Aux commandes des deux premiers opus de la saga puis producteur sur les deux suivants, Bryan Singer reprend en main les X-Men et succède à Matthew Vaughn, qui avait marqué les esprits avec l’excellent X-MEN – LE COMMENCEMENT.
Ce dernier opérait un retour aux origines de la saga, en installant son récit dans les années 60 pour suivre les évolutions des jeunes Charles Xavier et Erik Lehnsherr / Magnéto. Suite directe du volet précédent, bien qu’il ne soit pas nécessaire d’avoir vu le film de Vaughn pour appréhender celui de Singer, ce X-MEN – DAYS OF FUTURE PAST adapte l’arc narratif imaginé par l’auteur de comics Chris Claremont dans les années 80.
Dans le futur, les mutants sont menacés d’instinction par les Sentinelles, des robots géants, puissants et impitoyables qui les traquent sur toute la surface de la planète. Comme ultime solution pour modifier ce futur apocalyptique, Xavier et Magnéto envoient Wolverine en 1973 pour qu’il empêche l’évènement qui a déclenché cette extermination de survenir : le meurtre de Bolivar Trask, créateur des Sentinelles, par Mystique.
La lumineuse idée des deux derniers films X-Men – on omet le second spin-off sur Wolverine venu entre temps – est d’inscrire leurs récits dans l’Histoire. Alors que les trois premiers opus sont centrés sur eux-mêmes, bien que leurs thématiques aient une portée universelle, les deux derniers volets reposent sur une uchronie, ce qui ouvre des perspectives excitantes et amène une profondeur aux aventures des mutants, qui prennent part de manière décisive aux grands évènements de l’Histoire récente. En ce sens, la raison de l’emprisonnement de Magnéto, bien qu’anecdotique dans le déroulé du récit, est plutôt savoureuse.
Mais mettons tout de suite fin au suspense : X-MEN – DAYS OF FUTURE PAST, s’il a des qualités, a plutôt tendance à décevoir en regard de son potentiel et de l’envergure à laquelle il pouvait prétendre.
Si le film gère assez efficacement la progression de ses enjeux narratifs et se suit sans déplaisir, il souffre tout de même de la lourdeur du traitement psychologique des personnages principaux. L’opus précédent mariait parfaitement cette donnée avec la conduite du récit, en explicitant les traumas des personnages par le biais de l’action, ce qui fluidifiait la progression d’ensemble. En ce sens, le traitement d’Erik Lehnsherr / Magnéto était exemplaire. Le film de Singer, lui, passe le plus souvent par les dialogues pour rendre compte des problèmes de ses personnages, notamment dans le cas de Charles Xavier. La lourdeur du procédé enraye régulièrement le rythme du film.
X-MEN – DAYS OF FUTURE PAST a plutôt tendance à décevoir en regard de son potentiel et de l’envergure à laquelle il pouvait prétendre.
Mais l’échec principal de ce X-Men, qui souffre clairement sur ce point de la comparaison avec l’opus de Vaughn ou le SPIDER-MAN 2 de Sam Raimi, s’il faut évoquer un cas remarquable, réside surtout dans sa gestion des scènes d’actions : Bryan Singer ne réussit jamais à les sublimer par sa mise en scène. Si elles ont le bon goût d’être lisibles, elles sont aussi terriblement pataudes et plates. Excité par la perspective d’affrontements intenses, le spectateur est frustré par le peu de virtuosité mis à l’œuvre pour rendre l’ensemble dynamique, ce qui conditionne de manière décisive la réception du film. En ce sens, il est rageant de constater que la seule scène d’action brillamment mise en scène se caractérise par son inutilité dramatique, ce qui amoindrit son effet et la rend anecdotique. Ce traitement, appliqué à des scènes d’envergure (la scène finale) ou intensément dramatiques (toutes les séquences d’actions dans le futur), aurait donné au film l’ampleur qui lui manque et que son seul scénario, ambitieux, ne peut lui donner.
Au final, loin d’être le grand film de super héros espéré, ni même le meilleur opus de la saga, X-MEN – DAYS OF FUTURE PAST passe à côté de l’œuvre qu’il aurait pu être. En l’état, il a le mérite d’être divertissant et plutôt fun, mais Singer ne transcende pas le matériau qu’il a entre les mains et sous-exploite tragiquement l’aspect spectaculaire de son film pour ne donner au final qu’un énième film du genre.
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