Pour avoir oublié sa carte de fidélité au moment de payer, Fabrice se retrouve contraint de fuir la sécurité du supermarché, puis tous les service de police du pays… Adaptation de l’absurde bande dessinée « Zaï, zaï, zaï, zaï », le film de François Desagnat ne va malheureusement jamais plus loin que son postulat de base.
Adapter la bande dessinée Zaï, zaï, zaï, zaï de Fabcaro était un défi de taille. Peu linéaire et reposant sur son humour absurde, l’œuvre originale se distingue par un rythme marqué et une esthétique épurée, où les personnages sont assez peu caractérisés. Rien de moins filmique en somme. Mais, après tout, pourquoi pas ? Car la force du récit de Fabcaro tient en sa simplicité. Une simplicité qui laisse à un réalisateur de l’espace pour s’exprimer et faire preuve de créativité. Malheureusement, François Desagnat n’y parvient que trop peu et rate malencontreusement son adaptation.
Lenteur record
Le premier défaut de ZAÏ ZAÏ ZAÏ ZAÏ tient à son rythme, d’une lenteur éprouvante. Et ce, alors même que nous suivons un personnage en cavale… Un comble. Au visionnage, ceux qui l’ont lu attendent avec impatience les gags de la BD. Or, il tombent tous à plat, fauchés en plein vol par le cruel manque de dynamisme du montage et de la mise en scène. Également du jeu d’acteur, au ras des pâquerettes pour certains. Si Jean-Paul Rouve ne s’y révèle pas franchement mauvais, ils sont rares à nous offrir réellement quelque chose. On se trouve d’ailleurs un peu mal à l’aise pour Yolande Moreau, d’habitude si drôle et si touchante.
À vrai dire, seul Ramzy Bedia paraît véritablement concerné et s’en sort plutôt bien dans son rôle de séducteur intéressé et beau-parleur. Du reste, la photo est laide, grisâtre sans âme, et le métrage se déroule comme une liste de caméos qui n’en finit pas. Bien sûr, si c’est toujours un plaisir de voir Maurice Barthélémy et Vincent Desagnat faire les pitres à l’écran, on préfère quand ils le font bien, avec des ressorts comiques efficaces. Fade, ZAÏ ZAÏ ZAÏ ZAÏ déçoit donc autant sur le fond que sur la forme. Et encore plus en tant qu’adaptation.
Une mauvaise adaptation ?
Pourtant, si l’idée n’était pas mauvaise, le film se tire sans cesse une balle dans le pied et ne va jamais assez loin. Dans la bande dessinée originale, c’est Fabcaro – auteur de BD humoristique – qui se met lui-même en scène. Dans le film, par souci d’adaptation, on s’intéresse à Fabrice – acteur de comédie – incarné par Jean-Paul Rouve, qui s’est lui-même souvent illustré dans le genre. Une bonne trouvaille, cohérente avec l’univers adapté. Malheureusement, bien qu’il tente de référer à ce que nous connaissons de la carrière de Jean-Paul Rouve, le métrage n’en fait jamais assez. Il se contente d’aller et venir entre situations improbables et gags sans chute.
Car ZAÏ ZAÏ ZAÏ ZAÏ semble ne pas avoir saisi ce que, sous travers d’absurde, la bande dessinée nous raconte de notre société. Où la machine médiatique peut s’emballer pour de petits rien, comme le simple oubli d’une carte de fidélité… Galvanisant ainsi le débat public – pourtant bel et bien stérile. L’œuvre de François Desagnat semble effectivement passer complètement à côté de son sujet. Dommage. Car, à de rares instants, il parvient bel et bien à nous faire sourire. Malheureusement pas assez pour sauver l’ensemble du naufrage…
Lily Nelson
• Réalisation : François Desagnat
• Scénario : François Desagnat, Jean-Luc Gaget
• Acteurs principaux : Jean-Paul Rouve, Julie Depardieu, Ramzy Bedia
• Date de sortie : 23 février 2022
• Durée : 1h22min
