Cet apologue apocalyptique axé sur la survie d’un père et de sa fille dans un futur ténébreux avait tout pour plaire. Malheureusement, Casey Affleck ne semble pas aussi à l’aise en tant que réalisateur et certaines longueurs viennent ternir un ensemble trop hétéroclite.
Tout commence pourtant plutôt bien : alors qu’il raconte à sa fille l’épisode du Déluge dans la Bible, Casey Affleck explique en filigrane les droits dont dispose le narrateur d’une histoire, lui qui ajoute de nombreux éléments à son récit afin de le rendre plus attrayant. Cette parabole a tout d’un sous-entendu laissant présager un film novateur et peu avare en prises de risque. Alors que Mar, jeune adolescente, met en doute ses dires, le père endeuillé se justifie au terme d’un débat stimulant donnant à voir le caractère bien trempé du duo.
Il est navrant de constater que cette habile introduction n’avait rien de prémonitoire : LIGHT OF MY LIFE se contente par la suite de répondre au cahier des charges du film dystopique lambda, où la traditionnelle ode à l’union familiale se calque platement sur des séquences d’action froides et archétypales. L’idée initiale, la disparition de toute population féminine, n’est jamais réellement exploitée. On se lasse vite des échanges entre les deux personnages tant ceux-ci manquent de profondeur et les étapes du voyage n’alimentent pas à bon escient les enjeux autour de l’intrigue. Casey Affleck se contente de jouer une pâle copie de son rôle dans Manchester by the sea. Les flash-backs sur la disparition de sa femme utilisés avec excès rappellent la séquence du commissariat dans le film de Kenneth Lonergan pour un résultat similaire : la construction d’un modèle de vertu luttant contre les séquelles d’un obscur passé et questionnant perpétuellement son monde.
Malheureusement, le cinéma indépendant américain n’est pas en reste avec ce type de film. La Route (2009) ou Take Shelter (2011) sont encore dans les mémoires et présentent les mêmes enjeux dans des contextes quasi similaires. Inutile de traiter à nouveau de cette figure paternelle prophétisant l’apocalypse ou s’opposant à cette dernière tant cela a déjà été fait, avec succès. Surtout, les péripétie ne tendent pas à faire évoluer les personnages : du vol indécent d’une voiture à l’affrontement d’opposants dénués d’identités et simples antagonistes, rien ne parvient à réellement susciter l’empathie pour Mar et son père. C’est avec amertume et regrets qu’on parvient à un épilogue prévisible d’un film oubliable, malgré une belle exploitation du décor naturel et quelques séquences où une tension sous-jacente est habilement pensée.
Emeric
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• Réalisation : Casey Affleck
• Scénario : Casey Affleck
• Acteurs principaux : Casey Affleck, Anna Pniowsky, Elisabeth Moss
• Date de sortie : 12 août 2020
• Durée : 1h59min