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Crédits : Les Films du Kiosque - Pathé Films - Sofinergie Capac - TF1 Films Productions - Fils Prod - Hugar Prod - Umedia

MASCARADE dévoile l’arnaque Nicolas Bedos – Critique

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Encore présent cette année sur la Croisette, Nicolas Bedos en a profité pour présenter MASCARADE, un long-métrage aussi ennuyeux et cliché que son précédent. 

En 2017, Nicolas Bedos réussissait à nous séduire avec son premier film, Monsieur et Madame Adelman. Le réalisateur, que l’on n’imaginait pas aussi sensible et talentueux, signait à l’époque un premier film remarquable, riche d’un esthétisme absolu. Deux années plus tard, avec La Belle Époque, un nouveau long-métrage porté cette fois-ci par Daniel Auteuil, Doria Tillier et Guillaume Canet, le cinéaste entrait définitivement dans la cour des grands en remportant le César du meilleur scénario original. Aurait-on donc injustement sous-estimé cet artiste, plus habitué aux coups d’éclat qu’aux récompenses artistiques ? 

Fort heureusement, la réponse à cette question est non. En 2021, Nicolas Bedos nous a rassuré en s’assimilant à la figure d’Hubert Bonisseur de La Bath (OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire). En alter-ego du cinéaste, OSS 117 a profité de son aventure en Afrique pour pourfendre une soi-disante « bien-pensance » grâce à de nombreuses répliques politiquement incorrectes distillées tout au long du récit. Le film, bien que présenté sur la Croisette, vint confirmer l’illusion qu’était en réalité le talent de réalisation de Nicolas Bedos. Et un an plus tard, à nouveau au Festival de Cannes, le cinéaste vient corroborer que son génie n’était en réalité qu’une grande… MASCARADE.

Photo du film MASCARADE
Crédits : Les Films du Kiosque – Pathé Films – Sofinergie Capac – TF1 Films Productions – Fils Prod – Hugar Prod – Umedia

Inspiré par les grandes comédies noires qui lui ont donné envie de faire ce métier, Nicolas Bedos propose avec MASCARADE un film d’arnaque porté par une femme fatale. Sur la Côte d’Azur, un jeune gigolo (Pierre Niney) tombe un jour sous le charme d’une sublime arnaqueuse (Marine Vacth). Ensemble, ils décident alors de monter un plan machiavélique pour s’offrir une vie de rêve, quitte à sacrifier une ancienne star du cinéma (Isabelle Adjani) et un innocent agent immobilier (François Cluzet). Cette idylle, s’épanouissant sous le soleil, aurait pu donner naissance à une critique sociale virulente à la Ruben Östlund, mais c’était sans compter sur la misogynie latente de Nicolas Bedos.

Si les thèmes de lutte des classes et d’égalité des sexes sont également présents, Nicolas Bedos est loin d’avoir le talent de Ruben Östlund. Marine Vacht, qui devait interpréter une femme fatale devant la caméra du réalisateur et scénariste, se retrouve à ainsi incarner une version misogyne du personnage d’Amy Dunne de Gone Girl1David Fincher, 2012. Manipulatrice et égoïste, la jeune femme semble cristalliser toutes les angoisses des hommes qui sentent leur virilité vaciller dans un monde post-MeToo. Entre ses fausses accusations de violence conjugale et sa soi-disante arnaque à la pension alimentaire, Margot incarne à elle seule tous les fantasmes des incel. Stéréotypé et profondément dépourvu d’intérêt, le personnage semble ainsi tout droit sorti d’un roman masculiniste. Fort heureusement, elle n’est pas la seule dans cette situation, puisque Isabelle Adjani incarne également une caricature. Si Norma Desmond (Gloria Swanson) pouvait être attachante dans Boulevard du crépuscule, Martha est quant à elle au mieux exubérante, au pire exaspérante.

Photo du film MASCARADE
Crédits : Les Films du Kiosque – Pathé Films – Sofinergie Capac – TF1 Films Productions – Fils Prod – Hugar Prod – Umedia

Si la direction artistique reste soignée, on supporte avec difficulté le voyeurisme de la caméra qui semble être uniquement là pour permettre au réalisateur de « faire un film pour mettre en scène [son] alter-ego se faire masturber par une actrice [qu’il rêve] de pécho » comme le souligne à juste titre la journaliste Margaux Baralon. La première interaction entre Pierre Niney et Marine Vacth semble ainsi plutôt avoir été écrite par un auteur de films pour adultes plutôt que par un scénariste césarisé. 

Le scénario ne repose finalement que sur un complot selon lequel le monde n’est rempli que de femmes sans cœur prêtes à tout (y compris à mentir sur des violences conjugales et à s’automutiler) pour abuser de la naïveté des hommes. Sexiste, MASCARADE n’offre à ses personnages féminins que deux possibilités : être une garce ou être une manipulatrice. La seule chose à sauver de ce film reste son casting qui réussit à briller malgré la pauvreté des personnages. MASCARADE vient ainsi confirmer que la véritable arnaque est celle de Nicolas Bedos qui a réussi à nous faire croire pendant quelques années qu’il avait quelque chose d’intéressant à dire. 

Sarah Cerange

Note des lecteurs16 Notes
Titre original : Mascarade
Réalisation : Nicolas Bedos
Acteurs : Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet, Marine Vacth, Emmanuelle Devos, Laura morante
Date de sortie : 1er novembre 2022
Durée : 134 minutes
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Rédactrice

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Note finale

  1. oups,une femme à chat (heu pardon à Alpaga: mais est bien moral…ont-ils donc signer pour que leur laine finisse en doudoune ?)qui s’improvise cinéphile…qui comprend les caricatures lorsqu’elles touchent aux personnages mais pas lorsqu’elles s’invitent dans l’intrigue (cela devient sexiste); un peu bipolaire peut être ? Cordialement