Le dernier film de Guillermo Del Toro (Le Labyrinthe de Pan, La Forme de l’Eau) avec Bradley Cooper, Cate Blanchett et Rooney Mara remet le film noir au goût du jour.
Lorsque la première scène d’un film montre un homme brûlant un cadavre, le ton est donné. Guillermo Del Toro, habitué à la réalisation de films de fantasy, s’essaie avec brio à un nouveau registre. Stan Carlisle, après avoir fait disparaître un corps, se fait employer dans une fête foraine ambulante. Il tombe amoureux de Molly et, ayant appris l’art de la fausse télépathie, ils décident de partir ensemble.
Un film noir réussi
Guillermo Del Toro a expliqué s’être inspiré de longs-métrages des années 40-50 pour réaliser NIGHTMARE ALLEY. Les « films noirs » sont des drames présentant des personnages confrontés à leurs angoisses intérieures dans un monde confus, sans morale. Ces films ont pour thématiques récurrentes la femme fatale, le destin, la justice, la trahison…
En réunissant ici un casting parfait (Bradley Cooper, Cate Blanchett, Rooney Mara, Willem Dafoe), le film nous emmène dans les recoins sombres de l’âme. L’immoralité est reine, le mensonge est vital. Plus Stan s’enrichit et fréquente le pouvoir, plus son humanité s’efface. Le spectateur est pris dans une réflexion sur quatre perversions de l’esprit. En effet, le protagoniste, au fur et à mesure de sa montée dans l’échelle sociale, s’enferme dans un cercle vicieux composé d’orgueil, d’avarice, de luxure et de colère et n’est plus qu’un simple spectateur de sa chute ; la dernière demi-heure est irrespirable. Cette conclusion, violente et dérangeante, est inéluctable au vu de la tournure des événements et la dernière phrase de Stan, « I was born for it », résonne comme un lourd verdict : on ne peut fuir son destin.
Une réalisation prenante
Sans surprises, Guillermo Del Toro (oscarisé doublement en 2018 pour La Forme de l’Eau) maîtrise parfaitement sa réalisation. Il nous plonge (et nous enferme) dans une ambiance extrêmement sombre et mortifère, grâce à des décors souvent désolés, froids, pluvieux. Comme à son habitude, il met un soin particulier à l’ambiance visuelle : il reste fidèle à l’esthétique du film noir en la couplant à son appétence pour les visuels quasi-fantastiques et horrifiques.
C’est d’ailleurs dans ces scènes que Guillermo Del Toro retrouve toute sa virtuosité. La direction d’acteurs est marquante, Bradley Cooper et Cate Blanchett sont excellents. Le spectateur est transporté entre misère et richesse (matérielle et spirituelle) avec une facilité déconcertante ; on passe d’une pluie torrentielle à une neige légère, d’une terre boueuse à un carrelage italien brillant, d’une roulotte inhospitalière à un palace new-yorkais sans complexes : la magie du cinéma… et d’une grande réalisation.
Thibault Brosset
Cet article a été publié suite à une contribution d’un·e rédacteur·rice invité·e.
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• Réalisation : Guillermo del Toro
• Scénario : Guillermo del Toro, William Lindsay Gresham
• Acteurs principaux : Bradley Cooper, Cate Blanchett, Toni Collette
• Date de sortie : 19 janvier 2022
• Durée : 2h31min