dessus, l’histoire de Molly Bloom, personnage incarné par la talentueuse Jessica Chastain, va à l’encontre de l’extravagant Jordan Belfort, campé par Leonardo Di Caprio.

Plus qu’un genre, les deux personnages sont tout simplement à l’opposé de l’un et de l’autre. D’abord, Molly Bloom, ancienne athlète qui s’est, par hasard, trouvée une vocation pour le poker (qui a, d’ailleurs, accueilli l’acteur oscarisé de The Revenant autour de sa table), ne cherche pas à se faire énormément d’argent. Elle fait avant tout ses parties, d’abord légales, pour se prouver à elle-même qu’elle le peut, et les quelques billets qu’elle se met en poche, c’est tout juste un bonus, qu’elle a bien mérité. Mettant un terme à son double job de secrétaire, après avoir appris tout ce qu’on pouvait apprendre sur le poker, l’incroyable Molly Bloom plaque tout pour monter sa propre organisation enfin ça c’est avant d’écrire sa propre biographie et d’être arrêté pour l’organisation illégale de ses parties qui, en plus d’accueillir des grands acteurs et joueurs du monde entier, recevait la mafia russe.

Qui pouvait être mieux placé que le scénariste qu’Hollywood s’arrache pour mettre en scène cette histoire vraie ? Loin de lui l’idée de faire un film sur le poker, qu’il pensait être un « simple jeu de hasard », le désormais réalisateur cherche avant tout à faire de son personnage le point central de cette histoire complètement loufoque. Montage accéléré, informations en masse, le réalisateur garde ses mimiques d’auteur en prenant en compte l’intellect et la réflexion des spectateur.rice.s. Pas de panique donc si vous ne connaissez pas les cartes, le maître vous guide, rapidement et efficacement. Ce que cherche, avant tout, Aaron Sorkin, c’est de déployer les motivations et les intentions de cette puissante femme, passée de skieuse professionnelle à reine du poker.

Si les paillettes de la jet-set, les tapis rouges de la célébrité et l’argent qui coule aussi vite que le champagne sont présent.e.s ce n’est pas pour en couvrir les louanges mais plutôt pour en dresser un portrait destructeur. Loin d’être sombre, le film a pourtant un profond dégoût de ces extra superficiels dont seule, une infime partie de la population, y a accès. D’abord l’ascension, puis la chute et enfin la rédemption, Molly Bloom passe par plusieurs étapes, remarquablement mis en scène dans le long-métrage. La face cachée du Loup de Wall Street qui montrait, sous un regard beaucoup plus jouissif, les effets de cet argent inépuisable. Là où Molly sombre (alcool, drogue…), Jordan prend plaisir à s’élever (et, paradoxalement, sombrer). C’est là toute la maîtrise du génie qui expose l’utopie en montrant la réalité. Des fantasmes grandiloquents des humains, il en extirpe les désillusions. Un peu à la manière d’un Mark Zuckerberg ou d’un Steve Jobs, génies coincés dans leur égocentrisme, Molly Bloom s’enivre de son pouvoir, dont elle goûte généreusement avant d’y mettre fin, presque à temps.

Partie réussie pour le scénariste de Steve Jobs qui, malgré quelques facilités de réalisation, offre un biopic-drame-thriller jouissif, au casting remarquable, Jessica Chastain est au sommet, Idris Elba crève l’écran (notamment dans la scène de son monologue écrit avec un soin particulier).

Pauline Mallet

prometteur
Note des lecteurs5 Notes
le grand jeu - LE GRAND JEU, ou l'antithèse du Loup de Wall Street - Critique
Titre original : Molly's Game
Réalisation :Aaron Sorkin
Scénario :Aaron Sorkin
Acteurs principaux : Jessica Chastain, Idris Elba, Kevin Costner et Michael Cera
Date de sortie : 3 Janvier 2018
Durée : 2h20min

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DUCHENE JEAN
DUCHENE JEAN
Invité.e
19 février 2018 9 h 49 min

pas d’accord, le film en mettant en avant une explication psychologique (relations père/fille) aux motivations de Molly évacue toute perspective politique. La critique de ce milieu superficiel et vain reste anecdotique et déploie une véritable fascination pour ce monde. La réconciliation du père et de la fille est indécente dans le plaidoyer du père pour avoir éduqué des « winners ». Quand à la véritable histoire de Molly Bloom on peut être sceptique sur les motivations qu’elle avance. Il s’agit de son point de vue et elle peut passer sous silence un certain nombre de faits et de noms, non par éthique mais tout simplement pour se protéger.

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