PRIS AU PIÈGE

[CRITIQUE] PRIS AU PIÈGE

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En VOD le 31 août, en DVD et Blu-ray le 5 septembre, PRIS AU PIÈGE, le nouveau film d’Àlex de la Iglesia est une satire sociale jubilatoire, échafaudée sous la forme d’un petit théâtre de la paranoïa contemporain.

Àlex de la Iglesia a clairement mérité sa place au panthéon des cinéastes frappés, régalant le public des festivals tout aussi déjantés, avec sa folie visuelle et son appropriation bouffonne des genres cinématographiques. Après vingt-cinq ans de bons et loyaux sur grand écran (Le Jour de la bête, 800 Balles, Balada Triste, Les Sorcières de Zugarramundi), on aurait pu croire que la sortie direct-to-dvd de PRIS AU PIÈGE, son dernier film, signait le début du déclin créatif du cinéaste espagnol, en perte de vitesse après avoir épuisé son stock d’inspirations dans les motifs du cinéma de genre(s) : les sorcières, l’apocalypse, le western, le cirque, etc. À la lecture d’un pitch promettant un huis clos dans le décor quotidien et banal d’un bar de Madrid, on pouvait craindre que de la Iglesia donne à nouveau dans la satire sociale, sans pour autant trouver l’argument décalé qui repositionnerait ce cadre quotidien dans un environnement et une atmosphère cinégéniques.

Le sniper, élément déclencheur, arrive dès les premières minutes et circonscrit dès lors le récit à huit personnages enfermés dans le même lieu, laissant à penser au spectateur que PRIS AU PIÈGE est un film high-concept, un scénario diablement ficelé autour d’un postulat simple et efficace. Bien entendu, la situation exceptionnelle que vivent les personnages fait assez vite monter la tension, autant par le biais des antagonismes se percutant dans cette enceinte, que par le mystère émanant de la nature et du pouvoir d’action de la menace. Après la vague d’attentats qui a touché l’Europe ses dernières années, dont l’Espagne tout récemment, le réalisateur utilise l’idée d’une perturbation du quotidien, sans réel visage ni parole, pour jouer sur les peurs dans l’air du temps, acculer dans un décor restreint le virus terroriste, le regard désemparé d’une société face à la profusion d’informations et d’événements.Photo du film PRIS AU PIÈGEAinsi, la première partie de PRIS AU PIÈGE installe sans davantage de surprise le petit théâtre de la paranoïa en combinant à l’envie les archétypes sociaux et les motifs de suspicion. Le hipster barbu est pris pour un djihadiste, le clochard alcoolique s’emporte dans des délires mystiques citant la bible, la jeune working girl séduisante devient pestiférée quand d’autres la pensent contaminée par un virus mortel. Les multiples théories se bousculent alors dans l’esprit des personnages comme dans celui du spectateur, et l’on peut tantôt croire que l’attaque résulte d’un complot national, international voire interplanétaire, et penser l’instant d’après que les attitudes hystériques et les mines grimacières des reclus servent à une expérience comportementale ou une gigantesque farce.

Le concept serait plaisant sans plus, s’il n’était pas magnifié par la seconde partie du film. Quand de la Iglesia ose enfin pousser le curseur de sa mise-en-scène de vilain garnement et qu’il saccage, brûle, inonde, pulvérise le décor, alors la curiosité du public dégénère enfin en plaisir sadique d’amateur de cinéma de genre(s). Pour résumer, ce n’est pas seulement ce qui se passe à la hauteur de vue du quotidien qui révèle la véritable nature humaine ; ce qui nous intéresse, c’est également ce qu’il advient de ses pauvres êtres paniqués un étage en-dessus, dans la réserve du bar puis dans les égouts. Souillés, dénudés et rendus au comble de leur hystérie, ces individus qui se croyaient civilisés pataugent alors dans leur fragilité, leur mortalité, leur sauvagerie.

On perçoit que derrière la caméra, le cinéaste ibérique se régale en aménageant le décor et le contexte en une chambre d’écho de divers genres et sous-genres cinématographiques : l’épouvante, le film de zombie, d’infectés, le techno-thriller, la figure de la final girl, la course-poursuite dans un lieu confiné type Alien, etc. De cette mixture des plus baroques, de la Iglesia extrait l’essence de son cinéma jubilatoire, dans ce qu’il a de plus délicieusement grotesque et de plus savoureusement putride.

Arkham

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Note des lecteurs3 Notes
Titre original :El Bar
Réalisation :Álex de la Iglesia
Scénario :Álex de la Iglesia et Jorge Guerricaechevarría
Acteurs principaux :Blanca Suárez, Mario Casas et Jaime Ordóñez
Date de sortie :31 août en VOD, 5 septembre en DVD et Blu-ray
Durée : 1h38min
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Philippe Poignant
Philippe Poignant
Invité.e
4 septembre 2017 19 h 46 min

Commentaire qui me donne fortement envie de voir ce film… et tant que je ne l’aurai pas vu, je serai « pris au piège » de cette envie !

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