[critique] Very Cold Trip

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La vie est belle pour Janne, un jeune trentenaire finlandais… Il ne fait rien de ses journées. Sa fiancée Inari n’en peut plus et lui pose un ultimatum : soit il trouve un décodeur tv avant l’aube – elle le lui réclame depuis longtemps – soit elle le quitte. Janne n’a plus le choix : il se lance avec ses deux meilleurs amis sur les routes enneigées de Laponie ; des routes semées de surprises et d’embûches où sa fainéantise légendaire ne lui sera pas d’une grande aide.

Note de l’Auteur

[rating:5/10]

Date de sortie : 9 février 2011
Réalisé par Dome Karukoski
Film finlandais
Avec Jussi Vatanen, Jasper Pääkkönen, Timo Lavikainen, Pamela Tola, Kari Ketonen, Mia Nuutila, Moa Gammel
Durée : 1h35min
Titre original : Lapland Odyssey
Bande-Annonce :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=iUEyH-aIy1E[/youtube]

Mine de rien, on n’entend pas souvent parler de la Finlande. La politique générale y est plutôt la discrétion, et en matière de culture l’exportation ne semble pas être une priorité absolue. On sait que les Norvégiens ont des milliers de groupes de metal et que les Suédois ont des jolies filles et Stieg Larsson, mais qu’ont les Finlandais ? De la neige ? Les Moomins ? Il y bien Aki Kaurismaki, qui s’est fait une petite place dans l’histoire du cinéma, mais Leningrad Cowboys commence à dater, et on est tout de même assez loin de la notoriété de bombes comme Morse ou la trilogie Millenium. Certes, il y a quelques mois, on a vu traîner ici et là quelques affiches pour Divorce A La Finlandaise de Mika Kaurismaki, mais devant une critique moyenne et un public peu enthousiaste, elles sont reparties comme elles étaient arrivées : dans l’indifférence générale.
En ce début d’année 2011, le couvert est remis avec une comédie au titre subtilement accrocheur et providentiellement familier : Very Cold Trip. L’histoire d’un type, Janne, menacé de rupture par sa petite amie s’il ne trouve pas un décodeur avant le lever du jour. Le film est construit sur un principe de road movie ultra basique, c’est-à-dire un bête enchaînement de péripéties le long d’un itinéraire. Forcément, c’est un peu léger comme construction et on a vite le sentiment que le scénariste aurait pu en ajouter ou en retirer sans que la structure fondamentale de l’intrigue s’en trouve altérée. Mais bon, on est dans une comédie, donc mieux vaut ne pas être regardant sur la qualité de l’écriture, quitte à l’être plus sur la qualité de l’humour.

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Comme les films venus de Finlande ne courent pas les rues, ceux qui arrivent jusque chez nous suscitent de la curiosité et quelques espoirs de fraîcheur : on s’attend à de l’exotisme, à du décalage. En tout cas quelque chose de différent de ce qu’on trouve en France ou aux Etats-Unis, n’importe quoi qui sorte de l’ordinaire et qui fasse péter nos conventions. Un coup dans l’eau : malgré une très bonne séquence d’ouverture, l’humour noir est plutôt convenu, les dialogues ne sont pas spécialement bien taillés, le décalage manque d’audace… Rien qu’on n’ait déjà vu ailleurs des douzaines de fois.
Mais il y a encore pire : en matant Very Cold Trip, on se convainc que le problème de la comédie est international. Force est de constater que, quelle que soit leur nationalité, les cinéastes ne peuvent pas s’empêcher de fourrer grossièrement leurs films de bons sentiments, d’un soupçon de drame humain, d’une belle histoire romantique pour que les couples de tous pays, assis côte à côte sur les love seats d’un MK2, puissent enlacer leurs doigts en s’échangeant un regard complice qui brillera dans l’obscurité d’une salle obscure… alors qu’en fait, les aspects humains d’une comédie, c’est juste chiant.
Et vu que Very Cold Trip est la première comédie de son réalisateur, il regorge de drames humains, comme s’il n’était pas encore prêt à tourner définitivement la page. Un des personnages doit gérer un Œdipe mal digéré avec une mère ultra possessive, un autre est obsédé par le suicide de son père, et voilà que le personnage principal féminin [whoops, spoiler]… sacré cerise cliché sur un gâteau déjà bien fourni. Au final, le seul à ne pas posséder de personnalité est le personnage principal… dommage, mais est-on encore à un mauvais calcul près ?

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Le vrai problème du drame dans la comédie, c’est que le dosage est compliqué, car si jamais le réalisateur a le malheur de susciter une empathie trop grande du spectateur envers son personnage, il n’est plus capable de rire de ses malheurs, et tous les gags sont foutus. C’est là que Karukoski se chie dessus : il est incapable de se décider s’il compatit avec Janne ou s’il se fout de sa gueule, et nous, en attendant qu’il fasse son choix, on s’emmerde devant un personnage sans relief. Car si c’est autour de lui qu’est censé tourner le film, Karukoski ne prend pas assez le temps de nous le présenter pour qu’on perçoive le changement qui s’opère dans sa psychologie. En un mot comme en cent : le traitement du personnage est foireux, puisqu’on ne perçoit pas son évolution tout en étant forcé de constater que c’est l’élément-clé de l’émotion qu’on est supposés ressentir (mais qui ne vient jamais). Pendant que ses deux potes semblent avoir effectivement avancé, lui donne l’impression d’être resté immobile, simplement parce que le réal n’a pas su prendre assez de temps pour nous montrer ce qu’il était à la base. Erreur de débutant.
Comment, à partir de ce moment-là, Very Cold Trip pourrait-il fonctionner ? Une comédie en forme de road movie initiatique qui fait du sur-place ne risque pas d’emmener son public où que ce soit. Coincés au point mort, on voit défiler autour de nous quelques blagues et une ou deux scènes qui valent le coup ; on rit de temps en temps, on profite de l’indiscutable qualité de la BO puis, dès le début du générique de fin, on se tire, la tête déjà ailleurs. Ce n’était ni un bon ni un mauvais moment à passer, juste un moment d’inertie totale. Espérons que ce n’est pas ça la spécificité finlandaise…

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