BAD BOY BUBBY
© Nour Films

[CRITIQUE] BAD BOY BUBBY (1993)

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Folie
8.5
"Aucun animal n'a été..."
9
Casting
8
Photographie
9
Musique
8.5
Note des lecteurs2 Notes
7.4
8.6
Note du rédacteur

BAD BOY BUBBY est une expérience de cinéma dérangeante et allumée. Fascinante aussi. (Re)découvert lors du Festival Lumière 2015, le film de l’Australien Rolf de Heer fera l’objet d’une ressortie le 11 novembre 2015. Plus de 20 ans après sa production. L’occasion de se plonger dans cet objet étrange et puissant, poisseux et merveilleux. L’histoire de Bubby, enfant sauvage de 35 ans, reclus dans une sorte de bunker glauque avec sa mère obèse et incestueuse et qui, finalement, va se frotter au monde extérieur pour la première fois et découvrir les arbres, les chats, la violence, les pizzas et le rock.

Freak parmi les freaks, Bubby va, au fil de ses rencontres, entraîner le spectateur dans les bas-fonds d’Adélaïde en Australie. Difficile, ainsi, de ne pas penser à Wake in Fright, présenté lors du Festival Lumière de l’an passé et qui décrivait la semaine de débauche d’un enseignant de campagne coincé dans l’outback avec des fous, des kangourous et de la bière. Beaucoup de bière. Dans les deux films, les réalisateurs montrent une facette peu glorieuse de leur pays. Comme Wake in Fright, BAD BOY BUBBY porte un regard sans concession sur la société australienne et dresse un portrait peu reluisant de certains insulaires. Mais, à l’inverse de la beuverie de Kotcheff, Rolf de Heer le fait avec une infinie tendresse. Sans jugement. Car BAD BOY BUBBY ne raconte pas une déchéance mais plutôt une ascendance, un apprentissage. Aussi, il suffit de voir comment Bubby traite les chats (le premier est particulièrement maltraité) au fur et à mesure de l’histoire pour comprendre qu’il apprend là l’amour, l’affection et toutes ces choses dont sa mère, tortionnaire, l’a privé durant tant d’années.

Photo du film BAD BOY BUBBY
© Nour Films

L’expansion de son monde et de son regard sur les choses est d’ailleurs montrée avec brio par l’image. Le premier tiers, dans un huis-clos suintant, est d’une claustrophobie incroyable. Tandis que le reste du film fait dans la démesure, multiplie l’espace et s’amuse des éclairages et de la photographie. En tout, 32 chefs opérateurs ont participé au film, éclairant chaque scène comme ils le voulaient, sans se soucier du travail des collègues. Comme l’explique le cinéaste, il s’agissait là de montrer l’absence de référence de Bubby dans son appréhension du monde. Aussi, chaque nouveau tableau est comme une nouvelle étape dans la vie du héros. En outre, il est amusant d’apprendre que Rolf de Heer voulait initialement présenter la première partie (celle de l’enfermement) dans un format d’image resserré (1:66) avant que, en sortant à l’extérieur, le cadre ne laisse la place à un glorieux cinémascope (2:35). Un peu comme dans Mommy… En post-production, ces passages étaient tellement étouffants qu’ils n’étaient pas regardables, de l’aveu même du réalisateur. Subsistent alors des compositions serrées, symbole de la captivité de Bubby.

« BAD BOY BUBBY ? Une ode à la différence et à l’acceptation de soi. »

Prenant et cathartique dans ses débordements jouissifs et malsains (les scènes de concert sont particulièrement prenantes dans le genre), ce récit d’un « inadapté naïf » qui découvre une vie violente et cynique n’oublie pas d’être drôle ou réjouissant par moment, comme lorsque Bubby, vagabonde dans les rues et tombe, au beau milieu de nulle part, sur une violoniste répétant dans un hangar désaffecté. Dans son ode aux gens différents, à l’acceptation de soi, Rolf de Heer n’hésite pas non plus à mettre en valeur les désaxés et les corps sortant des canons de beauté. Il en profite pour évoquer le handicap, l’intégration, la solidarité… Il aborde aussi, dans une envolée violemment anticléricale, la question de la religion et des dogmes qui permettraient, selon ses défenseurs, de comprendre un monde absurde. Il parle aussi, et surtout, de sentiments et de naissance des émotions. Quand Bubby veut donner de la pizza à son deuxième chat ou quand il tombe amoureux d’une infirmière.

Complètement barré, BAD BOY BUBBY est foncièrement émouvant. Aussi, je défie quiconque de ne pas s’attacher à ce personnage joué par un Nicholas Hope habité. Un être candide et sombre, par défaut, mais qui, par la musique notamment, deviendra lumineux. Céleste. Dans une pépite qui permet de rejoindre Quentin Tarantino quand il clame : « I Love BAD BOY BUBBY« .

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[divider]INFORMATIONS[/divider]

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Affiche du film BAD BOY BUBBY

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Titre original : Bad Boy Bubby
Réalisation :
Rolf de Heer
Scénario :
Rolf de Heer
Acteurs principaux :
Nicholas Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Carmel Johnson
Pays d’origine : Australie, Italie
Sortie :
1 novembre 1995 – (ressortie 11 novembre 2015)
Durée :
1h48
Distributeur :
Nour Films
Synopsis :
Séquestré depuis sa naissance par sa mère, Bubby ignore tout du monde extérieur qu’il croit empoisonné. L’arrivée de son père, dont il était tenu éloigné, va bouleverser sa vie. Le jour de ses 35 ans, Bubby va enfin sortir. Il découvre un monde à la fois étrange, terrible et merveilleux où il y a des gens, de la pizza, de la musique et des arbres…

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Rédacteur depuis le 16.05.2015

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"Aucun animal n'a été..."
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Note finale