[dropcap size=small]S[/dropcap]électionné à la Quinzaine des réalisateurs du dernier Festival de Cannes, LE PROCES DE VIVIANE ANSALEM a également été sélectionné pour clôturer le Champs-Elysées Film Festival. Véritable drame judiciaire, le film des frère et sœur Schlomi et Ronit Elkabetz fera longtemps parler de lui. Construit comme un huis-clos, le film est aussi angoissant qu’excitant. En effet, pendant près de 2 heures, on suit le périple de Viviane Anselme qui tente désespérément de divorcer de son mari dans un pays comme Israël où seuls les rabbins peuvent prononcer la dissolution d’un mariage. Er ce, avec et seulement avec, le consentement du mari. Un mari qui, dans LE PROCES DE VIVIANE ANSALEM, ferait sortir n’importe qui de ses gonds. Explications.
Demande de divorce basique, l’affaire traine sur plusieurs années (cinq ans précisément) parce que le mari de Viviane Amsalem (jouée par Ronit Elkabetz), Elisha (Simon Abkarian), se refuse à laisser partir sa femme. Alors que l’on s’attendait à ce que le divorce soit rapidement prononcé et que le film traite d’un « après », c’est finalement ce divorce qui va retenir l’attention et les émotions du spectateur pendant 1h55. Ayant besoin d’un motif pour être amenés à prononcer ledit divorce, les rabbins en charge de l’affaire font preuve d’une mauvaise foi et d’une inaction qui n’est rien comparée à l’orgueil d’Elisha. Personnage que l’on qualifiera simplement d’horrible, tant il aime jouer avec les nerfs de sa femme et avec la loi (civile et religieuse), il empoisonne le quotidien de Viviane et l’ensemble du film. Viscéralement détestable, Simon Abkarian livre ici une performance absolument incroyable. Face à lui, Ronit Elkabetz est impressionnante tant sa palette d’émotions est grande. Tout au long du film, le personnage qu’elle incarne change, se transforme, évolue sous nos yeux.
Si l’on peut reprocher au film sa lenteur, il convient de préciser que celle-ci est nécessaire. En effet, pour montrer la lenteur et la perversité des rouages de l’administration israélienne, les frangins Elkabetz n’avaient d’autre choix que de pousser le spectateur dans ses retranchements. De ce fait, on passe ici du fou rire à l’indignation, de la colère à l’ennui. Avec toutes ses répétitions, LE PROCES DE VIVIANE ANSALEM met en exergue la place des femmes dans la société israélienne, mais avant tout leur dépendance face à des maris dont on loue trop souvent les louanges. Sans nécessairement adopter un point de vue particulier, le film montre avec brio le calvaire d’une femme hautement respectable mais dont la vie est étalée devant la loi et dont la réputation est régulièrement ternie par les médisances. Pour figurer de cette détresse tant psychologique que physique, les deux réalisateurs ont opté pour le minimalisme : le film se déroule dans deux pièces, trois tout au plus. On alterne entre plans américains et gros plans. On évite tout mouvement de caméra brusque. On se refuse à tout jeu sur la lumière. Et pour couronner le tout, on axe toute la profondeur de l’intrigue (et donc du film en général) sur la pertinence des dialogues et les jeux de regard. D’où l’abondance de regards caméras et de champ-contre-champ qui viennent brouiller les notions de subjectivité et d’objectivité.
« Une expérience cinématographique incomparable. »
En montrant l’impossibilité de divorcer en Israël, Shlomi et Ronit Elkabetz réalisent un film coup de poing, long et lent, périlleux et terrible – une fois parvenu à la scène finale. Si les fans de huis clos seront hautement comblés, les autres pourraient détester cette expérience cinématographique incomparable Dans tous les cas, vous ne sortirez pas indemne de la projection. Soyez prévenu.
[divider]CASTING[/divider]
Le champs-Élysées Film Festival 2014
• Réalisation : Shlomi Elkabet, Ronit Elkabetz
• Scénario : Shlomi Elkabet, Ronit Elkabetz
• Acteurs principaux : Ronit Elkabetz, Simon Abkarian, Menashe Noy, Sasson Gabai
• Pays d’origine : France, Israël
• Sortie : 25 JUIN 2014
• Durée : 1h55mn
• Distributeur : Warner Bros. France
• Synopsis : En Israël, Elisha refuse à sa femme Viviane amsalem le divorce qu’elle demande depuis plus de trois ans. Dans ce pays, seuls les rabbins peuvent prononcer ou dissoudre un mariage. Au final le mari est au dessus des juges. Viviane montre une grande détermination afin de lutter pour sa liberté.
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