mes jours de gloire

MES JOURS DE GLOIRE, la naissance de l’élan – Critique

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Pour son premier film, Antoine de Bary donne à voir le parcours d’un jeune comédien qui a du mal à faire face à sa réalité et à ses proches, et fait passer subtilement le spectateur du rire aux larmes. Avec le toujours formidable Vincent Lacoste.

Le réalisateur Antoine de Bary s’était essayé au court métrage avec L’Enfance d’un chef, qui donnait déjà à voir Vincent Lacoste interprétant un acteur vivant seul pour la première fois de sa vie. Le personnage de son premier long métrage MES JOURS DE GLOIRE est bien plus creusé et intéressant que celui du court, et son chemin pour aller à sa propre rencontre, poignant. Adrien, c’est toujours Vincent Lacoste, qui donne à voir l’étendue de sa brillante palette de jeu dans la peau de ce jeune homme un peu flou, à la croisée des chemins de son destin. L’acteur prête remarquablement ses traits, sa silhouette, son visage, son sourire, ses mimiques, ses éclats de rire, ses yeux surpris ou encore sa bouche narquoise à Adrien.

Photo du film MES JOURS DE GLOIRE
Adrien erre sans but précis et se retrouve casté, à cause d’une vague ressemblance, dans le rôle du Général de Gaulle jeune. C’est d’ailleurs l’occasion pour Antoine de Bary et son coscénariste Elias Belkeddar, de dresser moult parallèles subtils entre la jeunesse d’aujourdhui, soumise à tellement de possibilités qu’elle ne sait que choisir et celle d’hier, prête à s’engager pour la patrie et de grands idéaux. Une forme de nombrilisme contemporain à l’encontre des grandes causes à défendre de l’époque. Une jeunesse indécise face à toutes les libertés chèrement acquises par la jeunesse d’hier.

Ce qui est très intéressant dans MES JOURS DE GLOIRE, c’est le portrait tout en nuances d’Adrien, et la formidable empathie qu’il suscite auprès du spectateur. Pour le jeune homme, rien n’est grave et il plaisante d’ailleurs de tout et tout le temps, n’hésitant pas à mentir quand ça l’arrange. Un jeune homme sans allant, sans élan. Observateur de sa propre vie, il sera bientôt pris à son propre piège du détachement. Un peu comme une balle de flipper qui n’est pas à la source de son impulsion, il oscille entre son statut de l’ex enfant star du cinéma avec un unique rôle qu’il n’a pas su faire évoluer et celui de l’adulte qui n’a pas les épaules encore assez solides pour porter ses responsabilités.

Grâce à un personnage très attachant sans allant ni élan, MES JOURS DE GLOIRE se révèle un film brillant qui interroge les mutations des notions de famille, d’intimité et d’avenir dans la société contemporaine.

Antoine de Bary poursuit d’ailleurs habilement la symbolique du costume trop grand de l’adulte, au même titre que celui du Général de Gaulle est trop large pour l’acteur. Et voir Adrien se balader en caleçon de répétitions en essayages, acquiesçant aux demandes complètement barrées du metteur en scène allemand, est jubilatoire. D’autant que l’on peut également y voir une réflexion sur le monde ô combien incertain des comédiens.

Car l’une des brillantes démonstrations du film, c’est que dans la vie, il ne s’agit pas de vouloir à tout prix entrer dans le costume d’un autre ou de faire semblant qu’il sied parfaitement à sa corpulence. Il faut surtout tailler son propre costume, l’ajuster et, de fait, trouver sa juste place au monde. Mais encore faut-il le pouvoir, car même si Adrien n’est pas du genre à se plaindre, on ne peut pas dire que son entourage s’intéresse à sa vie et accepte de jouer le rôle habituel de réceptacle des émotions d’un fils.

Photo du film MES JOURS DE GLOIRE

Le film aborde ainsi, d’une façon plutôt originale, les relations intra familiales, le poids des non- dits mais aussi celui de la non-écoute. Car chacun est empêtré dans ses propres problèmes à gérer et n’a pas de temps ou d’énergie à consacrer à ce grand dadais, qui a l’air d’aller bien. Sa mère psychanalyste (Emmanuelle Devos) prend sa propre vie en main et semble plus préoccupée par l’état de santé de son chien Robert que de celui de son fils. Christophe Lambert est un père dépassé, qui noie son présent dans l’alcool du matin au soir. Quant aux efforts d’Adrien pour échanger sur des choses intimes avec ses deux potes ou pour séduire la jeune lycéenne Léa (Noée Abita), ils sont franchement pathétiques. Seul le discret et dévoué vétérinaire (Marc Fraize) est à même de comprendre parfaitement ce qu’il se passe dans cette famille.

Car derrière l’apparence badine et le genre flegmatique que se donne Adrien, se cache un homme profondément seul. Qui s’efface de sa propre vie sans parvenir à s’ancrer dans la réalité, et dont la pluie qu’il ne cesse d’affronter est la parfaite métaphore de son état d’esprit maussade sans espoir d’éclaircie. Au travers des regards et des réactions d’Adrien, le réalisateur s’approche si près de sa solitude, que le spectateur ne peut faire autrement que de s’en imprégner et la ressentir lui-même – ce qui n’est pas si fréquent au cinéma. Et par le malin biais d’une somatisation drôlissime de son mal-être, le film réussit à mener le spectateur sur le chemin du questionnement d’Adrien à propos du sens de sa vie. Car, on le sait bien, esprit et corps sont étroitement liés. Grâce à un personnage très attachant, MES JOURS DE GLOIRE se révèle donc un film brillant qui interroge les mutations des notions de famille, d’intimité et d’avenir dans une société contemporaine dans laquelle messages, rêves et places de chacun se brouillent inévitablement.

Notre entretien avec Antoine de Bary et Vincent Lacoste

Sylvie-Noëlle

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Titre original : Mes jours de gloire
Réalisation : Antoine de Bary
Scénario : Antoine de Bary, Elias Belkeddar
Acteurs principaux : Vincent Lacoste, Emmanuelle Devos, Christophe Lambert
Date de sortie : 26 février 2020
Durée : 1h39 min
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