Photo-du-film-Noé

[critique] NOÉ

Mise en scène
6
Scénario
4
Casting
6
Photographie
7.5
Musique
5
5.7

[dropcap size=small]L[/dropcap]e nom de Darren Aronofsky ne vous dit peut-être rien, si vous ne faites pas partie des plus cinéphiles des lecteurs et que pour vous le réalisateur n’est qu’un nom parmi d’autres au générique. Par contre si je vous dis que c’est l’auteur de REQUIEM FOR A DREAM là ça peut faire tilt, tant ce film est devenu le prototype du film culte (personne ne l’a vu en salles, tout le monde le met dans son top 10 maintenant). Le genre de film qui laisse une trace indélébile comme c’était le cas d’ailleurs de ses trois premiers films, faisant d’Aronofsky le favori dans la course au titre aussi prestigieux que ridicule de « nouveau Kubrick ». PI, son premier long, suivait la quête d’un mathématicien persuadé que le nombre Pi est à la base de tout et faisait littéralement mal à la tête, signe qu’il était réussi. Le troisième, THE FOUNTAIN, peut-être le plus méconnu, est pourtant son chef d’œuvre, empreint de mystique mais sans céder à l’hystérie ou la mièvrerie religieuses.

Il enchaina ensuite avec THE WRESTLER, dispensable resucée des frères Dardenne qui brille néanmoins par sa direction d’acteurs (Mickey Rourke en tête) puis BLACK SWAN, qui, bien qu’un peu sur-signifiant, réussit l’exploit de réunir succès public et critique, tous deux bien mérités. C’est donc peu dire qu’on attendait son nouvel opus, maintes fois repoussé, ce qui n’est jamais bon signe, sauf si c’est pour attendre l’amélioration de la technique, raison pouvant être invoquée dans ce genre de projet pharaonique. N’étant pas très porté sur la Bible ni sur le côté bourrin de la bande-annonce, j’y allais craintif mais à la fois confiant dans le talent d’Aronofsky.

Photo (2) du film Noé

L’équipe technique est composée de fidèles, qui ne sont évidemment pas étrangers à la grande qualité de ses films: le compositeur Clint Mansell entouré du Kronos Quartet, déjà coupables de l’inoubliable musique de REQUIEM FOR A DREAM; Matthew Libatique, chef opérateur de tous les films d’Aronofsky (sauf THE WRESTLER, le plus laid, comme par hasard) dont la photo sublime les paysages islandais ou encore Jennifer Connelly côté casting. Russell Crowe avait déjà été approché pour THE FOUNTAIN, qu’il avait refusé car… il n’avait rien compris au script! Pauvre bougre, il a dû trouver son compte ici, avec ce scénario d’une simplicité… biblique.

« Au final, le film déroute tout le monde : les musulmans l’interdisent, les chrétiens crient à la trahison, les non-croyants s’ennuient devant une énième variation du sacrifice judéo-chrétien de l’homme qui doit être puni pour ses méfaits. »

C’est le principal reproche qu’on peut faire au film. Si côté visuel, tout est d’une grande maitrise, en revanche côté scénario c’est le désert plat. Tout le monde connait l’histoire de l’arche de Noé, qui recueillait tous les animaux avant le déluge. On connait un peu moins les tenants et aboutissants de l’histoire (c’était au moins mon cas). On découvre devant le film que c’est peut-être que le reste n’en vaut pas la peine. On assiste à la fabrication de l’arche pendant une bonne heure, entrecoupée de scènes de bataille entre Russell Gladiator et des hordes de sauvages qui veulent embarquer dans l’arche mais qui ne le méritent pas car ce sont des hommes et que leurs péchés les condamnent.

Au bout d’1h30 le déluge s’abat enfin et il ne reste plus que quelques personnages dans l’arche ainsi que les animaux, étrangement absents de l’écran. Tout le côté bestiaire est d’ailleurs bâclé, leur arrivée n’étant montrée que par des grands plans larges gonflés numériquement et ensuite plus rien. Dans la salle tout le monde regarde l’heure, signe que le film aurait pu (ou dû) se finir là. Or il reste une bonne demie-heure (et qui en parait plus) en huis clos où on nous rabâche que l’humanité doit mourir car elle est mauvaise. Cette histoire simplsiste ne méritait peut-être pas d’être racontée, en tout cas pas en dehors des églises ou pas dans un film de 2h18.

L’illustration trop littérale de certains passages de la Bible laisse une impression de film créationniste. Pourtant Aronofsky s’en défend et déclare même être non-croyant. Au final, le film déroute tout le monde: les musulmans l’interdisent car il représente un prophète, les chrétiens crient à la trahison et ne tolèrent pas les quelques écarts fantastiques, les autres, les non-croyants, les mécréants (dont moi) s’ennuient devant cette énième variation du sacrifice judéo-chrétien: l’homme doit être puni pour ses méfaits.

[divider]CASTING[/divider]

Titre original : Noah
Réalisation : Darren Aronofsky
Scénario : Darren Aronofsky, Ari Handel
Acteurs principaux : Russell Crowe, Jennifer Connelly, Emma Watson
Pays d’origine : USA
Sortie : 9 avril 2014
Durée : 2h18
Distributeur : Paramount Pictures
Synopsis : L’histoire de Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.

[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

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Mathilde
Mathilde
Invité.e
25 octobre 2020 16 h 49 min

La bible est avant tout et d’abord écrite en hébreu, tout le monde a son mot à dire sauf les détenteurs du livre sacré. Si vous savez lire en hébreu, il n’y a pas de punition pour Cain. C’est absolument l’inverse. « Celui qui tue Cain aura des comptes à rendre au setuple ». Pacte avec le créateur. Mais le texte originel a été tellement été plagié donc complètement amputé. A bon entendeur.

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