En compétition à Cannes. Truffaut, Godard et Rohmer s’invitent sur la Croisette ! « Hang out » avec les réalisateurs de la Nouvelle Vague, telle est la promesse du nouveau film de Richard Linklater. Une proposition pleine de vie, et sans doute l’un des plus beaux hommages rendus à ces icônes.
Les lumières s’éteignent. La salle est plongée dans le noir. On ne sait pas grand-chose de ce NOUVELLE VAGUE. Si ce n’est que Richard Linklater a choisi, pour son nouveau film, de raconter le tournage du classique À bout de souffle.
Puis l’écran s’allume. Le grain de l’image, le noir et blanc, le timbre si caractéristique des années 50, et même la police d’écriture à empattement ! L’espace d’un instant, on se croirait devant un film de Rohmer ou Truffaut. Car dans sa forme, NOUVELLE VAGUE tient autant du pastiche que de l’hommage.
Un Godard sublimé
Ça tombe bien : c’est justement l’une des figures majeures du mouvement que nous suivrons pendant 1h45. Godard. Ou plutôt, Jean-Luc. À l’époque, il est encore critique aux Cahiers du Cinéma et le seul, parmi ses confrères, à n’avoir jamais réalisé de film.
Les débuts d’un géant, incarné par la révélation Guillaume Marbeck. Lunettes noires, costume impeccable et cigarette au bec : son maniérisme amuse. Il campe un cinéaste nonchalant, lunatique, et surtout un tyran qui a donné bien des sueurs froides à Jean Seberg sur le plateau.
À ceci près que ce Godard est la version rêvée de Linklater. L’hommage qu’il rend à cette légende, en la sublimant. Mieux : en la rendant sympathique. Il est amusant de voir un cinéaste étranger s’emparer d’un mouvement artistique si français. Et pourtant, « il n’y avait qu’un américain qui pouvait faire ce film » a relaté la productrice Michèle Halberstadt lors de la conférence de presse. « Richard regarde la Nouvelle Vague avec amour, avec respect. Nous, on aurait été méprisants ou tâtillons en réalisant le film. »
Des dialogues vifs et brillants
Autour de lui, une galerie impressionnante de personnages. Rivette, Bresson, Varda… Des dizaines de figures sont introduites par une amusante mise en scène : face caméra, avec leurs noms inscrits en-dessous (toujours dans une police à empattement !). Toutefois, la majorité d’entre eux font plutôt office de caméos. Des clins d’œil à des personnalités bien connues, davantage comme prétexte à sourire que par réel intérêt narratif.
Comme ses modèles, NOUVELLE VAGUE est verbeux. Très verbeux. Rien d’étonnant quand Jean-Luc Godard en est le protagoniste, avec ses citations philosophiques à répétition. L’écriture des dialogues, pleine de vitalité, donne un rythme incroyable au film. Les répliques fusent, et l’on regarde ces légendes interagir avec un vrai plaisir.
S’il n’ira probablement pas chercher la Palme d’or, NOUVELLE VAGUE a toutefois toutes les chances de repartir avec un Prix du jury. Un fabuleux hommage aux plus grands, que l’on savoure comme un petit bonbon.
Lisa FAROU