LE PONT DES ESPIONS
© Twentieth Century Fox France

[CRITIQUE] LE PONT DES ESPIONS

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Scénario
7
Interprétation
9
Photographie
7
Mise en scène
6
Note des lecteurs10 Notes
8
7.3

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[dropcap]C[/dropcap]omme pour Lincoln ou Attrape-moi si tu peux, Steven Spielberg  (sur un scénario des frères Coen) choisit de s’inspirer de faits réels pour LE PONT DES ESPIONS. En 1957, en pleine guerre froide, américains et russes cherchent par tous les moyens à débusquer les ennemis infiltrés parmi leurs agents. Ainsi, Rudolf Abel (Mark Rylance), présumé espion pour le KGB, est arrêté à New York. L’avocat Jim Donovan (Tom Hanks) accepte de le défendre, envers et contre tous. Il devient alors, aux yeux d’une opinion américaine, de ses proches et de ses collègues, très hostiles vis-à-vis de cette affaire, le défenseur du communisme tout entier.

Dans l’atmosphère paranoïaque mêlée d’ignorance (les Américains savaient-ils vraiment ce qu’était le communisme ?) de la fin des années 60, Donovan semble être le seul à vouloir d’un procès équitable, bien seul parmi les loups qui n’attendent qu’une chose : manger du « coco » . La situation d’urgence (la menace nucléaire russe) sous couvert de laquelle la CIA souhaite parfois outrepasser les lois fait terriblement écho à notre actualité. Spielberg montre parfaitement qu’en situations extrêmes tout est possible, y compris intenter un procès totalement à charge sans volonté de défendre réellement le prévenu. Aux États-Unis, « pays des libertés » fondé sur un immense melting pot,qu’ il est périlleux de vouloir à tout prix défendre son client, étranger ET espion !

Photo du film LE PONT DES ESPIONS
© Twentieth Century Fox

La véritable – et seule ? – force du film émane de la volonté d’un homme (et de l’acteur qui l’incarne), bien déterminé à faire son travail coûte que coûte. La conviction et la présence de Tom Hanks sont encore une fois parfaites, dans ce film à la mise en scène très classique. Tout est juste dans son jeu, prouvant encore, avec cette quatrième collaboration, son évidente complicité avec le réalisateur. La direction de l’acteur est précise et naturelle. Du côté du casting, on retrouve avec bonheur Sebastian Koch, acteur principal de La Vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, 2007), si rare dans le cinéma international et pourtant si précieux.

Quelques scènes (le dîner dans la famille Donovan, les dialogues entre celui-ci et son client…) deviennent caustiques grâce au bon timing et à l’esprit des répliques. La constante ironie de Mark Rylance et de ses dialogues sont efficaces, et son association avec Tom Hanks, plus volubile et expansif, est excellente. Malheureusement, quelques fausses notes dans le ton de certains dialogues, ainsi qu’une seconde intrigue, démarrant bien trop tôt, alourdissent grandement le film. Malgré cela, un regain d’intérêt apparaît quand son personnage doit se rendre en République Démocratique Allemande pour LA négociation qu’on pressent depuis bien longtemps.

« La conviction et la présence de Tom Hanks sont encore une fois parfaites dans ce film à la mise en scène très classique. »

Pourtant, qu’il était alléchant de voir le talent des frères Coen associé à Spielberg ! Au bout de trois quart d’heure, le scénario, bien trop prévisible, rend la suite du PONT DES ESPIONS longue et sans surprise, qu’on connaisse l’histoire dont le script est tiré ou non. La caméra du fidèle directeur de la photographie Janusz Kaminski capte des images travaillées, toujours élégantes, dans des mouvements devenant parfois un peu patauds. On a connu Kaminski beaucoup plus inspiré (La Liste de Chindler, Il faut sauver le soldat Ryan). L’image devient tout d’un coup plus mobile (caméra à l’épaule) dès qu’il est question des Russes. Les États-Unis seraient-ils le symbole de la stabilité tandis que la Russie communiste ne représenterait que frénésie et chaos ? Mystère… Cette question en suspens laisse entrevoir une vision très manichéenne de la Guerre froide, qui enlève beaucoup de finesse au film.

On a beau connaître la fin d’Appolo 13 ou de La Bataille d’Angleterre, on en reste pas moins captivé jusqu’à la fin. Si le film met ici en lumière des événements méconnus du grand public, l’intensité qui s’en dégage est plutôt faible. La réalité ne fournit donc pas toujours les meilleurs scénarii et les frères Coen  ne parviennent pas à injecter suffisamment de force dans cette histoire pour nous captiver.

En s’emparant de sujets qui l’inspirent beaucoup moins, et après Indiana Jones 4, Cheval de Guerre et Lincoln, Steven Spielberg semble confirmer la perte de vitesse de son cinéma.

LES SORTIES DU 2 DÉCEMBRE 2015

LE PONT DES ESPIONS, BABYSITTING 2, MIA MADRE, MARGUERITE ET JULIEN, LE PROPHETE, THE THING (Carpenter, 1982) …

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LE PONT DES ESPIONS

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Titre original : Bridge of Spies
Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Joel et Ethan Coen, Matt Charman
Acteurs principaux  :  Tom Hanks, Mark Rylance, Amy Ryan, Sebastian Koch
Pays d’origine : Etats-Unis
Sortie : 2 décembre 2015
Durée : 2h12min
Distributeur : Twentieth Century France
Synopsis : Rudolf Abel, présumé espion pour le KGB, est arrêté à New York en 1957, en pleine guerre froide. L’avocat Jim Donovan accepte de le défendre, envers et contre tous…

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Grenier-loustalot
Grenier-loustalot
Invité.e
5 décembre 2015 12 h 56 min

un oeu sévère votre commentaire il est clair que l on ne sort pas identique après avoir vu ce film surtout sur une periode que nous n avons pas connu j ai aime la sobriété des dialogues la mise en scène et surtout le jeu des acteurs quand je regarde votre commentaire « dans un cas on en reste pas moins captivé jusqu’à la fin ».  » La réalité ne fournit donc pas toujours les meilleurs scénarii et les frères Coen ne parviennent pas à injecter suffisamment de force dans cette histoire pour nous captiver. » je ne comprends pas comment on peut être captiver jusqu a la fin et comment le scénario des frères Caen n a pas assez de force pour nous captiver !!! donc la mise en scène devait être bonne ?

on n a pas du voir le même film dans les mêmes conditions
b8MGU

Georgeslechameau
Georgeslechameau
Membre
Répondre à  Grenier-loustalot
5 décembre 2015 13 h 35 min

Bonjour Marie Florence, je vous avoue ne pas saisir ou vous voulez en venir…

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