[critique] Tropa de Elite (Troupe d’Élite)

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1997. Les milices armées liées au trafic de drogue contrôlent les favelas de Rio. Rongée par la corruption, la police n’intervient plus sur le terrain. Les forces d’élite du BOPE (Bataillon des opérations spéciales de police) sont livrées à elles-mêmes dans leur lutte sans merci contre les trafiquants. Mais le maintien de l’ordre a un prix : il est de plus en plus difficile de distinguer le bien du mal, de faire la différence entre l’exigence de justice et le désir de vengeance.
Le Capitaine du BOPE Nascimento est en pleine crise : en plus de risquer sa vie sur le terrain, il doit choisir et former son successeur, dans l’espoir de quitter cette vie de violence et de rester auprès de son épouse, qui s’apprête à donner naissance à leur premier enfant.
Neto et Matias, deux de ses recrues les plus récentes, sont amis d’enfance : l’un est un as de la gâchette, l’autre refuse de transiger sur ses idéaux. A eux deux, ils seraient parfaits pour le poste. Séparément, il n’est pas sûr qu’ils puissent s’en tirer vivants…

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 03 septembre 2008
Réalisé par José Padilha, James d’Arcy
Film brésilien
Avec Wagner Moura, Caio Junqueira, André Ramiro
Durée : 1h55min
Titre original : Tropa de Elite
Bande-annonce :

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Le Brésil, autrement raconté que par le carnaval, les filles ou encore l’exotisme, nous est proposé par José Padilha et James d’Arcy dans Tropa de Elite. Un univers sombre est peint par la violence. Des trafiquants de drogue, une police corrompue et une unité militaire s’affrontent dans les favelas de Rio. Le film dérange et gène par ses images explicites mais il n’en fait jamais trop. Rien n’est gratuit : chaque blessure nous évoque une réalité.
Si d’un côté les trafiquants paraissent sans cœur, le spectateur se rendra rapidement compte que l’unité de maintient de l’ordre (le BOPE) est pire encore. Pour combattre les narcotrafiquants le BOPE frappe et tue sans prévenir. Les méthodes du Capitaine de l’unité, Nascimento (Wagner Moura) sont parfois difficilement supportables: il utilise régulièrement « le sac » : Étouffés et étranglés, c’est ainsi que sont traités les trafiquants. Aussi il n’hésite pas à aller plus loin dans la torture en sodomisant les trafiquants les plus silencieux avec un manche à balais.

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Nous voilà alors face à un Brésil pessimiste qui ne connaît pas d’autres solutions pour combattre les écarts. Le BOPE ne peut être alors considéré comme la grande cavalerie. Ils sont aussi sombres que les trafiquants. Le spectateur ne pourra pas réellement choisir son camp. La sensibilité et la peur des trafiquants côtoient l’agressivité de ceux qui maintiennent l’ordre. Le bien et le mal se confondent alors. Une mère pleure son fils mort à cause d’une intervention du BOPE, de jeunes étudiants ne comprennent pas l’excès de brutalité de l’unité, etc. C’est là la réalité de ce Brésil.

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L’histoire commence dans ce contexte. Nascimento doit trouver son successeur parmi de nouvelles recrues au BOPE. Nous plongeons dans les coulisses de cette unité. Peut-être aurions-nous préféré ignorer certaines choses. L’intensité de la séquence du stage de recrutement du BOPE est affolante. Pour évincer les plus faibles ou la police corrompue, les stagiaires sont sans cesse battus, torturés, poussés à bout. Ce n’est qu’après que nos soldats-robots dévoilent toute leur personnalité au travers une équipe des plus unie.

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Force et sensibilité des membres du BOPE sont sans cesse mis en opposition. Les personnages en deviennent terriblement attachants. Cette fragilité n’est que suggérée, le spectateur devient complice de cette vie. Comment alors ne pas se sentir mal à l’aise ? L’horreur de cette vie dépasse tout le monde. Les plans s’enchainent rapidement, caméra portée, le spectateur n’apercevra que quelques bribes de ce cauchemar. Il pourra se situer grâce aux sons… aux bruits plutôt : coup de feu, cris, bruits de pas sur les graviers, etc. L’ambiance est parfaitement construite. Un chef d’œuvre qui mérite largement le prix de l’Ours d’Or à la Berlinale.

