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NEVADA : Matthias Schoenaerts murmure à l’oreille des chevaux – Critique

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Pour son premier long-métrage derrière la caméra, Laure de Clermont-Tonnerre donne vie à une histoire pleine d’espoir et de sauvagerie. Entre coercition et pardon, un homme et un cheval se battent côte à côte afin de gagner leur liberté. Un résultat simple, mais efficace.

Roman Coleman est incarcéré depuis douze ans au Nevada. En isolement, il ne va pas tarder à être réintégré en détention générale. Mais le prisonnier, incarné magnifiquement par Matthias Schoenaerts est déjà enfermé depuis tant de temps qu’il s’est cloîtré dans une prison invisible : celle de son mutisme. Parce qu’il n’est « pas bon avec les autres », il va participer à un programme de réhabilitation avec des mustangs. Pendant trois mois, il va devoir dresser un cheval sauvage avant que l’animal ne soit vendu aux enchères.

Entre film de prison et western, Laure de Clermont-Tonnerre réalise un long-métrage époustouflant où deux êtres sauvages et captifs vont se sauver mutuellement. Le résultat de cinq ans de travail acharné : NEVADA est inspiré des programmes de réhabilitation basés à Carson City. Pour ce tournage, la réalisatrice, depuis toujours fascinée par les prisons et leur côté coercitif, a visité plusieurs prisons avec la directrice d’un département de psychiatrie. Présenté à Sundance en 2015, le scénario devient le protégé de Robert Redford : le fondateur de ce mythique festival mais aussi le premier homme à avoir murmuré à l’oreille des chevaux.Photo du film NEVADAIl y a deux êtres sauvages dans NEVADA : un homme vêtu d’un uniforme orange et un cheval, capturé parmi ses 100 000 congénères qui galopent librement dans les plaines des États-Unis. Un générique de début informe le spectateur que des milliers de mustangs sauvages errent toujours dans l’Ouest américain. Mais cette population est désormais incontrôlable et les animaux sont capturés ou euthanasiés afin d’enrayer leur reproduction.

Avant même que le film ne commence, il est donc déjà question de dernière chance. Celle d’un cheval sauvage qui n’aura d’autres choix que d’accepter d’être dressé au risque de mourir et celle d’un homme qui doit apprendre à revivre afin de ne pas passer sa vie enfermé. Les hommes vont adoucir les chevaux, et à leur tour, ces derniers vont permettre aux détenus de se libérer, physiquement et émotionnellement. Ou du moins, c’est l’idée audacieuse et porteuse d’espoir que souhaite transmettre ce long-métrage.

« Le but du programme c’est d’apprendre à dresser des chevaux sauvages et au bout du compte notre réhabilitation. »

Aux grandes plaines à la luminosité poétique s’opposent les cellules sombres et désespérées de la prison. Alors que le déséquilibre fait la loi entre ces deux mondes, l’harmonie va peu à peu naître avec la relation des détenus à leurs chevaux. En effet, la véritable puissance de NEVADA reste l’interprétation touchante de Matthias Schoenaerts. Si Variety évoque « une version de Dwayne Johnson lobotomisé dans le couloir de la mort », l’acteur flamand réussit ici à donner de la profondeur malgré le peu de dialogue de son personnage.

Enfermé sur lui-même, Roman Coleman semble s’être habitué à sa condition d’homme emprisonné mais surtout condamné. Comme si Sigmund Freud avait participé à l’écriture du scénario, le spectateur apprend tard ce que Roman Coleman a fait pour se retrouver en prison. En effet, le détenu n’en a pas encore conscience lui-même et l’a refoulé au plus profond de son être afin de rendre son existence supportable. Connu pour ses rôles bruts, l’interprète parvient malgré tout à créer un dialogue invisible entre lui et l’animal. En dressant son cheval, l’homme qui s’est enfermé dans son mutisme va progressivement apprendre à murmurer à l’oreille de son cheval…Photo du film NEVADASi les comparaisons avec les films de chevaux ne manquent pas (The Rider, Prince Noir, Pur Sang…), le long-métrage de Laure de Clermont-Tonnerre embrasse la simplicité et la sincérité sans aucune hésitation. Si le scénario ne laisse pas beaucoup de place à la surprise, la performance brute de Matthias Schoenaerts et les plans de caméra renversent la balance. Le cheval, comme l’homme, vit une résurrection sauvage dans un message plein d’espoir sur le milieu carcéral et la réinsertion.

Sarah Cerange

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Titre original : The Mustang
Réalisation : Laure de Clermont-Tonnerre
Production : Robert Redford, Alain Goldman
Acteurs principaux : Matthias Schoenaerts, Jason Mitchell, Bruce Dern
Date de sortie : 19 juin 2019
Durée : 96 min
2.5
Touchant

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