adieu au langage
Wild Bunch

[critique] ADIEU AU LANGAGE

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


mise en scène
6.5
scénario
3.5
casting
4
photo
8
musique
6
Note des lecteurs4 Notes
1.8
5.6

La complainte de l’enfant gâté ou du vieux gâteux ?

ADIEU AU LANGAGE était dans la sélection officielle de Cannes 2014 et a d’ailleurs reçu le prix du jury, mais c’est Godard qui a fait son festival. Il a refusé de venir à Cannes et clamé qu’il n’accepterait pas la Palme si elle lui était décernée. On reconnaît ici un certain goût pour la polémique et la contestation qui ne sont pas sans rappeler le festival de 1968. En regard des bouleversements politiques de mai 68 les réalisateurs de la nouvelle vague et certains membres du jury vont empêcher le bon déroulement du festival de Cannes, qui sera clos prématurément. Le refus audacieux de Godard en 2014 semble donc s’inscrire dans la lignée de son esprit contestataire. Dans les années 60, la Nouvelle Vague prônait un cinéma moderne, en dehors des studios, bouleversant les codes préétablis, mais elle n’est plus, et Godard si. Le regard qu’il pose sur la société contemporaine semble beaucoup plus amer. Dans ADIEU AU LANGAGE, il critique notre société comme artificielle, incohérente, vide et pour cela il déconstruit l’outil cinématographique en lui même. De la caméra stylo il est passé à la caméra bulldozer. Le montage désordonné, le son agressif, les couleurs saturées, tout tend à détruire l’idée du réalisateur, auteur, avec un langage subtil, libre et éloquent que divulguait la nouvelle vague avec l’idée de « caméra stylo » (cf Alexandre Astruc, Naissance d’une nouvelle avant garde: la caméra stylo 1948). Le titre du film peut alors prendre plusieurs sens, l’adieu au langage est celui du langage cinématographique, littéraire (avec l’omniprésence des livres opposé aux téléphones portables), et oral (avec le montage sonore qui coupe les phrases ou les rend presque inaudibles).

Adieu au langage
©  Wild Bunch

 

Le résultat est un film qu’on pourrait qualifier d’expérimental. Dans le sens où plus qu’un film avec une réelle narration c’est un film réflexif sur le langage. Il y a bien sûr l’histoire latente du couple et du chien mais le tout est si incompréhensible, qu’il est préférable de le prendre avec distance et humour pour ne pas s’arracher les cheveux. C’est une sorte d’essai qui tend à critiquer notre société. Voilà une critique de l’homme qui ne voit plus la réalité, la nature aveuglé par les écrans. C’est aussi la répression, avec les deux agents secrets Allemands tout droit sortis de James Bond ou Matrix, qui apparaissent sitôt que quelque chose d’important va être dit dans une discussion. C’est la censure. Le choix de l’Allemand n’est pas anodin, il fut un langage d’oppression avec un lourd passé historique. L’abolition du langage arrive paradoxalement dans un film très bavard. Mais les paroles sont incohérentes, coupées, répétées, le volume varie sans cesse de l’inaudible à l’assourdissant, si bien que plus que des dialogues c’est un opéra sans harmonie.

« De la caméra stylo, il est passé à la caméra bulldozer »

Nous pouvons retrouver le même procédé dans les images, avec un montage qui ne cesse de construire et déconstruire la narration. Par exemple avec l’insertion d’un chapitrage « 1 la nature » « 2 la métaphore », mais les titres sont répétés à plusieurs reprises ce qui leur fait perdre leur valeur organisatrice. En somme ce film tend à développer quelques idées subversives mais peu originales et pas approfondies. Il convient cependant de noter, que cette construction et destruction du langage cinématographique est bouleversante. Le cinéma a pour particularité d’être analogue à notre façon de percevoir les choses et penser (cf Deleuze et Bergson). Le mécanisme du cerveau peut être comparé à une équipe de film, il perçoit des images, leur donne une signification, et les insère avec d’autres images (montage). Or ici le film ne répond pas à une logique intelligible puisque les évènements sont aussi désordonnés et incompréhensibles, que l’esthétique surprenante. L’on peut entendre ce refus de l’intelligible et cette volonté de critique de la société, comme une marque de snobisme provocateur. Mais il me semble plus intéressant de le prendre avec humour, et de se dire que Godard a tout simplement choisi le point de vue du chien!

