Photo (2) de la série BREF.

[CRITIQUE SÉRIE] Bref.

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Logo de la série BREF.

Les chroniques extraordinaires d’un homme ordinaire. Dans la vie, au début on naît, à la fin on meurt, pendant ce temps là, il se passe des trucs. Bref, c’est la vie d’un mec pendant ce temps là.
Célibataire tous les matins mais pas forcément tous les soirs, ce mec dont on ne connaît pas le nom partage sa vie avec nous par de brèves anecdotes. Son introspection est souvent troublée par les rencontres qu’il fait et par son entourage.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Saison : 1 (en cours)
Nombre d’épisodes : 53 (en cours)
Format : 2 minutes
Date de 1ère diffusion : 29 août 2011 (Canal+)
Titre original : Bref.
Création : Kyan Khojandi, Bruno Muschio
Avec Kyan Khojandi, Keyvan Khojandi, Alice David, Kheiron, Bérangère Krief

Bande-annonce :

Je me suis levé un matin et je me suis rendu compte que je passais à côté d’un buzz énorme : mes amis ou connaissances lointaines usaient de “J’aime” sur les réseaux sociaux comme on se jette sur les cacahuètes au moment de l’apéro à propos d’une shortcom répondant au nom de… Bref. J’ai laissé courir et un jour, je suis tombé dessus par hasard. Et même si l’épisode m’a convaincu, je me demande encore ce qui a pu faire que cette série ait eu un succès aussi fulgurant et surtout s’il peut être durable.

Bref, j’ai pensé à Bref.

Cette série qui raconte “les trucs entre la naissance et la mort” d’un trentenaire urbain et de son entourage est un programme dont chaque épisode dure moins de 2 minutes : une shortcom.
Le shortcom a démarré en France en 1997 avec Un Gars Une Fille, qui fut rapidement rejointe par Caméra Café : on était plutôt dans la succession de sketchs que dans la vraie série télévisée. Ensuite, à l’exception de Kaamelott, peu d’autres ont marqué le téléspectateur français. La construction de Bref. est clippesque et ferait davantage penser à une construction “sketch” plutôt qu’à une réelle série (on se pose la question au début tant les 2 premiers épisodes sont indépendants). Ce n’est qu’après quelques épisodes que l’on se rend compte que la fille, le plan cul, le père, le coloc, le frère, etc. prendront de la place dans la vie du héros et deviendront récurrents. Le montage très rythmé de chaque épisode, souvent calé sur la musique un peu technoïde de l’épisode, donne généralement à chacun d’entre eux une énergie qui détonne parfois avec les sujets un peu banals que peut évoquer la série (balader sur le web, ne pas arriver à dormir, etc) mais qui donne une “patte” à cette série.

Si on peut comparer Bref. à Kaamelott en terme d’évolution des personnages, on peut aussi remarquer que la nature très rythmée du montage se retrouve dans la cadence des scénarios. En effet, outre la nature comique efficace, les relations des personnages de Bref. ont plus évolué en une quarantaine d’épisodes qu’en 1 saison de 100 épisodes de Kaamelott : rupture, déménagements, couples, etc… Les problématiques évoquées sont certes moins romancées que ce que Kaamelott a proposé et ne parleront complètement qu’à un habitant de grande ville ayant entre 20 et 40 ans, qui comprendra les nombreuses références urbaines et geeks, mais l’ensemble est cohérent et ne révèle que très peu de faiblesses au fil de la saison. D’ailleurs, il est également assez agréable de voir certains épisodes sortir du cadre du simple comique de situation en allant vers de l’absurde complet (« Bref, j’ai fait un rêve ») ou alors prendre un tournant plus poétique ou nostalgique (« Bref, parfois j’y pense » ou « Bref, je suis vieille »). Les créateurs de cette série savent aussi casser leurs propres codes et c’est encourageant.

Photo (1) de la série BREF.

Si sa fulgurance a sans doute été orchestrée et/ou favorisée par un environnement technologico-médiatique bien utilisé, le succès de Bref. est bien mérité en regard de ses qualités inversement proportionnelles à la courte durée de ses épisodes.

Encourageant pourquoi ? Ben, simplement pour la durabilité de l’efficacité de Bref. ! En effet, si les codes visuels et sonores sont désormais bien digérés (jusqu’à être imités sur Youtube ou utilisés dans des publicités radiophoniques), le contenu, s’il est certes encore déclinable sur beaucoup de tranches de vie, tend à devenir redondant s’il n’est pas entrecoupé de “surprises”. En effet, il faut noter qu’à l’inverse d’autres shortcoms présentant une galerie de personnages réguliers plus ou moins étoffés, le gimmick de Bref. est sa fameuse voix-off. Ce “Je” pousse à présenter le fil de la vie du personnage principal et de ses proches à travers un seul point de vue qu’on finit progressivement à arriver à prédire, pour peu que l’on soit attentif et un peu proche de la caractérisation du personnage (urbain trentenaire) alors que la variété de personnages de Kaamelott ou de Caméra Café permettait plus facilement des épisodes sans le personnage principal. Cela n’enlève rien aux qualités comiques de la série jusqu’à présent mais commence à parfois faire naître un sentiment de déjà-vu, jusqu’à présent compensé par ces “surprises” qui cassent un peu les codes très marqués de la série avec des idées parfois brillantes (« Bref, j’ai un pote à conditions générales »).

Enfin, difficile de réellement parler du jeu d’acteur de la plupart des personnages aux interventions souvent trop… brèves ou plus simplement très caricaturales à travers une simple réplique dans l’épisode ou 2-3 mimiques. En revanche, le personnage principal dispose d’une palette assez efficace tant dans l’expression corporelle que dans la gestion de son ton dans son rôle de voix-off. Je ne rentrerai pas dans le débat du côté soit “générationnel”, soit “bobo” que certains ont pu trouver dans Bref. mais il est certain que les situations décrites sont tellement courantes qu’elles peuvent très facilement parler à une tranche de personnes ayant un vécu similaire aux personnages (urbains trentenaires, je reprécise) et que la série est tellement codifiée dans sa construction comme dans ses gimmicks que l’aspect fidélisation est forcément efficace (à l’instar des « C’est pas faux » dans Kaamelott, ou encore des phrases types de PPD dans Les Guignols) : en revanche, en mon sens, l’humour utilisé n’abandonne pas sur sa route des spectateurs moins sensibilisés à ces codes. Il n’en sera qu’un peu moins pertinent.

Somme toute, je me rend compte que le succès fulgurant de Bref. est sans doute juste dû à un heureux hasard et à un buzz (marketing ?) extrêmement bien relayé sur Facebook ou Twitter. Mais pas que. Après visionnage de l’ensemble des épisodes disponibles à ce jour, on ne peut que reconnaître la force comique de la série, le calibrage efficace de la forme des épisodes et une inventivité encore intacte : si sa fulgurance a sans doute été orchestrée et/ou favorisée par un environnement technologico-médiatique bien utilisé, le succès de Bref. est bien mérité en regard de ses qualités inversement proportionnelles à la courte durée de ses épisodes. Dernière chose amusante (enfin pour moi), je crois que cette critique de Bref. est mon plus long article à ce jour sur le site. Bref, j’ai pensé à Bref. mais je ne l’ai pas été…

Photo (2) de la série BREF.

Nos dernières bandes-annonces

Rédacteur depuis le 21.02.2010

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *