le fidèle
Crédits : Koch Films

LE FIDÈLE, un film de gangsters un peu tiède – Critique

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Prenez les deux comédiens les plus sexy de leur génération – Adèle Exarchopoulos et Matthias Schoenaerts -, plongez-les dans le milieu du gangstérisme belge et des braquages de banques, ajoutez à cela une dose de belles voitures qui roulent vite et saupoudrez de passion ; et vous obtenez LE FIDÈLE, le quatrième long-métrage de Michael R.Roskam.

Bibi (Béatrice) et Gigi (Gino) se rencontrent, tombent follement amoureux et vivent une folle passion dont la seule ombre au tableau est le secret de Gigi… Oui, Gigi est un gangster… Mais pour épouser Bibi, il est prêt à se ranger….Jusqu’a ce que son dernier casse le rattrape….

Avouons que sur le papier la formule est tout de même très alléchante, on se dit qu’en France il y en a eu peu des films comme ça, des films de gangster! Il y a eu Mesrine, le diptyque de Jean-François Richet, et puis… Et puis, pas grand-chose d’autre en fait (on n’osera pas remonter jusqu’à Cronenberg, De Palma, ou Scorsese, restons dans un calibre comparable, tout du moins à l’intérieur des frontières de l’hexagone)… Donc forcément, devant la rareté d’un film de ce genre dans le paysage cinématographique français, en tout cas francophone, une certaine hâte se fait sentir, surtout que Michael R. Roskam c’est le réalisateur de l’excellent Bullhead, avec déjà le tout aussi excellent Matthias Schoenaerts.

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Crédits : Koch Films

D’ailleurs de ce dernier, plus personne n’ignore le sex-appeal incandescent largement révélé entre autres dans De rouille et d’Os de Jacques Audiard ou Maryland d’Alice Winocourt (s’il ne faut en citer que deux, puisque toute sa filmographie en témoigne largement). Alors lui coller un rôle de voyou au cœur tendre,  surtout s’il forme un couple d’amants (qu’on espère terribles) avec Adèle Exarchopoulos : bouche entrouverte en toutes circonstances, œil avide de lubricité et débardeur trop large filant sur la peau satinée de sa poitrine tremblante, (à noter que depuis La Vie d’Adèle, Éperdument ou Orpheline, elle est à elle-seule une incarnation absolue de l’érotisme), rien n’est plus délectable. Alors, cela va sans dire, on a déjà chaud. De toute manière, rien qu’à l’affiche on sent déjà la bonne odeur de la testostérone qui baigne dans le danger, le rythme cardiaque qui s’accélère tantôt parce qu’on à les flics au cul, tantôt lorsqu’on rentre au bercail et qu’en enlevant sa cagoule de bandit on chevauche sa belle dans une étreinte bouillante. Bref, du danger, de la violence, du sexe et une histoire d’amour à couper le souffle on dit oui ! Oui ! Oh oui !Mais lorsque la lumière de la salle se rallume, le seul mot qui vient à la bouche est : dommage! C’est le flop, on a quand même bandé un peu mou et pas tout à fait atteint notre climax de spectateur… La faute à qui ? À personne, la réalisation est plutôt bien maîtrisée avec de belles chorégraphies de braquages, de belles lumières pendant l’amour et de beaux effets de vitesse en voiture -à noter une scène finale en plan séquence en toute honnêteté assez impressionnante et efficace cinématographiquement qui permet au film de finir sur une très belle note- et les comédiens font le job…

La question est plutôt la faute à quoi ? Et la réponse est assez simple: donnez de la soupe aux meilleurs comédiens de la terre et le résultat ne sera et ne restera à jamais que de la soupe ! Le véritable problème, outre évidemment un scénario qui tarde bien trop a s’intensifier (mais qui y parvient à la fin finalement), ce sont les dialogues! Ça parle faux, ça surjoue, ou sous-joue c’est selon. Dès l’écriture, Michael R. Roskam n’a pas su nourrir ses personnages d’une véritable psychologie, et c’est un vrai problème pour la performance d’acteur qui n’a pas de grain à moudre, mais surtout pour le spectateur qui ne peut jamais s’attacher à qui que ce soit !

Hormis via une scène d’ouverture en flash-back (méthode dénonçant quand même de la part du réalisateur une solution de facilité de l’écriture ou d’insuffisance), nous restons à la surface de nos héros et chaque mot dans leurs bouches est autant de sensation de mauvais jeu!

Le fidèle offre un final plutôt convaincant et reste l’occasion de voir réunis des comédiens qui parviennent, grâce à leurs auras respectives, à maintenir l’intérêt.

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Crédits : Koch Films

Il y a bien la présence de personnages secondaires – pareil, uniquement là pour faire le remplissage et balancer deux-trois phrases- qui tentent d’apporter un peu de matière aux héros, mais franchement ça ne suffit pas, et c’est véritablement regrettable parce qu’en cela, le scénariste-réalisateur prive son spectateur de l’émotion à laquelle son histoire parvient par ailleurs plutôt bien à l’inviter. Mais voilà, quand certaines scènes nous disent de pleurer, même avec la plus grande envie de sortir son mouchoir, les larmes ne montent pas, parce que finalement devant nous, une boite vide. Et c’est dommage !Dommage encore, parce qu’il y a un vrai potentiel dramaturgique dans LE FIDÈLE, Michael R. Roskam choisit de construire son film en triptyque, et c’est plutôt bien vu. Si dans les deux premières parties on peine vraiment à accrocher et qu’on voit défiler sous nos yeux quelque chose d’assez fade, la troisième est bougrement réussie !

L’histoire gagne enfin en densité, se teinte de noirceur, d’enjeux et de tension ; les comédiens excellent et atteignent l’intensité que leurs rôles méritent. Michael R. Roskam renoue alors avec l’animalité (au sens propre comme au sens figuré) de ses personnages et ça explose enfin (mention spéciale à Matthias Schoenaerts qui porte toute cette dernière partie sur ses épaules et prouve à quel point il est un acteur au large nuancier de jeu)!

Trente dernières minutes donc à la hauteur de ce qu’on avait espéré, mais trente minutes seulement… Il aura  fallu définitivement patienter trop longuement  pour que le film laisse une impression globale positive… Disons donc que même si, ni le film de gangsters à la française, ni la passion amoureuse, ne trouvent véritablement leurs lettres de noblesse dans ce film, LE FIDÈLE, offre un final plutôt convaincant et reste l’occasion de voir réunis des comédiens qui parviennent grâce à leurs auras respectives à maintenir l’intérêt.

Sarah Benzazon

Note des lecteurs12 Notes
Titre original : Le Fidéles
Réalisation : Michael R. Roskam
Scénario :Michael R. Roskam
Acteurs principaux : Adèle Exarchopoulos, Mathias Schoenaerts,• Date de sortie : 1 novembre 2017
Durée : 2h10min
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Tiéde

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