LEGION

[CRITIQUE] LEGION – pilote

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Par sa richesse visuelle et son récit qui aborde la schizophrénie avant les super pouvoirs, le pilote de Legion met la barre très haute.

Bien que la FOX ait annoncé une série X-Men réalisée par Bryan Singer (le papa de la saga cinématographique), on retient pour l’instant sa petite sœur LEGION – produite par la chaîne FX, filiale de la FOX -, aussi liée à l’univers X-Men, et qui avec son pilote vient de frapper très fort !
Une première scène se déroule par une succession de transitions en fondus enchaînés. On y découvre un enfant qui grandit tandis que la caméra ne cesse de reculer par un travelling, de manière à provoquer un effet de faux plan séquence. Des images d’abord de béatitude – un bébé joyeux, des enfants en vélo, une coupe brandie. Puis l’enfant passe à l’adolescence. Il devient violent, explosif, et laisse entrevoir sa folie. On arrive finalement à l’âge adulte. La caméra va désormais en travelling avant vers l’homme qui secoue une boite de médicaments, tandis qu’un brouhaha de voix en off se fait entendre. Tout se passe au ralenti avec en fond sonore le morceau Happy Jack des Who, dont les paroles et la musicalité (basse et batterie) font écho à ce qui se déroule sous nos yeux. Deux minutes se sont écoulés, et déjà LEGION a réussi à nous piquer à vif.

On y découvre alors David Haller (le fils de Charles Xavier dans les comics), un jeune homme diagnostiqué schizophrène et interné dans un hôpital psychiatrique après une tentative de suicide. Assez vite on supposera que David dispose d’un pouvoir de télékinésie. Mais en l’abordant sous le prisme de la folie, le pilote laisse planer le doute durant sa première partie. Est-ce une réalité ou simplement l’imagination d’un homme malade ?

LEGION

On sent assez vite chez Noah Hawley (créateur de la série et réalisateur du pilote) l’envie de proposer quelque chose de fort en termes de mise en scène. Déjà remarqué avec la série Fargo, il récidive ici en allant piocher au fil des scènes, autant du côté de Twin Peaks ou de Terry Gilliam, que de la stylisation de Nicolas Winding Refn ou Gaspar Noé. Jouant sur l’étrangeté des décors, observés du point de vue de David. Le tout, en gardant une certaine drôlerie dans le ton, rendant la folie des personnages immédiatement attachante. D’autant qu’au sein de l’hôpital psychiatrique, LEGION va un temps se diriger vers la romance. Celle entre David (génial Dan Stevens) et l’énigmatique Sydney qui refuse catégoriquement qu’on la touche. Il peut y avoir quelque chose de formidable dans la folie (on se souvient dernièrement de Folles de Joies). Et c’est bien évidemment le parti-pris de Noah Hawley qui observe avec une certaine ironie cette relation improbable (telle Pushing Daisies) entre les deux patients, qu’il rend attachante tandis que se fait entendre She’s a Rainbow des Rolling Stones. Mais le showrunner ne perd jamais de vue son sujet en gardant toujours une pointe d’onirisme dans des détails qui viennent nous accrocher la rétine. Comme cette espèce de larsen visuel, une lumière aveuglante placée juste derrière Sydney lors de sa première conversation avec David. Nous sommes chez les fous, ce n’est pas une partie de plaisir, et on ne risque pas de l’oublier.

[bctt tweet= »« LEGION tiendra-t-elle sur la durée ? En tout cas son pilote est proche de la perfection » » username= »LeBlogDuCinema »]

Vient alors un basculement, à la moitié de ce premier épisode, avec un plan-séquence rapide qui révèlent les coulisses d’un interrogatoire subi par David. Jusque-là, LEGION se détachait grandement de l’univers (X-Men) dont elle est issue, mais y revient avec une vraie personnalité et en toute virtuosité. Des mouvements de caméra, un changement de format, une vue à la première personne, une séquence cauchemardesque mise en lumière par des néons rouges et bleus… Cette richesse de la mise en scène est destinée à nous faire tourner la tête et à nous maintenir dans le même état d’esprit que David qui, jusqu’aux dernières minutes, doutera de la réalité qui l’entoure. Et c’est bien la force de ce pilote qui s’attarde avant tout à développer le principe de schizophrénie, à le pousser à l’extrême (il y aura un changement de corps, idée remarquable !), et à le faire ressentir au-delà même du récit.

Bien sûr il ne s’agit là que d’un premier épisode et on ne peut encore savoir si les sept prochains de LEGION garderont cette vivacité. Si la thématique des mutants et des super-héros ne viendra pas faire défaut en devenant trop présente – en dépit d’une l’ambiance eigthies qui devrait charmer. Mais il faut avouer que, même avec de nombreuses séries de qualité produites actuellement, on n’avait pas pris autant de plaisir depuis longtemps. Car c’est avant tout le plaisir de son créateur qui se fait ressentir (ce passage dansé sur Pauvre Lola de Gainsbourg), mais sans jamais nous mettre de côté, bien au contraire. Et même si la suite venait à décevoir, ces soixante-sept minutes se suffisent presque ainsi. De quoi laisser dire qu’il pourrait s’agir du meilleur pilote d’une série, ou du moins d’une des meilleures adaptations de l’univers des super-héros, tout médium confondus.

Pierre Siclier

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Note des lecteurs6 Notes
Diffusion : 8 février 2017 (USA) / 25 avril 2017 (France)
Créateur : Noah Hawley
Acteurs principaux : Dan Stevens, Rachel Keller, Aubrey Plaza
Diffuseur : FX (USA) / OCS Max (France)
Format : 8x60min
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Note finale

  1. Vertigineuse aventure cérébrale! L’équilibre entre malaise et jubilation est d’une rare maîtrise. Intelligente et inventive, divertissante et divinatoire, cette série est un vrai régal.

  2. Pour ma part, je trouve que c’est une véritable pépite. Mon enthousiasme ne retombe pas alors que je viens d’achever le septième épisode. Des bonnes séries, ces dernières années, il y en a eu des tas. Des séries qui me surprennent comme l’a fait Legion, je pourrais pas en dire autant !
    Et puis, je suis contente de retrouver Aubrey Plaza dans un rôle aussi… fou. Le billet parle du passage chanté de « Pauvre Lola », j’ai également retenu, en ce qui me concerne, le passage dansé d’Aubrey sur Nina Simone das l’épisode 6 ou 7 (j’ai un doute).

    1. Bonjour,
      Merci pour votre message. Exactement, la série a réussi à garder une cohérence sur l’ensemble tout en donnant à chaque épisode une personnalité particulière. Et il me semble que la fameuse danse se déroule dans l’épisode 6, pour moi aussi un grand moment.