Bernadette Lafont - Et dieu créa la femme libre

[ITINÉRANCES 2017] BERNADETTE LAFONT – ET DIEU CREA LA FEMME LIBRE

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BERNADETTE LAFONT – ET DIEU CRÉA LA FEMME LIBRE, de la productrice-réalisatrice Esther Hoffenberg, a été présenté en avant-première au Festival Itinérances d’Alès.

Bernadette Lafont (1938 – 2013), c’est avant tout une voix unique, un regard rieur et une liberté revendiquée en tant que femme et comédienne. Originaire du sud, Bernadette a commencé sa carrière en 1958 dans Les Mistons de François Truffaut et Le beau Serge de Claude Chabrol. Elle était alors mariée à l’acteur Gérard Blain qui ne souhaitait pas qu’elle continue dans le cinéma. Mais Bernadette, résolument libre et déterminée à être en couverture de Paris Match pour plaire à son pharmacien de père, en décide autrement. Elle enchaine les films trainant sa silhouette sensuelle et son sourire mutin qui en fit rapidement une icône de la Nouvelle Vague. A cette période, elle rencontre l’homme qui restera le grand amour de sa vie, l’artiste Diourka Medveczky, et ensemble ils auront trois enfants en trois ans. Ils partent vivre cinq ans à la campagne où elle choisit de se consacrer à sa vie de famille.  Sur le conseil de Truffaut, elle revient au cinéma en écrivant directement aux réalisateurs avec qui elle souhaite travailler. En 1969, Nelly Kaplan lui offre un rôle sur mesure avec La fiancée du pirate, succès international qui la remet en selle.

Bernadette Lafont - Et dieu créa la femme libre

Bernadette Lafont incarne à tout jamais l’image d’une femme indépendante, transgressive, libérée et « punk » à l’instar de la Marie de La maman et la putain (Jean Eustache), un de ses rôles majeurs. Son mari lui offrira pourtant son premier rôle à contre emploi dans un film méconnu, Paul, où l’intériorité de la comédienne semble surgir pour la première fois.

Pour raconter Bernadette Lafont, Esther Hoffenberg laisse la parole à l’actrice à travers des archives absolument formidables et des extraits de films. Elle s’adresse aussi directement à elle à certains moments dans une lettre imaginaire où elle lui témoigne son admiration. C’est beau et touchant, drôle aussi parfois. Et enfin tragique quand Bulle Ogier qui a perdu sa fille Pascale peu de temps avant que la fille de Bernadette, Pauline, disparaisse, évoque cette période sombre.

On découvre aussi à travers ses petites filles une femme simple, secrète qui cuisine en peignoir ou minaude sur le tapis rouge de Cannes. Dans une archive inédite, on la voit défendre avec virulence et passion le film d’Eustache face à Gilles Jacob : « En lisant le scénario, j’ai vu que c’était grand, que c’était du Bataille ».

Bernadette Lafont – Et Dieu créa la femme libre est un très beau portrait d’une actrice atypique qui a toujours préféré suivre son instinct sans concession. Le film est une belle invitation à se replonger dans sa filmographie et à découvrir des films aujourd’hui méconnus comme le pamphlet féministe Les stances à Sophie ou L’Eau à la bouche de Jacques Doniol-Valcroze. Dans une interview de l’époque, Nelly Kaplan s’insurge que l’on parle de « films de femmes » et non de films tout court. On a juste envie de dire à Esther Hoffenberg qu’elle a réalisé un très beau documentaire. Tout court.

Anne Laure Farges

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Note des lecteurs2 Notes
Documentaire
Réalisation et scénario : Esther Hoffenberg
Avec : Bernadette Lafont, Jean-Pierre Kalfon, Bulle Ogier,
Date de sortie : 18 mai 2016
Durée : 1h05min
4
Très bien

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