© Wild Bunch
© Wild Bunch

Car la mascotte de ce film est belle et bien le chien! On le suit partout, la voix off dit même qu’il est le seul à voir la réalité et la nature telles qu’elles sont, car il n’est pas aveuglé par sa conscience. En plus d’être clairvoyant le chien est altruiste, puisqu’il est le seul être à pouvoir aimer autrui plus que lui-même (30 millions d’amis a d’ailleurs placé ce film au sommet de son top 10!). Blague à part, je suis allée sur « ecoledeschiens.com » pour me renseigner sur leur vision et leur ouïe, ce qui m’a donné quelques pistes de compréhensions à propos de cet ovni cinématographique. Tout d’abord le chien a une vision monochromatique de la réalité avec un spectre de couleur beaucoup moins large que l’homme, ce qui peut expliquer le choix de Godard de saturer les couleurs avec une dominance d’orange, jaune, bleu (qui sont les couleurs qu’il perçoit le mieux). De la même manière notre ami à quatre pattes à une ouïe bien plus développée que la nôtre, ce qui peut expliquer que les paroles soient parfois très fortes ou très faibles (comme entendues de loin) ou que les bruits de pas, de grincements, soient très présents.

Tant et si bien que je blâme tous ceux qui oseront dire que Godard est un faquin présomptueux, car c’est un ami des bêtes voilà tout!

 

Adieu Godard merci pour tout!

 

L’avis d’Adèle.

[divider]INFORMATIONS[/divider]

[column size=one_half position=first ]
383149
[/column]
[column size=one_half position=last ]

Titre original : Adieu au langage
Réalisation : Jean Luc Godard
Scénario : Jean Luc Godard
Acteurs principaux : Jessica Erickson, Héloise Godet, Alexandre Païta
Pays d’origine : France
Sortie : 21 mai 2014
Durée : 1h10
Distributeur : Wild Bunch
Synopsis : « Le propos est simple. Une femme mariée et un homme libre se rencontrent. Ils s’aiment, se disputent, les coups pleuvent. Un chien erre entre ville et campagne. Les saisons passent. L’homme et la femme se retrouvent. Le chien se trouve entre eux. L’autre est dans l’un. L’un est dans l’autre. Et ce sont les trois personnes. L’ancien mari fait tout exploser. Un deuxième film commence. Le même que le premier. Et pourtant pas. De l’espèce humaine on passe à la métaphore. Ca finira par des aboiements. Et des cris de bébé. »

[/column]
[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

Nos dernières bandes-annonces

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

mise en scène
scénario
casting
photo
musique
Note finale

  1. Je peux comprendre que l’on aime le personnage Godard,même ses vaines subtilités,deux enfants qui jouent en parlant anglais avec 3…dés? Ou le titre ou Godard nous livre son testament « Ah Dieu,Oh langage ».
    Ce qui me plait moins c’est toute la mascarade intellectuelle qu’il y a derrière. Sommes-nous tombés aussi bas? Vous mettez une note de mise en scène mais il y autant de mise en scène dans ce film que dans une rencontre footballistique. Mais je suis d’accord avec lui dans le fond,il fut un temps où l’art était marqué par ses penseurs,aujourd’hui ce sont ses non-penseurs qui en font la pluie et le beau temps.Mais il ne fait pas bon de critiquer JLG hein?

    1. La caméra est un cache, il y a toujours un part de hors champs, en cela chaque prise de vue est un choix du réalisateur, et peut être considérée comme une mise en scène. Plus précisément pour ce film, Godard multiplie les plans avec un vase, ou un bouquet de fleur au premier plan. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autre. Mais si je ne m’abuse, il est rare de filmer un match de foot avec un bouquet de fleur au premier plan? Ou de filmer un dialogue entre deux personnages sans qu’ils se regardent, avec en arrière plan la projection d’un autre film. Il me semble donc qu’on peut parler de mise en scène.
      Pour ce qui est du penseur et du non-penseur, c’est très subjectif. Je crois que la mascarade intellectuel a toujours été d’actualité. Les auteurs de la nouvelle vague ont été les premiers à être qualifiés de jeunes intellectuels pompeux et superficiels. A nous de savoir tirer le meilleur du pire, de voir claire, et de le crier haut avec les mots justes.

      1. Oui chaque plan est un choix,et chaque décision d’une vie est une mise en abyme d’elle même (rires). Mais essayons de relever le débat qui se complait dans une formalité-qui se pense-intelligente bien qu’elle soit au fond banal.
        Je ne vais relever l’irone de la comparaison footballistique vu mes compétences dans ce sport,je ferais honte même au plus maladroit des néophytes. Bien qu’il y ait une mise en scène du déroulement sportif, même un journal télévisé est mis en scène (écoutez la musique d’introduction de celui de TF1, si on est pas là dans de la mise en scène, je discute cinéma avec un amish).
        Je reproche tout à Godard, ce qu’il est, n’est pas, pense être. Et c’est la déliquescence du débat (peut importe le vecteur média ) qui me fait dire que les non-penseurs dans la sclérose qu’ils généralisent, nous endorment dans notre bêtise. Et Godard n’est ni plus ni moins-au même titre que Dolan -en plus jeune-que l’un des nombreux Zardoz. Son combat contre son idée du fascisme représentée par le soldat allemand qui aboie (naturellement) en allemand est nul.
        Il se fait vieux Godard mais c’est un vieux jeune, là ou Dolan est un jeune vieux. Le capitalisme il a bon dos, le communisme est fini, il s’agit de nous penser autrement, les contours du débat ne devrait pas se poser en d’autres termes. Mais tout idée d’acceptation de quoi que ce soit,qui ne soit soixante-huitard est de mauvais goût si ce n’est rustre. Et Godard a fait sur la forme tant dans le fond un mauvais film avec un langage faux sur une tonalité usurpatrice. « La philo est un hêtre pour lequel il est, dans son être, question de son être, en tant qu’en cet hêtre implique un autre être que lui ». D’un (h?)être à un autre: Godard ferme-là grande pétasse. Elle était belle l’époque ou tu prenais plaisir à venir à la TV dire que tu n’aimais pas la TV? Prend plaisir au silence maintenant, et emmène avec toi Tarantino. L’autre hêtre tu as passé ta vie a le snober, salaud.

