Open Windows
© Vértigo Films

[CRITIQUE DVD] OPEN WINDOWS

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Mise en scène
7.5
Scénario
6.5
Casting
7
Photographie
7
Musique
6
Note des lecteurs2 Notes
4.1
6.8
Note du rédacteur

[dropcap size=small]I[/dropcap]l existe des films dont on conçoit immédiatement l’arbre généalogique, OPEN WINDOWS en fait partie. Si vous lisez le synopsis de cette producteur hispano-américaine, vous penserez certainement aux thrillers dont nous gratifiait Brian de Palma dans les années 70 et 80, teintés à la fois d’érotisme et d’ironie par lesquels il questionnait notre position de spectateur, et plus largement notre tendance au voyeurisme. En partageant avec son aîné américain, un rapport ambigu aux images où se mêlent fascination et répulsion, le réalisateur ibérique Nacho Vigalondo (déjà auteur du méconnu mais réussi Timecrimes) poursuit les recherches stylistiques sur les visions que le protagoniste aperçoit à travers un écran ou une fenêtre (d’où son titre malin), afin d’influencer le cours d’un scénario de thriller, en reprenant ses codes pour mieux les réinventer.

Pour ce qui est des codes ici, ils sont faciles à identifier tant les références aux matériaux matriciels qui ont enrichi le genre du thriller au fil des décennies, sont évidentes. Si j’ai évoqué plus haut les films de De Palma qui avaient l’audace d’utiliser certains tabous de leur époque, comme l’identité sexuelle dans Pulsions ou la pornographie dans Body Double; l’emploi d’une figure féminine comme objet de fascination charnelle, servait déjà de prétexte aux expérimentations visuelles de bon nombre de giallo (polars italiens des années 60-70), et on peut même parcourir l’arbre généalogique pour remonter jusqu’à Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock qui préfigurait déjà ce penchant fétichiste et voyeur du récit à suspense. Elijah Wood semble apprécier l’exercice de style, puisque après Maniac sorti en 2013, il nous invite une nouvelle fois à suivre le point de vue de son personnage, tandis que Sasha Grey (ex pornstar/mannequin/écrivaine) incarne l’objet de fascination tombé dans les griffes d’un prédateur, et joue ainsi sur le statut d’icone hérité de sa carrière dans le x, pour perturber le spectateur dans son attente de scènes malsaines ou violences, comme dans sa capacité d’empathie et de confusion entre réalité et fiction.

Open-Windows-Featured

« En allant jusqu’au bout de son concept, où le parti-pris visuel et la narration ne font qu’un; Open Windows se présente en thriller efficace. »

Si dans ses premières minutes, OPEN WINDOWS instaure un traitement ludique de son héritage, en complicité avec le public, en s’ouvrant à l’intérieur d’un film dans le film (comme Body Double d’ailleurs !); les règles du jeu changent assez vite afin de permettre au cinéaste d’apporter sa propre contribution au genre, en tirant profit de ce que les nouvelles technologies peuvent lui apporter. Une majeure partie de l’action est vue depuis l’écran d’ordinateur du personnage principal, sur lequel s’ouvre pèle-mêle les fenêtres (puisque je vous dis que le titre est malin) correspondant aux images d’une caméra de surveillance, d’une webcam, d’un smartphone et bien d’autres sources…au point que l’on finit par oublier l’écran de cinéma présent dans les premières minutes, preuve que l’effet d’immersion atteint son but. Vigalondo semble parfois embarrassé par cette multitude de sources, qui de fait doivent posséder des contraintes et des niveaux de définition différents, afin de jouer sur notre désorientation et sur les effets de surprise du récit, mais qui rendent le spectacle pas toujours agréable à suivre, hélas.

Certains trouveront peut-être le procédé visuel plus abouti et plus captivant que moi, mais je suis certain que peu de spectateurs seront dupes du caractère invraisemblable et terriblement alambiqué du scénario. Mais après tout, c’est aussi ce qu’on demande à un thriller de cette lignée, qu’il soit aussi « tordu » que l’esprit de son psychopathe; c’est ce que s’autorisaient les œuvres de références que j’ai cité plus haut. Les rebondissements qui redéfinissent l’identité comme le rôle de ses personnages principaux, ont le mérite d’être en adéquation avec le procédé visuel et narratif; et on comprend en fin de compte que la grande qualité du film est de sortir au bon moment, d’être le premier film post-fappening. Si le propos sur la surexposition via internet peut paraître lourdingue ou pire encore insincère, l’intrigue le rend suffisamment caustique pour qu’OPEN WINDOWS apparaisse comme une bonne surprise.

Édité chez Wild Side
Disponible en DVD, Blu-ray et VOD le 7 janvier 2015.

 

[divider]INFORMATIONS[/divider]

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Open Windows

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Réalisation : Nacho Vigalondo
Scénario : Nacho Vigalondo
Acteurs principaux : Elijah Wood, Sasha Grey, Neil Maskell, Ivan Gonzalez
Pays d’origine : Espagne/Etats-Unis
Sortie : 7 janvier 2015
Durée : 1h40 min
Distributeur : Wild Side
Synopsis : Nick est le webmaster d’un site internet consacré à la star Jill Goddard. Alors qu’il se déplace jusqu’à Austin en croyant avoir gagné un dîner avec l’actrice, le jeune homme commence à recevoir des messages et des videos sur son ordinateur. Un mystérieux individu veut se servir de lui pour faire souffrir Jill…

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[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

https://www.youtube.com/watch?v=JJO5-UeGgXg

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Rédacteur

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Mise en scène
Scénario
Casting
Photographie
Musique
Note finale

  1. j’ai vu le film en mars dernier au festival du film policier de Beaune et j’avoue qu’après un début très intéressant et qui ne peut que passionner les geeks que nous sommes tous, l’intrigue accuse un sérieux coup de mou à la moitié, pour finir vers une surenchère de grand guignol pas crédible du tout ( je veux bien qu’on soit dans la tête d’un détraqué, mais quand même) et vraiment foireuse qui fait basculer le film d’une bonne série B à une série Z… après on pense évidemment énormément à certains De Palma comme Body Double, mais à la sauce des années 2010.. donc le film reste malin et bien dans son époque et il est étonnant qu’il ne soit pas sorti en salles, il aurait pu trouver son public… bonne année à vous!!

  2. j’ai vu le film en mars dernier au festival du film policier de Beaune et j’avoue qu’après un début très intéressant et qui ne peut que passionner les geeks que nous sommes tous, l’intrigue accuse un sérieux coup de mou à la moitié, pour finir vers une surenchère de grand guignol pas crédible du tout ( je veux bien qu’on soit dans la tête d’un détraqué, mais quand même) et vraiment foireuse qui fait basculer le film d’une bonne série B à une série Z… après on pense évidemment énormément à certains De Palma comme Body Double, mais à la sauce des années 2010.. donc le film reste malin et bien dans son époque et il est étonnant qu’il ne soit pas sorti en salles, il aurait pu trouver son public… bonne année à vous!!