Critique du film Shokuzai réalisé par Kiyoshi Kurosawa avec Kyoko Koizumi, Yu Aoi, Eiko Koike, Sakura Ando, Chizuru Ikewaki

[critique] Shokuzai

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Affiche du film SHOKUZAI

Une fillette, la petite Emili, nouvellement arrivée dans une école, se lie d’amitié avec quatre autres. Un jour, alors qu’elles jouent ensemble dans la cour de l’école, Emili suit un homme pour l’aider dans son travail. Il l’assassine dans le gymnase tandis que ses amies l’attendent. Sous le choc, elles sont toutes incapables de se souvenir du visage de l’assassin. La mère d’Emili les condamne alors à la pénitence. Quinze ans plus tard, elles restent profondément marquées, chacune à leur manière, par cet épisode de leur enfance.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 29 Mai et 5 Juin 2013
Réalisé par Kiyoshi Kurosawa
Avec Kyoko Koizumi, Yu Aoi, Eiko Koike, Sakura Ando, Chizuru Ikewaki
Film japonais
Durée : 2h00min + 2h30min
Titre original : Shokuzai
Bande-Annonce :

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Kiyoshi Kurosawa a connu la notoriété internationale avec Cure, en 1997. Ceci grâce à des projections en festivals. Ceci a permis au réalisateur japonais de grimper les échelons. Puis de sortir Charisma et Kaïro dans les trois années qui suivirent. Il fait parti de ces réalisateurs asiatiques très apprécié des cinéphiles. Et ces derniers peuvent être heureux, car Kiyoshi Kurosawa est de retour sur les grands écrans. La chaîne de télévision Wowow a commandé une série au cinéaste. Adaptation d’un roman de Kanae Minato, la série est composée de cinq épisodes.

Mais Wowow a désiré la présenter au festival de Venise. Pour cela, Kiyoshi Kurosawa en a fait deux films. Le premier de deux heures, et le second de deux heures et trente minutes. Il y a forcément eu des coupures. Mais le plus important est que, pour bien comprendre le second film, il faut absolument avoir vu le premier. Ce qui est logique. Mais voilà, l’histoire n’est installée et introduit que dans le premier film. Le second film débute exactement là où s’est arrêté le premier. Dommage. Un récapitulatif aurait été appréciable.

Et je fais une seule critique, pour deux films. Etant donné que c’est une série réunie en deux films, cela n’a pas beaucou d’importance. Et surtout, chaque épisode se ressemble dans le traitement. Je dis ceci car les deux films souffrent de la retranscription télévision – cinéma. Premièrement, ça se voit dans la narration. Il s’agit d’une bête retranscription, donc les épisodes sont plus que visibles. Kiyoshi Kurosawa ne s’est pas embêté, il a inséré des chapitres dans ses films. Alors la narration se retrouve avec des chapitre un, chapitre deux… jusqu’au chapitre six.

La retranscription télévision – cinéma aurait pu avoir plus de travail, ça aurait été très appréciable. Le spectateur ne vient pas dans une salle de cinéma pour voir une série… Car ça se voit à l’image aussi. Autant le chapitrage peut être apprécié, autant l’image sera dévaluée. Non complètement laide, mais lourde et tâchée par de nombreux pixels assez souvent. Un format élargi pour le grand écran, surement la cause. Mais cela n’empêche pas aux films d’avoir une très belle mise en scène. Voyons maintenant comment se comporte les films par chapitre.

Photo du film SHOKUZAI

Décomposition et rédemption dans une société fantôme. Malgré une belle réalisation, les films souffrent de la retranscription tv-cinéma.

Le premier chapitre sert d’introduction. J’inclus le prologue avec ce chapitre. Car on reste sur la même idée. Kiyoshi Kurosawa nous installe tranquillement les choses. Le spectateur a un récit simple devant lui, afin de bien saisir les bases. On fait dans le drame et le thriller à la fois. Dans le meurtre et le choc post-meurtre. Le réalisateur japonais nous offre avec cela une mise en scène calme. Il ne veut pas provoquer la tension dès le début. C’est tout à son honneur, puisqu’il s’agit ici d’un pilote de série.

