Arnie

[CRITIQUE] ARNIE (court-métrage)

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Rina Tsou fait de Arnie un savant mélange de mélodrame intime et de tragédie sociale sur l’immigration.

Fille d’un père taiwanais et d’une mère philippine, il y a forcément une grande dominante intime dans le court-métrage de Rina B. Tsou. En effet, ARNIE c’est l’histoire d’un pêcheur philippin à Taïwan – un peu comme ceux que Tsou a rencontré à de nombreuses reprises. Il vit, il rit, il boit : une routine simple mais finalement représentative d’une situation. ARNIE, ce n’est pas seulement l’histoire d’un homme, c’est l’histoire d’hommes.

Photo du film ARNIE
Lors de sa présentation à la Semaine de la Critique lors du dernier Festival de Cannes en 2016, Tsou s’étonna d’abord de la réception très sociale de son film, dont elle pensait le propos très culturel : on ne parle pas, en Occident, des relations compliquées entre Taïwan et les Philippines, et notamment des minorités ouvrières de cette dernière qui se mettent au service de la Petite Chine insulaire. Ce que l’on connait cependant, ici, en Europe, c’est l’immigration. Pas celle des philippins, mais celles des syriens, ou des maghrébins. Des populations réfugiées, ou pour des raisons politiques, ou parce qu’on leur a promis un travail. Le résultat est le même : un choc et un clivage culturel, la barrière de la langue et, au fond, un profond désespoir derrière la façade d’un sourire.
Tsou conte deux émotions : on pourrait parler de bonheur et de malheur, mais l’univers construit par la cinéaste n’est pas si polarisé que cela. Les deux extrêmes sont complémentaires, mais ils sont surtout crédibles. Le malheur tombe du ciel, inattendu et fracassant, et il détruit tout sur son passage. Il y a deux aventures humaines dans ARNIE : l’une sociale, politique, à grande échelle – l’autre intime, universelle, tragique. On pourra difficilement faire mélodrame plus humble.

Il y a un peu de Jia Zhang Ke dans ARNIE – comme son voisin du continent, Rina Tsou déconstruit sa bulle d’un coup violent. A défaut de déborder d’originalité (cela ressemble à n’importe quel autre film d’étudiant en cinéma), on peut trouver dans cette troisième tentative derrière la caméra un talent certain pour l’ellipse et l’écriture de personnages aux enjeux forts – la maîtrise est là et on tient ici peut-être l’une des futures grandes figures du cinéma taïwanais.

À voir aux Rencontres du cinéma taïwanais, le 9 février 2017 à 20h

KamaradeFifien

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