SOUS HYPNOSE, et si vous abandonniez tout contrôle ? – Critique

Photo du film SOUS HYPNOSE
Crédits : Survivance Distribution
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3.5

Vera et André s’apprêtent à participer à un workshop, à l’issue duquel ils présenteront leur projet d’application à de potentiels investisseurs. Appliqués et sérieux, le succès leur semble promis. Jusqu’à ce que Vera essaie l’hypnose pour arrêter de fumer. Dès lors, la jeune femme se montre plus libre, cédant à ses pensées impulsives. Des frasques que son compagnon peine à rattraper.

Vera est une anxieuse. Si son visage reste impassible, ses mains nerveuses trahissent ses doutes. Encore plus en ce moment, alors que son compagnon et elle prendront bientôt part à un workshop de plusieurs jours. À la clé : une présentation de leur projet d’application à un parterre d’investisseurs.

Et puis, Vera fume. Elle aimerait bien arrêter. C’est ainsi qu’elle se rend, sans grande conviction, chez une hypnotiseuse. En sortie de séance, pas vraiment de différence. Si ce n’est que la jeune femme affiche un large sourire, répond de manière effrontée et cède à ses impulsions. Pour son amoureux, une seule explication : sa copine pète les plombs !

L’hypnose comme point de rupture

L’hypnose… Un sujet ô combien aimé des scénaristes, qui s’en servent aussi bien pour manipuler des personnages que pour les montrer débridés. Chez Ernst De Geer, elle n’est qu’un prétexte. Un point de départ pour raconter les normes sociales, et ce qu’il se passe quand on y déroge.

« J’ai l’impression que vous vous retenez », constate l’hypnotiseuse. Alors elle permet à Vera d’être elle-même. Une version totalement libre et fougueuse, bien loin de son tempérament sage. Ou plutôt : ne s’est-elle pas approchée de sa véritable personnalité ? Ne serait-elle pas, au fond, cette femme désinvolte ?

SOUS HYPNOSE questionne les filtres que l’on s’impose pour rentrer dans le moule. Car dans un monde où la norme n’existerait pas, elle serait ainsi, la vraie Vera. À glisser des Lego dans sa bouche pour feindre des crocs de vampire. À mettre la musique à fond dans la chambre d’hôtel. À répondre à sa mère, qui garde la mainmise sur sa vie. Oui, si Vera ne devait pas se contraindre à être cette jeune femme docile, elle se comporterait sans doute ainsi.

Une liberté qui dérange

L’ennui, c’est que ce comportement détonne. Que le couple se trouve dans un hôtel chic et enchaîne les ateliers et soirées mondaines. Alors les frasques de Vera ne sont pas perçues d’un bon œil. Pire, elle est la « bizarre » de service. André, son compagnon, tente bien de sauver les apparences, de reprendre le contrôle de la situation à coups de blagues ou de pirouettes rhétoriques. Pour combien de temps ?

C’est aussi ça, SOUS HYPNOSE. Un couple dont les sentiments sont mis à rude épreuve. André aime Vera, aucun doute là-dessus. Mais la Vera rangée, celle qui maîtrise chaque aspect de sa vie. Qu’en est-il de cette nouvelle personnalité sans filtre ? Ernst De Geer nous invite à repenser nos relations : aime-t-on l’autre pour ce qu’il est vraiment ? Ou pour cette version lisse, pensée pour se fondre dans la masse ?

Tout au long du film, le spectateur est de son côté. Comme André, il regarde les bêtises de Vera en pensant à une passade. En espérant que ça cesse d’ici peu. Du haut de ses 1m94, Herbert Nordrum (Julie en 12 chapitres) affiche tour à tour sa gêne, son désarroi, sa colère… et la tendresse infinie qu’il porte pour elle. Une performance qui a valu le prix d’interprétation masculine à l’acteur suédois au festival Premiers Plans d’Angers.

De grands moments de solitude

« Hilarant et acide », promet l’affiche, sur laquelle on peut voir un André désespéré tandis que Vera s’amuse avec des Lego. Tout laisse croire à une comédie légère, portée par des situations absurdes et des dialogues piquants.

En salle, le rire se fait pourtant discret. Si certaines frasques de Vera peuvent prêter à sourire, Ernst De Geer semble avant tout vouloir générer un malaise, plutôt que provoquer l’hilarité. La gêne, le flottement, les regards qui fuient — voilà ce qui domine.

Mission accomplie : l’envie de s’esclaffer n’est pas là, mais celle de disparaître dans son fauteuil de cinéma est bien présente !

Lisa FAROU

Auteur·rice

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Rédactrice
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