Alors que le film avait tout pour s’imposer comme un blockbuster d’envergure dans les salles, la crise du Covid-19 a bouleversé les plans de Disney qui privilégie désormais les sorties sur sa plateforme de streaming. Un choix finalement pas si étonnant pour ce remake insipide d’un dessin animé culte.
Qu’y avait-il à attendre de MULAN, nouvelle adaptation en prise de vue réelle du dessin animé éponyme ? Au contraire du Roi Lion, qui reprenait plan par plan son modèle, cette nouvelle modernisation se détache totalement de sa matrice et refuse complètement le fan-service. Bien sûr, l’intrigue reste la même : Mulan, jeune villageoise et fille d’un grand guerrier, attend son heure pour rejoindre l’armée de l’empereur et vaincre l’envahisseur dans une Chine médiévale. Une à une, le film coche toutes les cases du récit épique, se calquant maladroitement sur n’importe quelle grosse production de l’âge d’or du cinéma hongkongais, d’Ang Lee à Tsui Hark.
Ainsi, MULAN prétend dès son introduction suivre les grandes étapes du récit narré par la légende éponyme. Le défi est inattendu et on espère que le film jouera au moins son rôle de divertissement saisonnier. On déchante pourtant vite devant l’apathie résultant de cet étrange produit faussement maniériste. L’échec artistique est total, et ce dès l’instant où apparaît Xianniang, alliée des envahisseurs, dont les transformations rappellent les plus belles heures d’un téléfilm de Noël sur M6. Difficile de s’intéresser à ces avatars dénués de profondeur, qui errent dans des décors beaucoup trop conventionnels. On en vient même, comme les fans, à regretter l’absence de Mushu, transformé en phénix volant un peu partout, souvent nulle part.
Si on sait gré à l’inconnue Niki Caro de tenter d’offrir autre chose qu’une énième copie fastidieuse d’un classique des studios, on ne peut qu’être consternés devant la mollesse de ce mauvais assortiment de couleurs cherchant à appâter le public asiatique. Du village de l’héroïne à la mièvrerie des antagonistes, tout sonne mal. Le film tombe même dans le grotesque lorsque Mulan se met à manier la force à la manière d’un Jedi, avant de former une équipe d’avengers affrontant une armée pour sauver l’empereur. Peut-être peut-on y voir une volonté de railler les infamies commises avec la dernière trilogie Star Wars ?
Dans tous les cas, cet immense ratage n’est que le fruit d’une politique vénale menée d’une main de maître par un studio en perdition artistique. Au lieu de diriger ses spectateurs vers la diversité de productions injustement méconnues, Disney en trahit les codes et conforte sa logique redondante de surconsommation, sans aucune prise de risque. Netflix, malgré ses failles, fait mieux que résister face à ce rival, qui, à l’image de ses productions, fonctionne sans aucun raisonnement censé. Hormis The Mandalorian, qui peut citer une création originale digne de ce nom sur Disney + ?
Emeric
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• Réalisation : Niki Caro
• Scénario : Niki Caro
• Acteurs principaux : Liu Yifei, Donnie Yen, Gong Li, Jet Li, Jason Scott Lee, Yoson An, Tzi Ma, Ron Yuan
• Date de sortie : 04 décembre 2020
• Durée : 1h55min