  2. Je peux comprendre que l’on aime le personnage Godard,même ses vaines subtilités,deux enfants qui jouent en parlant anglais avec 3…dés? Ou le titre ou Godard nous livre son testament « Ah Dieu,Oh langage ».
    Ce qui me plait moins c’est toute la mascarade intellectuelle qu’il y a derrière. Sommes-nous tombés aussi bas? Vous mettez une note de mise en scène mais il y autant de mise en scène dans ce film que dans une rencontre footballistique. Mais je suis d’accord avec lui dans le fond,il fut un temps où l’art était marqué par ses penseurs,aujourd’hui ce sont ses non-penseurs qui en font la pluie et le beau temps.Mais il ne fait pas bon de critiquer JLG hein?

    1. La caméra est un cache, il y a toujours un part de hors champs, en cela chaque prise de vue est un choix du réalisateur, et peut être considérée comme une mise en scène. Plus précisément pour ce film, Godard multiplie les plans avec un vase, ou un bouquet de fleur au premier plan. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autre. Mais si je ne m’abuse, il est rare de filmer un match de foot avec un bouquet de fleur au premier plan? Ou de filmer un dialogue entre deux personnages sans qu’ils se regardent, avec en arrière plan la projection d’un autre film. Il me semble donc qu’on peut parler de mise en scène.
      Pour ce qui est du penseur et du non-penseur, c’est très subjectif. Je crois que la mascarade intellectuel a toujours été d’actualité. Les auteurs de la nouvelle vague ont été les premiers à être qualifiés de jeunes intellectuels pompeux et superficiels. A nous de savoir tirer le meilleur du pire, de voir claire, et de le crier haut avec les mots justes.

      1. Oui chaque plan est un choix,et chaque décision d’une vie est une mise en abyme d’elle même (rires). Mais essayons de relever le débat qui se complait dans une formalité-qui se pense-intelligente bien qu’elle soit au fond banal.
        Je ne vais relever l’irone de la comparaison footballistique vu mes compétences dans ce sport,je ferais honte même au plus maladroit des néophytes. Bien qu’il y ait une mise en scène du déroulement sportif, même un journal télévisé est mis en scène (écoutez la musique d’introduction de celui de TF1, si on est pas là dans de la mise en scène, je discute cinéma avec un amish).
        Je reproche tout à Godard, ce qu’il est, n’est pas, pense être. Et c’est la déliquescence du débat (peut importe le vecteur média ) qui me fait dire que les non-penseurs dans la sclérose qu’ils généralisent, nous endorment dans notre bêtise. Et Godard n’est ni plus ni moins-au même titre que Dolan -en plus jeune-que l’un des nombreux Zardoz. Son combat contre son idée du fascisme représentée par le soldat allemand qui aboie (naturellement) en allemand est nul.
        Il se fait vieux Godard mais c’est un vieux jeune, là ou Dolan est un jeune vieux. Le capitalisme il a bon dos, le communisme est fini, il s’agit de nous penser autrement, les contours du débat ne devrait pas se poser en d’autres termes. Mais tout idée d’acceptation de quoi que ce soit,qui ne soit soixante-huitard est de mauvais goût si ce n’est rustre. Et Godard a fait sur la forme tant dans le fond un mauvais film avec un langage faux sur une tonalité usurpatrice. « La philo est un hêtre pour lequel il est, dans son être, question de son être, en tant qu’en cet hêtre implique un autre être que lui ». D’un (h?)être à un autre: Godard ferme-là grande pétasse. Elle était belle l’époque ou tu prenais plaisir à venir à la TV dire que tu n’aimais pas la TV? Prend plaisir au silence maintenant, et emmène avec toi Tarantino. L’autre hêtre tu as passé ta vie a le snober, salaud.

        1. dans le film tout me semble déconstruit et absurde, et nous participons à cette oeuvre car son visionage est absurde, nous passons 1h30 de déraison, et lorsqu’on s’en aperçoit qd les lumière s’allument, on découvre que la vie est du même tenant; tout n’est que comédie humaine.