soleil de plomb
© Bac Films

[CRITIQUE] SOLEIL DE PLOMB

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Mise en scène
7
Scénario
7
Casting
6.5
Photographie
7
Musique
6.5
Note des lecteurs4 Notes
7.3
6.8

Raconter trois histoires d’amour à travers trois époques, le réalisateur taïwanais Hou Hsiao-hsien s’y était déjà attelé avec succès dans le très beau Three Times (2004). La sublime Shu Qi et l’envoûtant Chang Chen, à travers leurs personnages, se rencontraient successivement en 1966, 1911 et 2005 et vivaient des romances variées sous fond d’amour impossible. De la même manière, Dalibor Matanić filme dans SOLEIL DE PLOMB deux acteurs pour interpréter trois personnages chacun. Mais si Three Times utilisait la passion à trois temps pour observer des époques très variées, SOLEIL DE PLOMB, reparti avec le Prix du jury de la sélection Un certain regard à Cannes en 2015, a pour ambition d’apporter un regard sur le conflit des Balkans et la haine inter-ethnique.

Trois décennies se succèdent donc ici. 1991, où le début de la guerre de l’ex Yougoslavie (en Slovénie, Croatie et Bosnie) rend l’amour impossible entre Ivan et Jelena, deux jeunes gens issus de deux villages voisins. 2001, la guerre est terminée depuis peu, mais a laissé des traces sur Natasa et Ante qui se renvoient malgré eux au souvenir du conflit. Enfin 2011, où la guerre est un lointain souvenir, Luka revient au pays, espérant retrouver Marija.

Photo du film SOLEIL DE PLOMB
© Bac Films

Le réalisateur aborde son œuvre comme une succession de trois courts métrages, pouvant être vus indépendamment les uns des autres, tout en les liant avec une certaine délicatesse – par le décor notamment, comme le lac, lieu commun aux trois histoires. En nous plongeant de manière directe dans la vie de ses protagonistes, et en ayant recours aux deux mêmes interprètes, SOLEIL DE PLOMB peut provoquer d’abord une certaine confusion. Confusion qui s’avèrera bénéfique, donnant au film un agréable sentiment d’étourdissement. Les visages sont les mêmes, seuls les noms changent, de même que le caractère des uns et des autres, influencé évidemment par les événements. Ainsi, entre la première et la seconde partie, découvrir Tihana Lazović (l’interprète féminine) dans deux rôles aux antipodes a de quoi perturber. Mais ce malaise rend le travail du réalisateur et scénariste d’autant plus louable. Montrant ainsi sa capacité à provoquer inlassablement l’empathie par la fragilité de tous. Il est évidemment difficile, après s’être attaché à Jelena (partie 1), jeune fille pleine de vie, sublimée par la caméra de Matanić dès les premiers plans dans un lac près d’une campagne reculée, d’accueillir Natasa, femme froide et dure marquée par la mort de son frère (partie 2). Mais Dalibor Matanić l’aborde avec la même sensibilité et rend compréhensible son attitude en raison des circonstances.

« Une capacité à provoquer inlassablement l’empathie par la fragilité de tous. »

De même, on laissera Ivan à son destin tragique pour faire la connaissance d’Ante, engagé pour remettre à neuf la maison de Natasa et sa mère. L’interprète Goran Marković, ayant trois rôles nécessitants un jeu sans grande variation, reste tout du long attachant et extrêmement humain. « Les miens ont tué ton frère, les tiens ont tué mon père » dira Ante pour répondre à la colère de Natasa. Une phrase riche de sens, qui montre ces personnages comme des dommages collatéraux qui en viennent à se détester sous l’influence des actions d’autrui. Intelligemment le réalisateur ne pointe pas un pays plutôt qu’un autre. Utilisant de simples déterminants (« les siens », « les leurs » reviennent inlassablement) pour montrer l’opposition des deux peuples. Il parvient ainsi à capter une réalité historique tout en se concentrant sur ses personnages et leur évolution. Si on regrette une certaine longueur sur la troisième partie, on reste marqué par la lumière chaude et naturelle qui enveloppe SOLEIL DE PLOMB. Matanić filme l’ensemble de manière subtile et sensuelle, laisse un regard ou une caresse nous en dire bien plus que les mots. Un film enivrant (à l’image de la superbe séquence de fête, partie 3) qui ne perd en rien sa valeur de témoin.

Pierre Siclier

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

[divider]INFORMATIONS[/divider]

[column size=one_half position=first]

Affiche du film SOLEIL DE PLOMB

[/column]

[column size=one_half position=last ]

Titre original : Zvizdan
Réalisation : Dalibor Matanić
Scénario : Dalibor Matanić
Acteurs principaux : Tihana Lazović, Goran Marković, Nives Ivanković
Pays d’origine : Croatie, Serbie, Slovénie
Sortie : 30 mars 2016
Durée : 2h03min
Distributeur : Bac Films
Synopsis : Soleil de Plomb met en lumière trois histoires d’amour, à travers trois décennies consécutives, dans deux villages voisins des Balkans marqués par une longue histoire de haine inter-ethnique. Soleil de Plomb est un film sur la fragilité – et l’intensité – de l’amour interdit.

[/column]

[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

Nos dernières bandes-annonces

Rédacteur

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mise en scène
Scénario
Casting
Photographie
Musique
Note finale