Dans le deuxième chapitre, le suspense, les rebondissements arrivent et le rythme commence à s’accélérer. Ce qui est fort appréciable avec ce chapitre, c’est que Kiyoshi Kurosawa s’amuse déjà autour d’une énigme. Un mystère qui entoure un événement marquant du premier chapitre. Même si on peut rapprocher que la vérité éclate trop vite vis-à-vis de la durée du film, ce mystère n’était en rien des plus important. Et dès ce chapitre, Kiyoshi Kurosawa nous met en scène des personnages dans une sorte de labyrinthe. Un labyrinthe tout aussi bien physique (l’appartement est vaste rempli d’objets douteux) que moral.

Tout comme dans le chapitre trois, les jeunes femmes sont victimes de leurs névroses. Ces névroses permettent à Kiyoshi Kurosawa de bien décomposer ses personnages. Ceci de manière à les étourdir dans leur culpabilité, à leur faire du mal avec leurs troubles psychologiques. Bien que de nombreuses années sont passées après le meurtre, le passé marque pour toujours. Et c’est là que tout ce qui est contenu à l’intérieur, va ressortir à l’extérieur.. A noter la grande maitrise du cinéaste dans la scène de la piscine.

Dans le chapitre quatre, premier chapitre du second film, Kiyoshi Kurosawa ne déroge pas à la règle. Je parle ici de la règle qu’il suit depuis le début de la série. Chaque épisode a sa propre protagoniste, sa propre intrigue. Et ce que l’on peut confirmer, c’est que les personnages sont installés dans une société particulière. Dans cette société où tout n’est qu’illusion, où toute règle a disparu, où tout le monde est faux. Kiyoshi Kurosawa nous décrit ici une société fantôme.

Chapitre cinq, avant-dernier chapitre. Une dernière protagoniste à part. Encore un peu plus, le cinéaste nous stigmatise la pensée des femmes. Mais aussi cette façon dont elles sont enfermées par les hommes. Ces hommes, qui sont le sexe supérieur, et estiment avoir le pouvoir nécessaire pour dominer la femme. Avec sa mise en scène angoissante, remuante, nerveuse et vertigineuse, Kiyoshi Kurosawa fait du traumatisme une libération qui permet la rédemption.

Le dernier chapitre, c’est la conclusion de l’histoire. Le pire dans ce chapitre, c’est que le rythme retombe petit à petit. Pas totalement prenante, cette partie reste un grand moment de mise en scène. En effet, les dialogues ne volent pas haut, surtout pour un affrontement final. Twists et conséquences, mais un scénario trop plat pour réellement impressionner. Ce qui est fascinant, c’est la retenue dont fait preuve Kiyoshi Kurosawa. Très loin des passionnants chapitres précédents, celui-ci n’est autre qu’un season finale où il faut tout révéler. De cette manière, ce chapitre est très explicatif. Il y a tant à dire, alors on préfère parler que réellement passer à l’acte. Et c’est dans cet ultime chapitre revient la culpabilité et la pénitence.

Photo du film SHOKUZAI

Finalement, le diptyque Shokuzai est assez étrange. Car les quatre chapitres centraux nous montre ce que sont devenus les petites filles témoins du meurtre, mais Kiyoshi Kurosawa en oublie la pénitence et la culpabilité. Ce qui est pourtant le thème du récit. Mais cela n’en reste pas moins passionnant, tant par ses actrices, que par son traitement des personnages. La narration de chaque chapitre est parfaitement développée, tout est simple pour suivre correctement la décomposition des personnages. Des personnages dans une société fantôme, où névroses, psychologie et rédemption sont de mises. Une fascinante mise en scène, mais une réalisation qui souffre trop de la retranscription télévision – cinéma.

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