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DEAR WHITE PEOPLE, saison 2 : portrait d’un combat complexe – Critique

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Dear White People saute tête la première dans le grand bain avec une saison 2 plus engagée que jamais. Enrichie de nouvelles thématiques, la série gagne d’une maturité qui lui manquait jusqu’à lors.

Si la bataille a été remportée par Samantha White et le dortoir A.P lors de la première saison, la guerre ne fait que commencer. Dans cette deuxième partie, l’ordre est chamboulé. Troy Barnes est pratiquement renié par son père et ne fait plus partie des têtes décisionnaires du campus, Lionel Higgins ne travaille plus pour The Independent et le dortoir A.P n’est plus du tout comme avant. Dans ce tout nouveau chaos, un groupe d’étudiants majoritairement blancs décident de répliquer. Se cachant derrière la bannière du compte Twitter, « @AltIvyW », ils mettent en avant une discrimination anti-blanc sévissant, selon eux, à Winchester. Tout ça sur fond de réflexions racistes à l’encontre des africains-américains de l’université, et en particulier : Samantha White. Celle-ci part en croisade contre son nouvel ennemi virtuelle.Photo de la série DEAR WHITE PEOPLESi on pouvait reprocher une certaine timidité compte tenu des ambitions de la série, ce n’était vraisemblablement que pour mieux préparer la seconde partie. Que ce soit en matière de scènes, de cadres, d’enjeux ou de thématiques abordées, DEAR WHITE PEOPLE est une véritable explosion d’idées et de fraîcheur.

Avec Wes Anderson comme principale inspiration, Justin Simien, réalisateur du film éponyme et showrunner de la série, soigne sa réalisation et ses cadres. DEAR WHITE PEOPLE fonctionne par opposition. La série s’efforce de garder une esthétique colorée, pleine de vie et de fantaisie contrastant avec la dureté de ce qui se passe entre les murs de Winchester.  Simien construit ses cadres avec une symétrie irréprochable, rappel d’une institution rigide dans lequel évolue ses personnages. Les contrastant avec les multitudes de plans décadrés, véritable décalage entre les personnages et leur propre environnement.

« Une deuxième partie sous le signe d’un renouveau narratif. »

Un apprentissage des rouages du format série réussit pour Simien.  La trame principale de DEAR WHITE PEOPLE est la recherche de la (ou les) personne(s) cachée(s) derrière ce mystérieux compte Twitter. À l’image d’un Twin Peaks sur-vitaminé, la série s’en sert de colonne vertébrale pour ensuite poser son regard sur tout le beau monde qui grouille à Winchester. Et enfin multiplier les sous-intrigues. Gagnant d’une diversité de thématiques qui manquait cruellement à la première partie.

La lutte contre le racisme toujours au centre de l’histoire, DEAR WHITE PEOPLE explore enfin pleinement ce qu’elle s’est efforcée de mettre en place. Enrichissant son univers de sujets comme : le deuil, les premières relations homosexuelles (Sexuellement mais aussi émotionnellement parlant), l’avortement, l’intégration, le Cyber-Bullying, la misogynie, l’héritage ou encore la recherche de soi. La série dépasse son simple statut de message politique pour devenir une oeuvre à part entière. On peut se reconnaître, selon notre sensibilité, soit dans son problème principal (le racisme) ou bien dans les dizaines d’autres qui ponctuent la vie de tous ces jeunes adultes. D’un tour de force, on oublie que l’on regarde la prochaine élite de la société. On ne voit que la détresse d’adolescents qui luttent pour ce qu’ils croient être juste. On nous présente un combat idéologique où il est difficile de délimiter qui a raison et qui a tort.Photo de la série DEAR WHITE PEOPLECette vision manichéenne du combat « Noirs contre les Blancs prend » un tournant très intéressant avec l’ouverture du dortoir A.P (initialement fréquenté par les afro-américains du campus) à l’ensemble des ethnies de Winchester. Démarrant une sorte de statu quo à l’enceinte même du bâtiment où s’organisait la rébellion. Simien dépeint avec humour les tentatives entre les deux camps pour renouer le contact, se moquant par moment de la naïveté des étudiants blancs puis d’une certaine hypocrisie des étudiants noirs. Tous ne semblent pas tant vouloir que les choses s’améliorent.

Le combat n’est plus aussi simple que lors de la première partie. Les divisions à l’intérieur même de la communauté afro-américaine du campus se font plus marquées et virulentes. Presque incorporé par le personnage de Trevor, complètement déconnecté de la réalité. Ou par la volonté de fer de Gabe Mitchell de comprendre le problème et de trouver une solution. Les réponses aux problèmes posés par l’auteur semblent lui échapper, lui ainsi que l’ensemble de sa propre Writers’ Room. Et c’est tant mieux.

Le regard du réalisateur sur son univers valse entre auto-dérision et émancipation, moqueries et revendications, impuissance et prise de position. La série en devient rafraîchissante. DEAR WHITE PEOPLE est une preuve que l’on peut adresser un message militant de manière drôle et pertinente. Que l’on peut se regarder et se critiquer sans minimiser l’importance du combat. Et quand c’est accompagné d’une réalisation aussi soignée, que demander de plus ?

Kensley JULES

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Note des lecteurs3 Notes
Titre original : DEAR WHITE PEOPLE
Créateur : Justin Simien
Scénario : Leann Bowen, Njeri Brown, Chuck Hayward & Justin Simien
Acteurs principaux : Logan Browning, Brandon P Bell, DeRon Horton, Antoinette Robertson, John Amedori & Ashley Blaine Featherson
Date de sortie : 4 Mai 2018
3.5
Excellent

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