THE REVENANT
© 20th Century Fox France

[CONTRE-CRITIQUE] THE REVENANT

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Réalisation
8
Empathie
3
Scénario
2
Interprétation
4
Alliance fond et forme
3
Photographie (Emmanuel Lubezki)
10
Note des lecteurs29 Notes
5.9
5

À lire également, notre critique ultra-positive du film

Fraîchement auréolé de trois Oscars – meilleur réalisateur, photographie et acteur – THE REVENANT est symptomatique de cette nouvelle hype où il suffit de se la jouer philosophie pour accumuler les louanges. Si avec son excellentissime Birdman, Alejandro González Inárritu avait obtenu la reconnaissance tant attendue de son travail, il déçoit profondément avec THE REVENANT, coquille vide alambiquée.

Si tout a déjà été dit sur les nombreuses références que l’on retrouve dans le film (Terrence Malick, Werner HerzogAndreï Tarkovski, Gladiator, Le Convoi Sauvage…entre autres), on peut se demander si la démarche d’Inárritu cherche à rendre hommage plutôt que de piocher les bonnes idées chez les uns et les autres. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas sur ce point-là que THE REVENANT déçoit, c’est surtout par son manque d’empathie.

Pendant près de 2h30, Inárritu va massacrer son personnage principal. Véritable expérience de perversion, toutes les péripéties d’Hugh Glass sont poussées à l’extrême, la violence montrée à l’état brut qui s’acharne sur son héros. Certes la nature peut se montrer impitoyable, mais ici,  tout ou presque relève du mauvais goût. Et c’est malheureusement à l’image du film dans sa globalité : sans cesse à la recherche de l’immense et de la puissance excessive. A force de courir à tout prix après le viscéral, le sensoriel et surtout le sensationnel, THE REVENANT est en réalité l’exact opposé : lourd, plat et maniéré. Toujours dans la surenchère, chaque plan, chaque séquence devient la ressasse d’une imagerie violente, jusqu’à exaspération du spectateur.

Photo du film THE REVENANT
© 20th Century Fox France

Sans empathie, l’émotion n’est pas. Caméra virevoltante, plans-séquences perpétuels, Inárritu maîtrise sans aucun doute la réalisation de son film… Mais qu’en est-il de l’empathie ? A chaque bataille, on y voit plutôt l’occasion pour Inárritu d’étaler son talent de réalisateur que de démontrer les travers colonialistes ou l’immensité de la nature. Si l’on peut légitiment dire que THE REVENANT est un pur film de mise en scène, il manque cruellement d’adhésion – ce que Sicario parvenait à faire avec toute la maestria de Denis Villeneuve. En somme, THE REVENANT est un film à la technique irréprochable (bien aidé par un Lubezki en état de grâce) mettant de côté toute la puissance narrative qu’il aurait dû insuffler. Visions oniriques lourdingues sans réelle substance, tentatives ratées de pousser la réflexion jusqu’à son terme, le film privilégie la forme plutôt que le fond. Et lorsque cette alliance fond-forme ne fonctionne pas, et ce, sur plus de 2h30, l’ennui devient total. Mais au-delà d’une mise en scène totalement chiquée, le raté de THE REVENANT c’est finalement aussi son montage, où s’entrecoupent de l’action mal amenée avec des passages d’observation. Conséquence, la tension ne cesse de disparaître. Le réalisateur se contente de créer des séquences impressionnantes en soi, mais sans les lier les unes avec les autres. Ceci mis bout à bout, c’est un peu comme regarder un 100m qui serait stoppé tous les 10m. La puissance disparaît inévitablement et il ne reste qu’à regarder passivement en attendant les derniers mètres que se décide le vainqueur. Ce qui, au passage, est ici connu d’avance…

