Hero Corp
© Calt Production

[CRITIQUE] HERO CORP – saisons 1 à 4

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Hero Corp, une bonne alternative comique et originale au genre super-héros, omniprésent depuis plusieurs années.

HERO CORP, c’est l’histoire d’un groupe d’anciens super-héros, réfugié dans un petit village en Lozère, isolé de tout pour vivre des jours paisibles. Seulement une vision de l’un des membres pousse ces retraités à reprendre du service et à faire appel à John (Simon Astier), un jeune homme lambda qui ignore tout des pouvoirs des gens du village, mais également des siens qui s’apprêtent à se manifester. Après avoir pris connaissance de son destin, John apparaît comme le leader. Ensemble, ils devront affronter de nombreux « supers vilains », comme The Lord, Hoodwink ou encore le démon Hypnos et ses adeptes…

À la mise en place de la série en 2008 sur la chaîne Comédie+, HERO CORP avait de quoi intriguer. En effet, jusque-là l’unique présence notable de super-héros à la télévision venait de la série américaine de NBC : Heroes (2006-2010). Plus qu’une version française et comique de cette dernière, HERO CORP se montre d’une grande originalité. Une originalité plus qu’appréciable aujourd’hui tandis que les studios américains nous bombardent depuis plusieurs années (et pour de nombreuses années encore dans le futur) de blockbuster de super-héros redondants plus ou moins intéressants. La simplicité et l’humour apporté par HERO CORP offrent une bouffée d’air frais à ce genre à la mode. Car tout en reprenant certains codes d’intrigues propres à l’univers et déjà vus (un homme contre toute attente obtient des pouvoirs et doit sauver le monde) la série nous emmène dans des directions pour le moins surprenantes, entre auto dérision et approche réaliste.

Hero Corp

Visuellement, HERO CORP est loin des standards d’une grosse production. Mais c’est justement ce côté cheap, avec un minimum d’effets spéciaux, des costumes extrêmement simplistes et des décors limités qui donne à la série un caractère authentique. Un effet presque paradoxal par rapport à l’intrigue irréaliste (principe du genre). De manière un peu similaire, l’excellente série Misfits, lancée par la chaîne britannique E4 en 2009, trouvait son intérêt dans cette approche réaliste des super-héros, mais avec des personnages, a priori, peu vertueux (condamnés pour des raisons diverses à des travaux d’intérêt général). S’il faut un certain temps pour véritablement accrocher à HERO CORP, notamment avec les premiers épisodes un peu poussifs, la série parvient par la suite à trouver son rythme et à se détacher au fur et à mesure de la simple comédie pour aller vers une intrigue plus complexe qu’elle n’y parait.

Car HERO CORP semble avoir été travaillée avec une vision d’ensemble. Comme si, dès ses débuts, elle était vouée à s’étaler sur plusieurs saisons. Simon Astier prend ainsi le temps d’éparpiller diverses intrigues permettant de rebondir et de se diriger finalement vers une ambiance aussi dramatique que comique. Une méthode qui rappelle justement la série Kaamelott créée par Alexandre Astier, demi-frère de Simon, qui a délaissé au fur et à mesure un format court, centré sur la comédie, pour des épisodes de plus en plus longs permettant de développer une histoire centrale. HERO CORP a d’ailleurs également dû opérer des changements de formats, mais en raison de circonstances économiques. Après deux saisons produites entre 2008 et 2010, qui comportent chacune 15 épisodes de 26 minutes, HERO CORP s’est formée une belle réputation et une communauté de fans. Malheureusement, l’audience de la chaîne n’étant pas suffisante (le téléchargement illégal a été directement mis en cause par les responsables de Comédie) l’avenir de la série restera en suspens, jusqu’à ce que France 4 offre une troisième saison en début d’année 2013. La série passe alors en format court avec 35 épisodes de 7 minutes, avant de changer à nouveau pour la saison 4, en 19 épisodes de 13 minutes. Des modifications qui auront permis de garder un rythme plus soutenu et d’aller à l’essentiel tout en ouvrant de nombreuses intrigues.

[bctt tweet= »« Hero Corp s’adapte au fil des saisons et se montre particulièrement audacieuse » » username= »LeBlogDuCinema »]