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Romain
Romain
Membre
24 octobre 2011 23 h 21 min

Je viens de le voir et en effet, il y a des films qui passent honteusement inaperçus.
Remarquablement écrit et mis en scène, il apporte profondeur et ambiguïté à beaucoup de personnages et semble la parfaite synthèse de la Cité de Dieu, Full metal jacket et des meilleurs films noirs.
Une claque.

ThePhotographer
ThePhotographer
Invité.e
8 avril 2010 12 h 48 min

J’ai trouvé ta critique très pertinente Alexandra. Tout « l’âme » de Tropa de Elite est dans l’ambiguité du personnage de Nascimento. Il est en guerre et prêt à employer les pires méthodes pour gagner et en même temps il ne cherche qu’à faire le bien… C’est homme piégé qui a bien compris que son combat est aussi désespéré que violent. Au delà de la critique sociale, le personnage de Nascimento est un chef d’oeuvre d’écriture et il est brillament interprété.

Je suis aussi tout à fait d’accord avec Sophie. L’éducation est la clé mais elle sera impossible à mettre en place tant que les trafiquants contrôleront les favelas. C’est ce que tente d’expliquer le film en montrant le côté finalement très banal et quotidien des évènements relatés. Demain un autre Nascimento affrontera un autre Baiano et ainsi de suite.

Tropa de Elite, m’a bien sûr beaucoup fait penser à City of God. J’ai d’ailleurs posté une critique croisée des deux films sur le forum.

Enfin, merci Alex d’avoir posté une critique de ce film, qui a mon avis est passé assez inaperçu chez nous.

Alexandra
Alexandra
Invité.e
18 octobre 2008 9 h 24 min

Je me suis probablement mal exprimée en parlant des « trafiquants » : je faisais référence, assez simplement je l’avoue, à l’un des deux camps. Quand je parlais de « trafiquants » le groupe incluait cette mère qui pleure son fils. Elle était consciente du rôle de son fils donc pas entièrement exclus de ce « groupe ». Et, pour moi, ce n’est pas parce qu’ils sont du mauvais côté qu’ils sont insensibles, des liens existent entre eux. A l’exception peut-être de la tête du groupe, ils ont pour moi autre chose que des armes à la main. Voilà j’espère avoir éclaircit mon propos.

Sophie
Sophie
Invité.e
17 octobre 2008 0 h 15 min

« La sensibilité et la peur des trafiquants côtoient l’agressivité de ceux qui maintiennent l’ordre. » Les trafiquants ne sont absolument pas présentés comme sensibles… Alors que l’on voit dans ce film que ce qui maintiennent l’ordre sont réellement agressifs mais qu’ils ont du mal à le supporter : Nascimento par exemple a des crises d’angoisse. En dehors du fait de l’incompréhension des étudiants de classe moyenne, le film montre leur responsabilité dans cette « guerre de la drogue »: ce sont eux les consommateurs, ceux qui permettent aux traficants de mener cette guerre.
Il ne faut pas confondre le contexte français et le contexte brésilien. La violence ici est autre chose que celle de l’Hexagone. La population des favelas notamment est l’otage de ces trafiquants que tu décris « sensibles ». Ils ont tous les pouvoirs dans ces endroits. Ils décident tout, même pour qui il faut voter lors des élections. Bien sûr la violence du Bope est difficilement supportable mais c’est une guerre, une vraie et à laquelle on ne peut mettre fin avec des fleurs malheureusement. C’est ce que montre le film.
Il faut condamner l’usage de la drogue, la corruption des différentes instances (police, politique…)…
Il faut bien sûr donner à la population la possibilité de s’en sortir, notamment par l’éducation. Mais on ne peut pas faire cela sans d’abord combattre le trafic de drogue et d’armes, malheureusement…

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