Naples, au siècle dernier. La belle Parthenope sillonne le littoral, envoûtant tous ceux qu’elle croise sur son passage. Une splendide créature, dont le charme n’a d’égal que l’intelligence. Et dont Paolo Sorrentino narre l’existence libre et passionnée, sur près de 70 ans.
La silhouette de Parthenope (Celeste Dalla Porta) se dessine sur la baie de Naples. Debout sur le balcon, un drap enroulé autour du corps, ses cheveux volant librement au vent… Elle est sublime, presque hypnotique. « Avez-vous conscience de l’effet perturbateur de votre beauté ? », lui lancera plus tard un Gary Oldman subjugué. La jeune femme répondra par un sourire timide, sans pouvoir dissimuler sa gêne. Elle est belle, elle le sait, mais ne cherche jamais à en abuser.
Une héroïne trop parfaite
Si son teint hâlé et sa longue chevelure pourraient lui ouvrir de nombreuses portes, Parthenope préfère celles qu’elle force elle-même, sans rien devoir à personne. Son cœur pur tient à tracer sa propre destinée. Une innocence presque irréelle, y compris face à ses soupirants : quand le monde entier se prosterne devant Parthenope, elle l’invite à se relever en lui tendant la main.
Belle, intelligente, ambitieuse, bienveillante… D’innombrables qualités pour cette femme que l’on croirait tombée des cieux. Il faut dire que son prénom donne un indice : il renvoie directement à la sirène fondatrice de Naples. Cette dimension divine est perceptible dans le traitement que lui réserve Sorrentino. Le réalisateur italien la sanctifie littéralement lors d’une séquence sur le mythe de San Gennaro. Son amour pour l’actrice transparaît dans chaque plan. Celeste Dalla Porta est filmée frontalement, pour mieux admirer son visage presque surnaturel.
Cependant, les minauderies de l’actrice ne suffisent pas à compenser la faiblesse d’écriture de son personnage. La jeune femme arbore une moue réfléchie, souvent lointaine. Perdue dans des pensées que le spectateur ne parvient jamais à cerner. Difficile de nourrir une affection pour une héroïne aussi insaisissable. Ainsi, la vie de Parthenope se déroule sous nos yeux, sans que l’on puisse s’en émouvoir.
Un format épisodique
À l’image de sa protagoniste, PARTHENOPE ensorcelle par sa beauté. La baie de Naples nous tend les bras, avec ses eaux claires et ses villas colorées, baignées par un soleil éclatant. C’est dans ce décor idyllique que défilent les personnages. Le mot n’est pas choisi au hasard : les protagonistes paradent dans des ensembles signés Saint Laurent. À l’instar de la scène d’introduction, où Sorrentino capture des passants au ralenti. La séquence, tournée en pleine rue, a des airs de défilé de mode urbain !
C’est dans sa construction narrative que le film montre ses faiblesses. Paolo Sorrentino découpe son récit en plusieurs épisodes : la naissance d’une idylle à trois sur le sable, une virée dans les quartiers populaires de Naples, la rencontre avec une actrice exubérante… Dans ces tableaux, le réalisateur donne à voir les coutumes napolitaines, sans pour autant les introduire. Si les italiens n’auront aucun mal à comprendre cette « fusion » entre deux amants au lit ou le miracle du sang de San Gennaro, ce ne sera pas le cas du public international. Celui-ci n’y verra que des scènes de plus en plus fantasques, jusqu’au final presque fiévreux.
À cela, s’ajoutent de nombreuses réflexions sur la vie ou l’amour. Des répliques élégantes, que l’on aurait presque envie d’épingler sur notre tableau Pinterest. Et un trait d’esprit que l’on pourrait apprécier, si seulement Sorrentino nous en laissait le temps. L’accumulation de ces pensées finit par diluer leur effet. Et se termine en un ensemble creux, semblable à de la philosophie de comptoir.
Si PARTHENOPE envoûte par sa plastique impeccable, il n’en reste pas moins un enchaînement de tableaux somptueux, oui, mais un peu vain.
Lisa FAROU
