PRENDRE LE LARGE

[CRITIQUE] PRENDRE LE LARGE

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Une usine de textile délocalisée au Maroc, Sandrine Bonnaire en ouvrière déterminée à travailler coûte que coûte, Tanger en guise de décor, PRENDRE LE LARGE de Gaël Morel pourrait ressembler à un récit initiatique.  Pourrait seulement car on dirait davantage un téléfilm qui donne envie de rebrousser chemin plutôt que de prendre le large.

Edith a 45 ans et vit seule à Villefranche-sur-Saône. Son fils Jérémy vit à Paris avec son conjoint. Quand elle apprend que son usine va être délocalisée au Maroc, Edith refuse les indemnités de licenciement et préfère tenter sa chance à Tanger. Edith est le genre de femme pour qui il est inconcevable de ne pas travailler alors plutôt tout recommencer ailleurs que de pointer au chômage. Personne ne comprend son choix évidemment, en particulier son fils qui la croit devenue folle. Mais Edith est décidée, elle n’a « rien à perdre » et le grand départ approche.

Arrivent ensuite les premiers désenchantements, « l’accueil marocain » qui n’est pas celui qu’elle attendait dans sa petite pension, les vols à la tire, les conditions de travail déplorables, une hiérarchie basée sur la terreur de perdre son boulot. Edith tout d’abord seule à affronter ses désillusions trouvera très vite des appuis féminins et aussi celui d’Ali le fils de Mina (très beau Kamal El Amri), sa logeuse qui finit par se radoucir et l’accepter dans sa cuisine où aucun client n’est d’habitude convié.PRENDRE LE LARGEDans ce récit qui se veut initiatique, on ne croit pas à grand chose malheureusement tant chaque scène semble être un faire valoir à un scénario mal ficelé et téléphoné.  Bien sûr, Edith va morfler comme elle l’a toujours fait, bien sûr elle va trouver soutien et même mieux des nouveaux amis, bien sûr quand elle ne peut pas chuter plus bas, son fils viendra à son secours. Et c’est bien là que le regard de Morel est très occidental. Il montre une femme résignée, pas prête à se battre auprès de ses collègues de l’usine en France mais qui n’hésite pas à dénoncer sa supérieure qui ne semble pas alertée par les machines à coudre défectueuses.

Pourquoi Edith se bat-elle au Maroc et ne parait pas comprendre la peur de perdre son emploi qui lie toutes les ouvrières, là où elle-même est restée dans le silence au moment des grèves ? Peut être parce que quand elle perd son travail, elle a encore le choix. Celui de rentrer dans son pays. Mais quel choix pour Karima, également licenciée pour vol à part se prostituer ?

Gaël Morel ne pose aucun point de vue, son sujet étant le parcours de cette femme en quête de renouveau et d’aventures. Très bien me direz-vous. Mais alors pourquoi poser autant de clichés si ce n’est pour tracer la route de son héroïne là où Morel veut l’emmener ? Peu importe la véracité, les clichés nombreux véhiculés, les invraisemblances, Sandrine Bonnaire n’est là que pour incarner un personnage et non pour emmener le spectateur avec elle. Dommage, on attendait autre chose de Morel et de Bonnaire sur un sujet pourtant fort.

Critique publiée le 6 novembre lors de sa projection au Arras Film Festival 2017

Anne Laure Farges

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Note des lecteurs6 Notes
Titre original : Prendre le large
Réalisation : Gaël Morel
Scénario :Gaël Morel
Acteurs principaux : Sandrine Bonnaire, Mouna Fettou, Kamal El Emri
Date de sortie : 8 novembre 2017
Durée : 1h43min
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Décevant

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