[toggler title= »Le manque d’adhésion, un exemple » ]Ainsi, l’évidence apparaît notamment lorsque Glass est réveillé en sursaut par une attaque d’indiens, juste après avoir aidé une indienne et échappé aux français. Il se lève rapidement, saute sur son cheval et s’enfuit pour une course poursuite immédiatement arrêtée puisqu’il tombera du haut d’une falaise. Le problème provient dès l’introduction de cette scène. Entre la très courte action avec les français et celle-ci, il y a une série de courtes séquences pour nous raconter ce qu’il se passe au même moment du côté des indiens, de la fille du chef ou du groupe de trappeurs. Sans oublier les fameux rêves de la femme de Glass, d’un mauvais goût absolue. La tension à peine entamée précédemment redescend logiquement avec ces passages. Mais en revenant de manière aussi sec sur Glass et en déclenchant une nouvelle attaque en un instant, cette fameuse tension n’a pas le temps de se mettre en place. Les sensations sont encore absentes. Et dès que l’on pourrait s’y plonger, voilà l’action encore une fois tuée dans l’œuf (la séquence ne durant pas plus d’une dizaine de seconde). [/toggler]

« THE REVENANT est un film à la technique irréprochable, bien aidé par un Lubezki en état de grâce, mettant de côté toute la puissance narrative qu’il aurait dû insuffler. »

Avec un scénario aussi simpliste que vidé de son postulat de base, ce revenant-là est bien pâle et ne convainc pas. Trop superficiel, particulièrement atone, THE REVENANT ne procure aucune émotion et tient le spectateur à distance. Iñárritu se voit également beaucoup trop grandiloquent dans ce pompeux THE REVENANT qui possède toute l’ambition d’un Nouveau monde sans jamais en effleurer l’essence : errance, croyance religieuse, mère-nature… Des thématiques fortes qui ne sont absolument pas soutenue par le scénario, inexistant.

Et puis, il y a les acteurs… Ou au moins deux d’entre eux. Grognements, tartare de boyaux de bisons, d’agréables nuits airbnb dans des carcasses de cheval… In fine, on se demande jusqu’où ira Leonardo diCaprio dans sa quête de la « performance ». Sans remettre en cause son prix – qu’il mérite amplement compte tenu de son immense carrière – l’avoir attribué pour ce rôle est très probablement discutable… Finalement THE REVENANT raconte plutôt l’histoire d’un homme prêt à tout pour remporter un oscar. Si l’on met de côté le cabotinage intempestif de ce dernier, Tom Hardy n’est pas en reste non plus avec son personnage écrit à la va-vite. Désormais cantonné à ce rôle de grincheux inexpressif à l’accent marqué, Tom Hardy fait ce qu’il peut devant un script à trous n’expliquant certainement pas pourquoi il agit de la sorte…« Pourquoi est-il si méchant ? » ….Quant au reste du casting, il n’apparaît que trop peu dans le film pour qu’on prenne le temps de s’attacher à ses personnages.

Il y aura eu aussi tout ce brouhaha autour du REVENANT, et plus particulièrement autour des conditions difficiles de tournage. Si réaliser un film en lumière naturelle au bout du monde est d’une ambition incontestable, il ne préjuge en aucun cas la qualité de l’objet cinématographique. Une prouesse technique dans des conditions extrêmes : forcément une expérience humaine inoubliable… néanmoins invisible à l’écran. Vendu comme une expérience viscérale, le dernier long métrage d’Alejandro González Inárritu a décidément les yeux plus gros que le ventre. Passée la magie de la photographie, THE REVENANT est plus que décevant, il est simplement frustrant.

Critique écrite à 4 mains par Pierre & Sofiane

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[divider]THE REVENANT SUR LE BLOG DU CINÉMA[/divider]

[toggler title= »CE QU’EN A PENSÉ LA RÉDACTION » ]

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THE REVENANT
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Maxime @MaximeBedini – [usr 4]
Une épure scénaristique qui laisse toute sa place à une mise en scène
viscérale. C’est éprouvant, tape-à-l’oeil, mais grandiose – LA CRITIQUE

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THE REVENANT
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Georgeslechameau @georgeslechamea[usr 4]
D’habitude blasé par le manque de sincérité d’Inarritu, j’ai pas pu
rester insensible devant la sensorialité et la maîtrise de

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THE REVENANT
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Pierre @PSiclier – [usr 2]
De bonnes séquences très bien filmées par Lubezki, ponctuées par le
mauvais goût d’Iñárritu et mal reliées entre elles

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THE REVENANT

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Thomas @thomas_coispel – [usr 3.5]
Réalisation grandiose pour une histoire viscérale. L’inventivité visuelle
présente dans , s’épanouit dans

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THE REVENANT

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Arkham @LBDC – [usr 2.5]
Oui la photographie est démente, mais pourquoi passer 2 h 30 sur le
même mode, le même ton, le même type d’émotion ?!

