image de Mistress America
© 20th Century Fox

[CRITIQUE] MISTRESS AMERICA

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7.2

En 2012 Frances Ha marquait la première collaboration entre le réalisateur Noah Baumbach et l’actrice Greta Gerwig. Un film co-écrit par les deux compagnons (à la ville) et dans lequel Gerwig tenait le premier rôle, celui de Frances, 27 ans, New-Yorkaise, en plein doute existentiel. La jeune femme se révélait dans ce personnage en manque d’assurance, mal à l’aise avec son entourage qui grandissait avant elle.

Avec MISTRESS AMERICA, Baumbach et Gerwig se retrouvent à nouveau dans l’écriture et devant la caméra. Le noir et blanc a laissé place à une couleur délicate et chaude – que l’on doit à Sam Levy, le chef opérateur attitré de Baumbach. Le Modern Love de David Bowie sur lequel Frances se libérait en dansant dans les rues de New York se fait oublier au profit d’une bande-son signée Dean Wareham and Britta Phillips – les mêmes que pour Frances Ha – très marquée années 80. Et si Gerwig tenait à elle seule Frances Ha, elle s’écarte suffisamment dans MISTRESS AMERICA pour laisser place à Lola Kirke et former avec elle un joli duo. Entre les deux films on retrouve ainsi autant de similitudes que de variantes.

Photo du film MISTRESS AMERICA
© 20th Century Fox

Tracy (Lola Kirke) est étudiante en première année dans une université de New York. Elle est jeune, encore naïve et inexpérimentée, et rêve de connaître la vie urbaine trépidante qu’elle imagine être celle de Manhattan. En rencontrant Brooke (Greta Gerwig), sa future demi-sœur, pure New-Yorkaise, aussi extravagante qu’improbable, elle découvre un autre monde et trouve l’inspiration pour la nouvelle qu’elle doit écrire. Son nouveau sujet : Brooke, super-héroïne à ses yeux, sa Mistress America.
Il y a forcément quelque chose de très attachant avec Tracy. En admiration devant Brooke qui incarne un univers totalement inconnu pour elle. L’admiration d’une jeune fille de 18 ans devant son aînée d’une dizaine d’année. C’est une grande sœur qui lui fait découvrir une vie d’adulte, ou du moins sa vision. Car adulte, Brooke n’en a pas vraiment l’air. Elle cumule les boulots plus ou moins sérieux, à la fois coach sportive, professeur particulier pour une petite fille, chanteuse dans un groupe, créatrice de mode et d’intérieur… La caricature par excellence d’une New-Yorkaise insupportable. Au final, en touchant à tout, Brooke ne fait pas grand-chose. Elle ne fait que donner le change à une Tracy rapidement médusée par cet empilement d’informations. L’écoutant sans jamais la contredire. La suivant sans y réfléchir à deux fois.

« La paire Baumbach / Gerwig parvient à nous toucher et à provoquer empathie et sensibilité »

On pourrait trouver chez elle une certaine faiblesse et un manque de personnalité, il s’agit d’avantage d’un être fasciné par l’improbable. Et c’est justement par ses beaux yeux bleus constamment ébahis qu’on observe Brooke jusqu’à lui trouver quelque chose d’attachant. Parfois agaçante, perçue comme prétentieuse, égoïste et égocentrique. Elle l’est en apparence (et pas que), mais révèle une fragilité plus profonde. C’est une nouvelle fois dans le traitement si particulier des personnages que la paire Baumbach / Gerwig parvient à nous toucher et à provoquer empathie et sensibilité. Cela évidemment accompagné du ton comique qui leur est propre et grâce à une maîtrise des dialogues délicieuse.
Évidemment cette qualité d’écriture ne serait rien sans l’excellente interprétation des deux actrices. Gerwig, nous l’avons dit, presque à contre-emploi par rapport à Frances Ha, tient toute la drôlerie de MISTRESS AMERICA dans son jeu. A ses côtés, la surprise vient de Lola Kirke. Dans la lignée de son rôle dans la série Mozart in the Jungle (de Roman Coppola et Jason Schwartzman), elle incarne une jeunesse innocente. L’actrice amuse par ses mimiques et son air maladroit qui nous font inévitablement tomber sous son charme.

Photo du film MISTRESS AMERICA
© 20th Century Fox

On s’attache tandis qu’elle se révèle, par son positivisme, un soutien fort pour Brooke. La complicité qui se met en place entre les deux actrices, dont les rôles ont des caractères pourtant si divergents, est la belle réussite du réalisateur. Davantage que dans sa mise en scène globale, somme toute réduite au minimum. On regrette que Baumbach ne se permette de transgresser à ses codes que trop rarement. Une seule séquence se démarquant du reste par la proposition théâtrale du réalisateur lors d’une sorte de procès irréaliste de Tracy, suite à la découverte de l’œuvre – sa nouvelle Mistress America – de celle-ci par Brooke et ses amis. Un léger regret qui n’empêche pas le plaisir retrouvé au cinéma indépendant de Noah Baumbach, après le décevant While We’re Young (2014).

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

LES AUTRES SORTIES DU 6 JANVIER 2016
Les Huit salopards, La Fille du patron, Mistress America, Arrêtez-moi là, Early Winter, Toto et ses soeurs, etc.

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Affiche du film MISTRESS AMERICA

Titre original : Mistress America
Réalisation : Noah Baumbach
Scénario : Noah Baumbach, Greta Gerwig
Acteurs principaux : Greta Gerwig, Lola Kirke, Matthew Shear
Pays d’origine : U.S.A.
Sortie : 6 janvier 2016
Durée : 1h24min
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Synopsis : Étudiante en première année dans une université de New York, Tracy se sent bien seule : elle ne fait ni les rencontres exaltantes auxquelles elle s’attendait, ni ne mène la vie urbaine trépidante à laquelle elle aspirait. Jusqu’au jour où elle est accueillie par sa future demi-soeur Brooke, New-Yorkaise pure et dure habitant à Times Square. Séduite par les extravagances de Brooke, Tracy découvre enfin le Manhattan dont elle rêvait…

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