on the rocks

ON THE ROCKS, un long spot publicitaire – Critique

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Rien à préserver de cette chronique narrant les tourments d’une jeune mère en proie à l’adultère. Les dialogues insignifiants se succèdent, dans un New-York idéalisé et faussement fascinant, où un Bill Murray circonstanciel catalyse l’attention.

ON THE ROCKS n’a rien à raconter, ou presque. Alors qu’elle vient de se marier, Laura doute de la fidélité de son mari et renoue avec son père pour apaiser ses craintes. Au bout de l’ennui, on constate que l’apologue sur la crise de la trentaine ne parvient pas à s’articuler avec la frivolité de l’enquête, et le déséquilibre narratif qui en résulte dérange. Le récit s’oriente vers les abîmes d’un quotidien lassant avant de laisser place à l’extravagance de Bill Murray, qui occupe toute l’espace. Dans sa zone de confort, l’acteur semble être en totale improvisation. Jarmusch lui avait ouvert une porte de sortie salvatrice dans The dead don’t die, où Murray jouait une toute autre partition, avec flegme et dérision. Son rôle ici l’enferme à nouveau dans cette zone de confort qui lui a valu d’être érigé sur un piédestal. On regrette tout de même le manque de folie de son personnage, cantonné au statut de simple séducteur tapageur.

notre critique de The Dead Don’t Die

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Dans son sillage, les personnages semblent empreints de mutisme et incapables de s’exprimer, enfermés dans une amère bulle dorée. Le manque d’éloquence de Laura est frappant puisqu’elle ne parvient jamais à exprimer ses doutes quant à la fidélité de son mari. Au contraire, le choix de la traque perverse au détriment de la discussion est un aveu d’échec. Il ne se passe donc rien durant le premier tiers du film, avant que Bill Murray entraîne sa fille dans une course-poursuite malsaine, emballage édulcoré dissimulant la faillite totale d’un cadeau empoisonné. Le duo aurait pu être le lieu d’échanges mondains sur les relations humaines, tels que Woody Allen savait les écrire dans sa période new-yorkaise. Il n’en est rien et le malaise que l’on ressent en voyant Marlon Wayans se faire espionner alors qu’il veut rendre « sa femme fière » (!) n’a d’égal que la facilité avec laquelle Bill Murray fuit un contrôle de police.

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Surtout, Sofia Coppola ne sonde jamais les profondeurs psychiques, pourtant bien réelles, de ce triptyque. Les personnages se cantonnent à des réflexes prévisibles, simple stéréotypes du milieu fréquenté. Ils édifient un mode de vie purement « bobo » jamais remis en question. La pauvre ambition du film se cristallise dans un épilogue ridicule et incompréhensible, où toute l’ambiguïté entourant le mari s’évapore aussi vite que Bill Murray disparaît. Les tourments de Laura partent en fumée, au prix d’une symbolique inadéquate sur la nécessité de s’émanciper du père. Cette emprise n’est soulignée qu’aux prémices de l’histoire et resurgit soudainement dans les derniers instants, alors que le schéma actanciel ne l’aborde jamais.

The Undoing, diffusé sur Orange, réussit à instaurer le doute dans cette haute sphère new-yorkaise où les archétypes de ce milieu sont mis à rude épreuve. Suivant le modèle d’un Suspicion d’Hitchcock, les doutes des personnages trouvent une répercussion chez le spectateur et la part d’implicite élaborée en filigrane se déploie subtilement, au-delà du champ. ON THE ROCKS souffre de partis pris trop évidents et s’appuie sur la « coolitude » faussement efficace de son acteur phare. Le spectateur se fait promener d’un rebondissement à l’autre, constatant l’échec de l’ensemble. La rigueur dont fait preuve Sofia Coppola révèle un maniérisme propret, une élégance digne des récents spots pour Dior. Les acteurs, hormis l’électron libre Bill Murray, semblent figés et insipides dans cette peinture aux contours lisses. On aurait préféré un discours ironique teinté d’auto-dérision pour ces figures jamais questionnées, dénuées d’une quelconque intensité émotionnelle.

Emeric

notre critique de The Undoing

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Titre original : On the Rocks • Réalisation : Sofia Coppola • Scénario : Sofia Coppola • Acteurs principaux : Rashida Jones, Bill Murray, Marlon Wayans • Date de sortie : 23 octobre 2020 • Durée : 1h36min
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Décevant

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