Teen spirit
© 2018 Metropolitan filmexport

TEEN SPIRIT, à la recherche de la nouvelle popstar – Critique

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Un premier film exubérant, parfois maladroit, dans lequel Elle Fanning parfait son statut d’icône.

Violet Valenski vit seule avec sa mère dans une bourgade rurale d’Angleterre. Solitaire, placide et déterminée, elle se passionne pour le chant qui pourrait bien être la seule échappatoire à son milieu. Accompagnée d’un manager patibulaire et flegmatique, ancien chanteur lyrique en pleine décrépitude alcoolisée, l’adolescente s’inscrit au casting d’un fameux télé-crochet. L’occasion de réunir deux icônes extirpées à l’univers de Nicolas Winding Refn dans un premier film sous influence manifeste. L’envoûtante Elle Fanning de The Neon Demon rencontre le génialissime Zlatko Buric découvert dans la trilogie des Pusher.

Avec un tel sujet Max Minghella évite le piège du film social made in England et opte pour une mise en scène électro-pop généreuse et explosive. Le jeune réalisateur annonce la couleur dès l’introduction avec une séquence clipesque à l’esthétique totalement guimauve sur un morceau de Grimes balancé sans ménagement. Les plans se laissent caresser par le chatoiement des rayons du soleil tandis que des tonalités pastels viennent enchanter un paysage morne et mélancolique. On se croirait dans un clip de London Grammar, ça peut faire peur, et pourtant le goût sucré de la pop fait déjà son petit effet, on est embarqué. L’intention de TEEN SPIRIT est claire, nous faire vivre le film à travers les émotions de son héroïne ballottée entre spleen et désir de liberté.

Photo du film TEEN SPIRIT
© 2018 Metropolitan filmexport

Mine boudeuse et légère condescendance désabusée, Elle Fanning électrise chaque plan par sa présence. Violet sait que ce concours représente peut être sa seule chance d’éclore. Le premier tiers se déroule sans encombre, auditions, répétitions, à grand renfort de scènes musicales toujours bien exécutées. Le montage est fluide, la mise en scène extrêmement sensitive. Max Minghella sait parfaitement faire monter l’intensité à l’intérieur de séquences où la jeune femme laisse exploser le potentiel qui bouillonne en elle.

Le film se montre extrêmement jubilatoire plastiquement, jeux de lumières saturées, scénographie fluorescente, cadrages et mouvements de caméra esthétisant. L’univers du télé-crochet permet cette mise en abyme graphique. Une immersion progressive dans les décors télévisuels qui débordent sur le réel. Le feu des projecteurs se fait hypnotique, miroitement de rêves bercés d’illusions. Les paysages organiques s’effacent au profit des plateaux télés artificiels et l’authenticité laisse sa place aux ornements factices, aseptisés. À défaut de révéler, les lumières masquent des vérités et font jaillir les faux-semblants.

Photo du film TEEN SPIRIT
© 2018 Metropolitan filmexport

Et même s’il décrit bien le processus de starification accéléré des télé-crochets, le film montre quelques faiblesses du côté de son scénario. Arrivé à la moitié du métrage, le rythme s’essouffle, les séquences clipées se succèdent et finissent par laisser derrière elles un vide narratif. Le récit se fait plus poussif tant les enjeux paraissent réglés d’avance. Quelques noeuds dramatiques un peu maladroits et prévisibles font retomber nos espérances. Comme pour souligner la fulgurance du processus à l’oeuvre, le réalisateur concentre l’itinéraire de toute une carrière de vedette dans la chronologie du concours.

Une bonne idée sur le papier mais qui peine à se matérialiser dans un récit parfois laborieux. En l’espace de quelques semaines, Violet connaît son inéluctable rise and fall non sans frôler une certaine lourdeur scénaristique. Lorsqu’il délaisse le côté impressionniste et immersif de sa mise en scène, Max Minghella semble ne plus très bien maîtriser ce qu’il veut nous raconter.

Photo du film TEEN SPIRIT
© 2018 Metropolitan filmexport

Mais TEEN SPIRIT est loin d’être un film désagréable, visuellement il se montre même extrêmement stimulant. Il surfe sur la hype autant qu’il joue avec. Car c’est aussi sur ce déploiement presque baroque que repose le propos du réalisateur qui utilise les codes du système qu’il décortique. La quête effrénée de ce fameux teen spirit, existe-t-il ou est-il uniquement factice ? À peine dévoilée, l’authenticité de Violet est récupérée, formatée et markettée, prête à être commercialisée. La mécanique du télé-crochet suffit pour transformer l’apprenti artiste en réel produit instantanément consommable.

L’interprétation de Elle Fanning est particulièrement remarquable tant elle conserve cette aura fascinante qui la caractérise. Le film repose en grande partie sur ce pouvoir d’attraction, une incandescence de chaque instant que le réalisateur a su faire fructifier. Par ailleurs, certaines problématiques développées dialoguent étrangement avec The Neon Demon auquel Max Minghella emprunte beaucoup, dans une version plus sucrée, plus pop en définitive…

Hadrien Salducci

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Titre original : Teen Spirit
Réalisation : Max Minghella
Scénario : Max Minghella
Acteurs principaux : Elle Fanning, Millie Brady, Zlatko Buric, Daniel Westwood, Rebecca Hall
Date de sortie : 26 juin 2019
Durée : 1h34min

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