Malgré ces changements de formats HERO CORP ne perd pas en qualité, bien au contraire, elle s’adapte. La série se montre particulièrement audacieuse, notamment dans le traitement de ses nombreux personnages, tous extrêmement humains, faillibles et réalistes. Nos super-héros n’ont plus rien de super depuis des années et apparaissent souvent comme une belle bande de bras cassés. Dans le lot, il reste impossible de prévoir l’avenir de chacun. En effet, chaque acteur présent dans la série peut faire office de simple guest-star, comme Jonathan Lambert (Chauve-Souris Man saison 1) et Alexandre Astier (Araignée Man saison 2), ou devenir un personnage récurrent, comme Arnaud Tsamere (Captain Sports Extrêmes) et Lionnel Astier (Neil Mac Kormack), tous deux introduits dans la première saison et devenus essentiels depuis. Même les protagonistes les plus, a priori, effaçables, prennent de l’importance dans le récit imaginé par Simon Astier. Un effet accentué par le choix de distribution. Car, soyons honnêtes, à part quelques rares acteurs révélés dans des programmes de qualité mais plus ou moins connus du grand public, comme les excellentes Justine Le Pottier (Le Visiteur du Futur) et Bérengère Krief (Bref.) qui feront quelques apparitions, et Alban Lenoir (Kaamelott, Off Prime) présent sur toute la série, les protagonistes principaux ont été en majorité interprétés par des têtes jusque-là peu connues. En toute logique avec leur statut de super-héros, mis de côté pendant des années. On sympathise ainsi rapidement avec ces héros aux nombreuses faiblesses. Si, comme l’ensemble de la série, les acteurs ont pu se montrer imparfait dans les premiers épisodes, le temps de trouver leur propre personnalité, ils ont su s’élever à un très bon niveau par la suite. D’autant plus dans cette quatrième saison qui atteint au passage un haut niveau en terme de costumes, de mise en scène et de qualité d’image. Parmi les évolutions qu’apporte cette saison, on retient Sébastien Lalanne (Doug) qui surprend en devenant un « monsieur muscle » crédible. Etienne Fague (Mique) se montre bien plus complexe et attachant. Et Emilie Arthapignet (Elena) apparaît comme la surprise et révélation de cette saison (introduite dans la saison 3). Elle offre un parfait paradoxe de séduction et douceur mêlés à des dialogues indécents, sans aucune vulgarité, mais avec beaucoup de finesse et de classe.

Hero Corp

Enfin si HERO CORP est parvenue à maintenir le cap et à surprendre au fil des saisons, le plus gros pari opéré est apparu au cours de la saison 3 et poursuivi sur la majorité de la saison 4. Il s’agit du traitement de deux personnages centraux. D’une part John, héros de la série, bascule au fur et à mesure vers le mal. Il devient un personnage de plus en plus désagréable et antipathique, presque mis en retrait pour permettre de se focaliser sur davantage de rôles secondaires (Steve, Mary, Stan…). D’autre part Klaus (Alban Lenoir), meilleur ami de John et omniprésent dans la série, sera quasi inexistant dans cette saison 4. S’il n’apparaît réellement que dans le dernier épisode, une sorte de spin off lui est consacré en parallèle d’HERO CORP avec la web-série La Voie de Klaus qui suit son entraînement. Des choix audacieux qui prouvent la confiance d’Astier en son projet et la grande liberté de création dont il dispose. On remarque en effet, outre l’ambiance Prison Break (2005-2009) présente tout au long de la saison, deux épisodes différents du reste de la série, comme c’est souvent le cas aux Etats-Unis. L’épisode 14 devient un hommage stylisé aux films de zombies à la manière d’épisodes spéciaux présents outre-Atlantique pour Halloween ou Noël. L’épisode 15, certainement l’un des plus drôles de la série, présente quant à lui de nombreuses séquences chantées avec l’excellente participation du chanteur Tété. Un épisode musical unique comme le font certaines séries (mythique épisode 7 de la sixième saison de Buffy contre les vampires). En quatre saisons HERO CORP a ainsi réussi à créer un univers passionnant et à atteindre un niveau de réalisation plus que correcte. Avec une évolution notable au cours des ans, elle est dans la lignée des séries françaises fantastiques originales, développées avec des petits moyens, mais toujours à la recherche d’un renouveau.

Pierre Siclier

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Mise en scène
Scénario / Dialogues
Casting
Photographie
Musique
Evolutioin de la série
Note des lecteurs26 Notes
Diffusion : Depuis le 25 octobre 2008
Créateurs : Alban Lenoir, Simon Astier
Acteurs principaux : Simon Astier, Alban Lenoir, Sébastien Lalanne
Diffuseur : France 4
Format : 15x26min (saisons 1 et 2), 35x7min (saison 3), 19x13min (saison 4)
3.8
Note du rédacteur

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Rédacteur

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Mise en scène
Scénario / Dialogues
Casting
Photographie
Musique
Evolutioin de la série
Note finale

  1. Bonne critique, plutôt objective, de cette belle production française =)

    Par contre, j’ai relevé quelques petites fautes à corriger :
    « travaux d’intérêt général »
    « ici et là »
    « Justine Le Pottier »

  2. Bonne critique, plutôt objective, de cette belle production française =)

    Par contre, j’ai relevé quelques petites fautes à corriger :
    « travaux d’intérêt général »
    « ici et là »
    « Justine Le Pottier »