LES VEDETTES
Crédits : Légende Films - Blagbuster - Gaumont - TF1 Films Productions - C2M Productions

LES VEDETTES, feel good movie doux-amer – Critique

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Le passage du petit au grand écran est difficile pour tous les créateurs et c’est encore plus le cas lors qu’il s’agit d’humoristes. Le Palmashow, culturisme duo d’humoristes télé et web – référence de l’humour de toute une génération – revient avec LES VEDETTES.

Ils avaient déjà sauté le pas en 2016 avec La Folle Histoire de Max et Léon. Cette comédie se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale avait été un exercice convaincant de premier film, prometteur et pas raté pour un sou. Même si le film était plus proche de l’agrégat de sketchs que de l’unité filmique, le duo et leur réalisateur de toujours Jonathan Barré avaient validé avec une relative aisance ce délicat tournant dans leurs carrières. 

C’est avec LES VEDETTES sorti ce 9 février que Grégoire Ludig et David Marsais remettent le couvert. Un film plus ambitieux que le précédent, l’histoire de deux collègues asociaux se retrouvant tantôt coqueluches tantôt mouton noir de la très versatile sphère des jeux télé. Plus ambitieux que le précédent film, plus affirmé aussi techniquement, les comédiens semblent savoir où ils vont pendant l’ensemble de l’œuvre amenant parfois les spectateurs dans des positions délicates entre empathie et moquerie.

C’est avec un tact assuré et surtout une grande bienveillance pour leurs deux personnages : Stéphane, employé du mois qui cherche à joindre les deux bout et Daniel, employé négligé et rockeur invétéré. Ce qui les réunira c’est avant tout un espoir, celui de régler tous leurs problèmes grâce aux jeux télé, ils seront confrontés au cynisme des producteurs et à la vanité télévisuelle. Présentés avec hardiesse comme « sans recul » par les grands de la télé ils seront happés par un système qu’ils ne comprennent pas et qu’ils pensent pourtant maîtriser.

La télé dans tous ses états

LES VEDETTES fait une satire de la télévision et de la culture de l’image, mais dressé en filigrane un portrait de la France périphérique que d’aucuns malvenus traiteraient de « France des Gilets Jaunes ». Cette société là qui vit en province, dans des petits lotissements, qui compte les euros et qui s’engueule avec son voisin n’est que très peu représentée dans le cinéma français comme dans ce film. Évidemment, les auteurs tombent dans certains écueils inhérents au genre et à son écriture mais reste toujours juste dans ce qu’il veut montrer. Derrière le comique de ces deux personnages rêveurs, il y a aussi leur souffrance et leurs doutes. C’est un film très actuel qui traite d’une grande quantité de sujets du rapport à l’argent à celui de la famille, du chômage et la pauvreté au milieu ultra-cocaïné du PAF (acronyme au combien suranné s’il en est). 

LES VEDETTES
Crédits : Légende Films – Blagbuster – Gaumont – TF1 Films Productions – C2M Productions

Là où LES VEDETTES arrive en 1h30 à faire d’une comédie efficace un film social parfois grinçant, l’intrigue est automatiquement centrée autour des deux héros au détriment du développement de celles et ceux qui les entourent. Le film semble vouloir ratisser toujours plus large en occultant parfois l’essentiel : les liens entre les personnages. Loin de dire que cela n’est pas travaillé, la relation entre les deux héros est quelquefois rapidement exposée. De même, le film peut un peu trop pencher dans le manichéisme entre la pureté populaire et la dégueulasserie des antagonistes : le producteur et le présentateur, sorte de mélange entre Nagui et Nabilla. 

La nouvelle génération de la comédie française

Nonobstant ces petits défauts, le Palmashow fait du bien à la comédie française avec un propos intelligent et un humour qui marche. Que cela fait du bien de voir ce genre de production quand on se tape une nouvelle comédie raciste avec Clavier et Abitan ou un énième film d’auteur hommage à une autrice décédée qui a bouleversé la vie d’un tel ou d’un tel. Le cinéma français a besoin de films comme LES VEDETTES qui cherchent à porter une vision neuve sur le show-business mais aussi une nouvelle manière de faire de la comédie. 

LES VEDETTES
MANDIBULES, Quentin Dupieux – Crédits : Memento Films Distribution

Après un passage dans le cinéma de Quentin Dupieux en 2021 avec le très bon Mandibules aux côtés notamment d’Adèle Exarchopoulos, les deux compères avaient montré qu’ils pouvaient aussi verser dans l’absurde avec un jeu très juste et en nuance malgré leurs rôles de deux simples d’esprits à côté de leurs pompes. Porté par un concept simple mais extrêmement bien exécuté par le réalisateur et ses acteurs, Mandibules avaient fait passer Ludig et Marsais dans une nouvelle dimension, celle des acteurs de grands talents pouvant légitimement faire du cinéma.

Cette incursion dans le pastiche télévisuel est aussi à mettre en parallèle avec leur série Cannes Off en 2017, parodies hilarantes du festival de Cannes et des personnalités si singulières qui habitent le monde du cinéma. De Mélanie Laurent à Xavier Dolan en passant par les frères Dardenne et Kechiche, cette série de sketchs ont prouvé – s’il le fallait encore – le talent des comédiens pour le détournement des codes audiovisuels. C’est sur la télévision qu’ils font ici leurs armes avec un jeu peut être moins convaincant que dans Mandibules du fait d’une écriture plus superficielle mais toujours avec beaucoup de talent. Notons la qualité de la chanson qui suit le duo de personnages qui rentre dans la tête et qui est à la fois drôle et touchante.

Avec des personnages attachants, deux comédiens de qualité et une histoire assez profonde, le Palmashow semble se renouveler tout en réussissant à garder l’essence de ce qui faisait leur humour et leur particularité. Un duo définitivement iconique qui sait se réinventer et s’adapter, quel plaisir.

Etienne Cherchour

Titre original : Les Vedettes
Réalisation : Jonathan Barré
Scénario : Grégoire Ludig, David Marsais, Jonathan Barré
Acteurs principaux : Grégoire Ludig, David Marsais, Julien Pestel
Date de sortie : 9 février 2022
Durée : 1h42min
3.5
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