Californie, 2008. Une attaque nucléaire a précipité l’Amérique dans la 3e Guerre Mondiale. Face à la pénurie de carburant, la compagnie US-IDent élabore un générateur d’énergie inépuisable, qui altère la réalité et va bouleverser les vies de l’acteur Boxer Santaros, de l’ex-star du X Krysta Now et des frères jumeaux Roland et Ronald Taverner, dont le destin se confond avec celui de l’Humanité toute entière…
Note de l’Auteur
[rating:8,5/10]
• Date de sortie : 25 mars 2009
• Réalisé par Richard Kelly
• Film américain
• Avec Dwayne Douglas Johnson, Seann William Scott, Sarah Michelle Gellar
• Durée : 2h24min
En France, on aime crier un peu partout qu’on bénéficie d’une exception culturelle bien de chez nous. Certes, ce n’est pas mauvais en soit mais ce chauvinisme est souvent montré du doigt pour nous faire consommer des produits français douteux et passer à mille lieux de délices exotiques. C’est le cas donc du dernier film de Richard Kelly : Southland Tales. Présenté à Cannes en 2006 dans une version non définitive, le film avait reçu un accueil très mitigé par les critiques et spectateurs présents. Certains y voyaient une fumisterie incompréhensible. D’autres, moins nombreux y voyaient une oeuvre complexe et envoûtante dans la lignée du culte Donnie Darko, précédent film du réalisateur.
Après sa première cannoise, le film fait le tour des festivals américains et fini par sortir dans quelques salles aux États-Unis en 2007. En France, il réapparait finalement pour sa sortie DVD en mars 2009 sans passer par la case cinéma.
Le film couvre donc les derniers jours avant l’apocalypse d’une Amérique post-9/11 divisée par des querelles internationales et nationales. Grâce à l’explosion d’une bombe nucléaire au Texas, les républicains ont remporté l’élection présidentielle de 2008 et s’engouffrent dans une troisième guerre mondiale en Iran, Afghanistan, Corée du Nord et en Syrie. Sur le sol états-unien, le parti tente d’instaurer la proposition 69 qui voit retirer des droits aux citoyens, mais doit faire face aux néo-marxistes. Ces derniers, terroristes d’extrême gauche sont la réponse à l’oppression du gouvernement et son organisation politico-militaire US-Ident responsable de la sécurité nationale mais surtout d’une surveillance exacerbée et de nombreuses arrestations arbitraires ou exécutions sommaires. Pour combler le manque en carburant dû à la guerre, un scientifique allemand allié aux républicains crée à partir des fluctuation de l’océan une énergie capable d’alimentée une ville et pouvant servir de drogues multiples effets.
Dans ce gros bordel politique, on suit Boxer Santaros, acteur amnésique bien parti pour faire un nouveau film et les deux jumeaux Roland et Ronald Taverner tout aussi amnésiques et mystérieux mais mêlés aux néo-marxistes. Autour d’eux gravitent tout un tas de personnages, allant de la star porno Krysta Now reconvertie en business woman, de groupuscules terroristes néo-marxistes, au sénateur de Californie et sa femme directrice de l’US-Ident.
Apocalypse sous le signe de la pop culture, le film réuni une brochette d’acteurs assez inhabituelle pour ce genre de film. Dwayne « The Rock » Johnson prête ses traits et son jeu de sourcils à la figure christique schizophrène Santaros. Seann William Scott dans la peau des jumeaux Taverner signe sa plus belle performance, à milles lieux d’American Pie. Par son personnage de Krysta, Sarah Michelle Gellar joue avec son image de pin-up filmique et brille encore plus. On note aussi Justin Timberlake en narrateur de fin de monde et les apparitions de Christophe Lambert et Kevin Smith.
En parlant de Timberlake, le monsieur danse dans un court clip sur fond de All these Things that I’ve Done, illustrant le malaise de la guerre de son personnage. Le film est ainsi parsemé de talks show, de publicité ventant la proposition 69 ou l’énergie de Fluid Karma dans un goût douteux et un style proche d’MTV. Toujours dans la musique, la bande son est elle aussi très pop, surtout rock. D’abord Moby et ses mélodies planantes rythment le film, elles sont le « pouls du film ». Pour plus de bonheur on retrouve aussi Muse, The Pixies, Radiohead, Blur et ce bon vieux Ludwig Van.
Southland Tales possède un scénario riche mais très complexe puisqu’il joue à la fois sur des intrigues internationales et des histoires plus intimes, plus proche du peuple. Pour une meilleure compréhension, il est recommandé de voir le film plusieurs fois et de lire les trois premiers chapitres de l’histoire vendus en comics. On peut donc reprocher à Kelly de n’avoir pas su tenir son récit sur deux heures. Mais est-ce que ça ne fait pas parti du charme ?