ROSY - ROSY, hymne à la vie - Critique
Crédits : My Box Films - Gaumont

ROSY, hymne à la vie – Critique

Diagnostiquée atteinte de sclérose en plaques, Marine Barnérias s’est lancée dans un périple de plus de 8 mois et nous offre avec ROSY, un aperçu plein d’espoir de sa quête personnelle pour lutter contre la maladie.

Un voyage en solitaire, à travers le monde, mais surtout un voyage intérieur. Un voyage pour prouver à son corps qu’il lui appartient toujours. Tout cela Marine Barnérias l’avait déjà raconté, non pas sous la forme d’un documentaire, mais dans un livre de témoignage intitulé « Seper Hero, Le voyage interdit qui a donné du sens à ma vie. »

À 21 ans, Marine Barnérias découvre qu’elle est touchée de sclérose en plaques, maladie impactant le système nerveux du cerveau jusqu’à la moelle épinière et dont aucun traitement médical fiable n’est reconnu à ce jour. Le récit médical est radical, beaucoup trop pour la jeune femme ; le diagnostic cruel fait logiquement surgir une crainte sensée. Pourtant, alors que les examens se multiplient et différents traitements sont envisagés pour limiter l’emprise progressive de la maladie, elle refuse de vivre dans cette paranoïa qui lui fait croire que tout est déjà prédestiné.

Un journal intime pétillant

De la brutalité de l’annonce du diagnostic à la sérénité retrouvée, on découvre tout du voyage de Marine Barnérias. D’abord passée par une période de déni où la jeune femme de 21 ans ne voulait en aucun cas être associé à la maladie, elle va découvrir qu’il lui faut trouver une autre voie pour maintenir la vie qu’elle a toujours eu en elle. Après une telle annonce, beaucoup se seraient tus, elle va choisir de parler ; à ses proches d’abord, ses amis, puis à nous, spectateurs, à travers des témoignages touchants. Elle évoque le manque d’empathie des médecins, leurs prédictions négatives, la brutalité de la révélation, tous ces éléments qui l’ont poussé à concevoir ce projet, un projet d’aventurière pour se retrouver et pour partager un message d’espoir universel.

Extrait du film ROSY
Crédits : My Box Films – Gaumont

La majorité des images provient du téléphone de Marine Barnérias pendant son périple à l’autre bout du monde. Ces courtes vidéos n’ont en général pas de but, elles sont sans recettes et n’ont à l’origine que l’objectif de la sortir de sa solitude. Chaque vidéo est un ressenti, la réalisatrice se livre à cœur ouvert aussi bien sur les défis physiques qu’elle endure que sur sa détresse face au silence et à la solitude. Ce téléphone est son seul confident, celui qui est devenu au fil des kilomètres son compagnon de voyage qui la rattache à tous ceux qui ont rendu ce voyage possible. Il enregistre à lui seul, les selfies tout en spontanéité et intensité, les paysages et rencontres ô combien haut en couleur, rappelant toute la splendeur de notre monde. 

ROSY reprend également des témoignages recueillis après le voyage, témoignages de la jeune femme, mais aussi de ses proches ; le montage de toutes ces séquences, signé Anne-Sophie Bion (The Artist), est parfaitement équilibré et la variété des plans contribue à maintenir un rythme assez soutenu à partir d’images pourtant similaires. La bande originale de Matthieu Chedid est soignée et empreinte d’une poésie qui contraste avec le côté brut de la réalisation. Crée trois ans après le voyage, ce documentaire, sincère et plein d’audace, est une part d’elle-même, elle qui n’avait songé à ce que ces images se retrouvent projetées au cinéma.

Extrait du film ROSY
Crédits : My Box Films – Gaumont

Une thérapie plus que personnelle

Des paysages sauvages de Nouvelle Zélande, du spiritualisme de Birmanie, jusqu’à l’alliance du corps et de l’esprit dans les steppes de Mongolie, Marine Barnérias a fait de ce voyage un moyen d’accepter ses sensations plutôt que de continuer à les subir, en ayant connaissance qu’un jour ces sensations ne seront peut-être plus qu’un souvenir.

Je n’avais qu’un seul but : ressentir.

ROSY, Marine Barnérias

Confrontée directement à la nature, ses découvertes et ses rencontres passent au-delà des épreuves physiques et morales qu’elle endure. Ce contact humain et toute cette proximité que l’on découvre à l’écran a un impact émotionnel fort que l’on ressent inévitablement. Le film est une histoire individuelle qui aurait toutefois mérité davantage de scènes de partage, de découverte de l’autre et de nouvelles cultures. Le film présente quelques lacunes à ce sujet, mais les réseaux sociaux et la page Facebook du projet Seper Hero compensent largement ce manque par leur richesse de publications.

ROSY incite à dépasser ses peurs, à ne pas se laisser écraser par le pathos qu’inspirent certaines déclarations. C’est un récit de témoignages où la réalisation technique ne pèse que très peu face à l’authenticité de chacune des images. Le film de Marine Barnérias est un moyen d’aider des personnes en manque de confiance, un moyen de persuader que cohabiter avec la maladie est possible. La thèse n’est pas scientifique, le message n’est pas de guérir, mais d’apprendre à vivre avec cette douleur intérieure. En humanisant cette maladie et en lui donnant le prénom de Rosy, Mariné Barnérias la considère comme une sorte de colocataire intérieure, une colocataire qu’il faut apprendre à découvrir pour mieux l’apprivoiser.

Rosy
Crédits : My Box Films – Gaumont

Fuir les mots et ériger des actes

On a souvent tendance à croire que la science est la seule à pouvoir résoudre tous nos maux. Avec ROSY, Marine Barnérias prend le problème de manière inverse. Elle refuse les catégories et les comparaisons et se crée sa propre thérapie axée autour de la libre expression des sens. Car finalement, aucun traitement médical ne saurait fonctionner sans la cure nécessaire de l’acceptation de soi.

Ce corps médical, Marine Barnérias le pointe du doigt, car avec de simples mots, il aurait pu la détruire à plusieurs reprises. Un médecin est le premier, à travers ses mots et son comportement, à déterminer l’influence et la place qu’aura la maladie sur quelqu’un. Si certains tendent à associer les patients à des données et des fiches de résultats, d’autres sont encore capables d’empathie et de rapport humain pour ne pas condamner un malade avant que la maladie le fasse. 

On peut être beaucoup plus handicapé en n’ayant aucune maladie.

Marine Barnérias, TF1 Info

Plein d’espoir et d’humilité, ROSY nous incite à oser. C’est une preuve, loin de toute la rationalité que la médecine conventionnelle livre aujourd’hui, que face à la maladie, il n’y a pas de règle, ni de remède unique. Face à l’énergie et la spontanéité de Marine Barnérias, on ne peut qu’être contaminé par cette pulsion de vie que nous offre ce voyage riche en émotions.

Paul Gréard

Note des lecteurs3 Notes
une - ROSY, hymne à la vie - Critique
Titre original : Rosy
Réalisation : Marine Barnérias
Acteurs principaux : Marine Barnérias
Date de sortie : 5 janvier 2022
Durée : 1h26min
4
Étincelant

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