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TUEURS NÉS, fascinant – Critique

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Tueurs-Nés. Voilà un film qui déclencha les passions les plus diverses à sa sortie en 1994. Certains y voyaient une apologie de la violence, d’autres un pamphlet dénonciateur contre la violence, la puissance de l’image et la surconsommation. Quoiqu’il en soit, sans mâcher ses mots, Oliver Stone nous dirige sans concession vers l’une des critiques les plus virulentes que le cinéma ait jamais osé retranscrire sur grand écran.

Lointainement adapté d’un scénario de Quentin Tarantino (ce dernier reniera en bloc les choix scénaristiques et visuels d’Oliver Stone et les deux hommes resteront très longtemps fâchés à cause de ce film), Tueurs-Nés est l’odyssée sanglante d’un couple sanguinaire se retrouvant du jour au lendemain sous les feux des projecteurs et porté au rang d’idoles. Systématiquement banni à sa sortie et décrit comme une incitation à la violence comme l’avait été quelques années plus tôt Orange Mécanique, Tueurs-Nés se révèle être un chef d’œuvre satyrique qui fit trembler de tous son long la grande et imperturbable société américaine, société bien entendu irréprochable et blanche comme neige.

Illustration incontournable d’une guerre délibérément ouverte contre la société, Tueurs-Nés est avant tout un ébouriffant exercice visuel effectué avec une habileté incroyable par un Oliver Stone qui a certainement découvert les vertus des champignons hallucinogènes. Ici, pas besoin d’y aller avec des pincettes, on entre directement le vif du sujet avec une déferlante de violence et de dialogues à prendre au 50ème degré. Pendant près de deux heures un rythme infernal se propage de scènes en scènes où images et scènes de toutes sortes se succèdent à une vitesse hallucinante dans un style très artistique et diversifié (manga, passage couleurs, noir et blanc, image ternie…). Oliver Stone s’est fait plaisir et ça se ressent à chaque instant.

Un très grand film, qui exerce un extraordinaire pouvoir de fascination sur le spectateur.

Côté acteurs, Tueurs-Nés fait également des miracles. Chacun livre dans ce film l’un des ses meilleurs rôles, chacun a dû s’investir à 300% pour habiter complètement son personnage. Woody Harrelson aurait mérité une nomination aux Oscars pour ce rôle, Juliette Lewis est pour une fois très convaincante, Tommy Lee Jones est magnétique en directeur de prison torturé et pervers, Tom Sizemore est pas mauvais du tout en flic devenant une idole de ses proies et Robert Downey Jr. est simplement hypnotisant en magna des médias prêt à tout pour décrocher un scoop et faire les premiers titres. Chacun est un véritable électron libre à sa façon et le film n’aurait sans doute pas eu la même saveur sans la présence de chacun de ses poids lourds du cinéma (premiers rôles et seconds couteaux confondus).

Saluons pour finir une excellente bande-originale qui colle parfaitement avec chaque situation, chaque ambiance mise en scène. Au programme nous retrouvons des artistes aussi variés que Bob Dylan, Dr. Dre, Russel Means, Jane’s Addiction qui confèrent une saveur unique à ce métrage qu’il sera décidément bien difficile d’oublier.

Sulfureux, scandaleux, dérangeant, choquant, Tueurs-Nés est un portrait au vitriol d’une société décadente, une critique corrosive et cynique d’une violence gratuite glorifiée par les médias, un métrage coup de poing, une œuvre déroutante, déchaînée, surréaliste.

Oliver Stone impose ici sa patte, son regard cynique et sa démesure dans ce qui est certainement le plus audacieux de ses films. Il démonte nos bonnes consciences en nous offrant une vision apocalyptique de notre société. Diaboliquement efficace et jouissif. Sans contestation possible l’un des films les plus marquants de sa génération.

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