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STAND BY ME, douce amertume – Critique

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Parmi une flopée d’adaptations plus ou moins heureuse des écrits de Stephen King, STAND BY ME sort du lot et rejoint quelques long-métrages devenus cultes issus du répertoire de l’auteur. Et ce, pour un tas de petits détails qui en font au final une grande œuvre.

Du roman à l’écran

La fin de l’enfance, le début de l’adolescence. Souvent abordé, ce passage obligé trouve en STAND BY ME un bel écrin pour ausculter le flot de réflexions inhérentes à ce moment tout particulier d’une vie. Une période de transition où l’innocence laisse place, parfois de manière violente, à la réalité. À l’origine, il y a la nouvelle de Stephen King. Quelques fois, l’écrivain américain s’éloigne du fantastique et sonde l’humanité de ses personnages par un prisme plus rationnel, sans renier toutefois son style. Ce dernier se fait ressentir tout au long de son adaptation par Reiner – cinéaste sans personnalité esthétique ou thématique marquée, mais faiseur solide – où le charme de l’ensemble repose sur l’épure. On reproche souvent à King son style « populaire », cette épure formelle et la langue prosaïque, bien qu’il soit la sève de son travail. Ces récits foisonnent de figures de style simples, mais évocatrices, et regorgent d’instant de grâce par la proximité qu’il créé avec ses lecteurs. Un effet que STAND BY ME porte également en lui de par sa facture classique, presque rassurante pour le spectateur. Il se voit pénétrer dans ce groupe d’amis et partir avec eux dans leur quête sans savoir ce qu’il en retourne.

Quatre garçons et un cadavre

Il est important de revenir sur les similitudes stylistiques car s’y loge toute la force des écrits de King et donc du long-métrage. En effet, au-delà de la quête, les émotions et les révélations qui s’en dégagent foudroient le cœur. Ces quatre jeunes garçons évoquent avec nostalgie notre propre enfance comme le soulignent habilement la première séquence du film et sa structure où deux récits s’enchâssent. Il est évident que nous avons tous un (des) évènement(s), au cours de l’adolescence, marquant la rupture entre notre personnalité enfantine et l’approche d’une conception adulte de la vie. Pour Gordie, Chris, Teddy et Vern, c’est la découverte d’un cadavre, celui d’un enfant renversé par un train. Ce qui n’était au départ qu’un acte de rébellion juvénile envers le monde des adultes, cette aventure sera leur premier pas dans ce dit monde. Au détour de cette odyssée révélatrice, ces quatre garçons, et plus spécifiquement Gordie et Chris, vont constater la dure réalité : la vie est cruelle. Que ce soit au travers des préjugés, d’un héritage paternel ou d’une confrontation direct avec la mort ; chacun fait face à un traumatisme qu’il est vital d’exprimer pour, non pas s’en débarrasser, mais vivre avec.

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Douce nostalgie

En dehors de sa finesse dans sa représentation psychique et émotionnel de la fin de l’enfance, STAND BY ME retranscrit à merveille la douce nostalgie des heures à jouer avec nos amis, à partir en vadrouille et/ou à discuter de tout et de rien. Reiner bâtit sa mise en scène en contrepoint totale des tourments intérieurs vécus par les enfants, à savoir délicate et sage dans son sens le plus noble. Les interprétations se veulent au diapason de ce dispositif par un jeu naturel donnant davantage de chair aux merveilleux dialogues « kingien ». Il s’en dégage un charme indéniable, bien aidé par la mélancolie de la voix-off et la bande-son, qui nous immerge dans l’Oregon de la fin des années 50. Mais tout cela n’est qu’un leurre. Par cette mise en image d’un élégant classicisme, Reiner engage intuitivement le spectateur de la plus simple des manières pour le retourner lors de quelques séquences mélodramatiques redoutables.

La fin de leur périple, au détour d’un au revoir magnifique, sonne comme un chapitre qui se termine. Et quand finalement les deux récits se télescopent au son du classique de Ben E. King, la douce amertume s’empare de l’ensemble pour faire de STAND BY ME un véritable beau film.

Robin Chesnel

Cet article a été publié suite à une contribution d’un·e rédacteur·rice invité·e.
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Titre original : Stand by me
Réalisation : Rob Reiner
Scénario : Raynold Gideon, Bruce A. Evans
Acteurs principaux : River Phoenix, Richard Dreyfuss, Corey Feldman
Date de sortie : 25 février 1987
Durée : 1h25min
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