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Félix

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Félix @TardieuCobb – [usr 2.5]
Des performances notables, mais la sensorialité du film prend le pas
sur l’originalité et la profondeur des personnages.

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THE REVENANT

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éric @nounours1005 – [usr 3]
Belle performance à la réalisation et à la photo, un Di Caprio
assez habité pour un film brutal et bestial

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THE REVENANT

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Sofiane @safrane – [usr 1]
Iñárritu se voit beaucoup trop grandiloquent dans ce pompeux
aux influences trop décelables pour avoir sa propre personnalité

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Yoan

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Iota @YoWestindeed – [usr 4]
Un film cru et puissant qui évoque tant le rapport de l’homme à la nature
que le rapport de l’homme à son humanité

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THE REVENANT

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melany @Melany2006 – [usr 3]
est esthétiquement sublime, techniquement parfait
mais le scénario et les personnages tombent dans le lieu commun, dommage !

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antoine

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Antoine@AnGaude – [usr 2]
Une bien trop longue et prétentieuse série B qui multiplie les prouesses
techniques à des fins de plaisirs extatiques assez vains

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Sarah

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Sarah @bsarah6 – [usr 3]
Une prouesse visuelle folle, quel spectacle, la réalisation
emporte tout sur son passage même la faiblesse du scénario. Incontournable

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The revenant[/toggler]

[toggler title= »NOS AUTRES ARTICLES » ]

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[divider]INFORMATIONS[/divider]

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Affiche du film THE REVENANT[/column]

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+ Nos articles sur le film

Titre original : The Revenant
Réalisation : Alejandro González Iñárritu
Scénario : Mark L. Smith, Alejandro González Iñárritu, d’après Michael Punke
Acteurs principaux : Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson
Pays d’origine : U.S.A.
Sortie : 24 février 2016
Durée : 2h36
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Synopsis : Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.

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Rédacteur

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Réalisation
Empathie
Scénario
Interprétation
Alliance fond et forme
Photographie (Emmanuel Lubezki)
Note finale

  1. Bonjour
    Je suis ravi de lire votre critique qui exprime bien (tout y est) la déception que j’ai ressenti après la projection d’hier soir.
    Pour apporter une contribution, je me demandais sur les parvis du cinéma : « ai-je passé une bonne soirée? Est-il nécessaire de montrer ce déferlement de violence naturelle brute à l’écran? Pourquoi toujours exacerber le côté noir de l’Homme (esprit de vengeance pour Glass et venal pour l’autre)? Au bilan, ce film se dit initiatique, mais à quoi initie-t-il vraiment? »…
    Aussi, pour le côté « rationnel, Cartésien » rendons-nous compte des invraisemblances continues sur la résistance physique de l’Homme…le cinéma continue avec leur culte de l’Homme providentiel, du surhomme (tout sauf Nietzschéen) et pour The Revenant j’attendais vraiment quelque chose d’autre….
    Bien à vous

  2. Merci de ces analyses, je ne comprenais pas les louanges des médias et cet oscar qui aurait pu lui être décerné bien avant … Mais surtout pas pour ce film.

  3. C’est mon avis aussi. Le film est très beau à voir sur grand écran pour les paysages. A part ça, je trouve qu’il n’y a rien dans ce film, pas d’émotions, des scènes spectaculaires sans plus, beaucoup de grimaces, un déroulement technique. Et un Di Caprio malheureusement pas très crédible dans le rôle. Il convient bien mieux à des rôles comme « le loup de wall street ». Il n’y a que les quelques paysages du grand nord américain qui me restent en mémoire. Bref, je n’arrivais pas à croire à cette histoire ni dans celle du héros. L’histoire me semblait vide, même le rôle de son ennemi manquait de consistance.