Twentynine Palms
© Tadrart Films

[critique] TWENTYNINE PALMS

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Mise en scène
9
Interprétation
7.5
Photographie
7.5
Scénario
5.5
Musique
7.5
Puissance de Bruno Dumont
9.5
Note des lecteurs4 Notes
5.7
7.8

[dropcap size=small]P[/dropcap]our son troisième film, Bruno Dumont quitte le Nord de la France et prend le large vers le soleil du désert de Joshua Tree en Californie. A lui les grands espaces arides, les routes sèches et les stations services désertiques ; à nous l’Amérique fantasmée et maintes fois filmée par pléthore de réalisateurs. Mais, dès le début du film, cette amérique familière semble étrange. Elle est vide, désagréable, industrielle parfois, angoissante souvent. Au milieu de tout ça, gambade un couple d’amoureux qui traverse les immensités à bord d’un gros 4×4 tout ce qu’il y a de plus américain. Le supplément fraîcheur se dira-t-on, encore faut-il que le couple se comprenne car elle ne parle pas anglais puisque russe, alors ils se parlent dans un français approximatif, quid du romantisme en langue de Molière … Les deux sont pourtant fous amoureux l’un de l’autre, à l’extrême. Elle, est une jalouse ne supportant pas le regard de son homme se poser sur une autre créature, Lui, contient une violence à fleur de peau qu’il libère le plus souvent au moment de jouir dans un cri frôlant l’animalité et la douleur.

Dumont nous présente donc un couple qui s’aime et qui se déchire perdu au plus profond d’une Californie anxiogène soit étouffante et désertique, soit sombre et violente. Il fait monter le long du film une angoisse latente à ses personnages, à ses décors, à sa mise en scène, à cette amérique glauque. D’ailleurs « l’orage gronde » comme le dit le personnage interprété par Katerina Golubeva et quel orage ! Mais ça nous y reviendrons plus tard …

© Tadrart Films
© Tadrart Films

Bruno Dumont, comme à son habitude, décontenance le spectateur trop impatient de consommer ce film comme un autre, sauf que … Sauf que TWENTYNINE PALMS n’est pas un film comme les autres, sa structure narrative ne répond pas aux normes pré-établies, l’élément perturbateur, celui qui lance une histoire, n’est pas là au bout du premier quart d’heure, seule la contemplation est présente, menée dans le silence ou la furie d’un rapport sexuel. La mise en scène en ressort plus sublime, plus exaltée mais parfois plus vaine aussi, parce que l’histoire devient ennuyeuse. On sait que Dumont aime prendre le temps et le montrer, il aime faire durer les plans jusqu’au delà des conventions et parfois ça agace… ou ça endort. Pourtant, de nombreuses choses se dégagent de ce simili d’histoire, c’est là la force de Dumont, sur peu de choses il montre beaucoup, encore faut-il vouloir le regarder.

« Définitivement un film sans concession. »

Car oui, ce film n’est pas « que » contemplatif, c’est un film d’un pessimisme terrible et une violente attaque politique et philosophique sur le monde d’aujourd’hui et en particulier les Etats-Unis… Reprendre l’esthétique des films américains pour mieux dessouder leur société, sacré Dumont ! Utiliser ce couple d’Adam et Eve, chassés du jardin du Paradis, pour se retrouver dans un autre immense espace vide, s’adonnant à du sexe animal pour le plaisir de la chair, se laisser peu à peu corrompre par cette société de consommation mais rester naïf quand à la violence extérieure qui rôde autour d’eux, quelle idée superbement pessimiste… et cinématographique ! C’est définitivement un film sans concessions que Bruno Dumont propose encore, toujours plus radical, toujours à la limite, pour qui tiendra le coup ou patientera jusqu’au dernier quart d’heure du film, l’orage…

Car là, toute la puissance sous-jacente, que Dumont à fait monter le long du film, explose véritablement à la figure du spectateur qui ne peut rester que méduser, pétrifié voire terrorisé ! Cette fin est un achèvement de l’Homme en tant que race dite supérieure, la défaite de toute l’espèce humaine dans tout ce quelle recèle de plus vil. L’abject se fait roi dans le pays de l’Oncle Sam, le pessimisme triomphe chez Dumont, le cinéma gagne dans le cœur du spectateur …

TWENTYNINE PALMS est chroniqué dans le cadre de la thématique IMAGINAIRES AMÉRICAINS: DÉSERT proposée par le Champs Élysées film Festival 2015 ! Il sera projeté le dimanche 14 juin 2015 20:00 à Publicis Cinémas

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Twentyninepalms affiche

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[column size=one_half position=last ]– CEFF 2015 : IMAGINAIRES AMÉRICAINS: DÉSERT
– CEFF 2015 : ATMOSPHÈRES URBAINES : DETROIT
CEFF 2015 : RÉTROSPECTIVE WILLIAM FRIEDKIN
CEFF 2015 : SÉLECTION ÉMILIE DEQUENNE
CEFF 2015 : SÉLECTION JEREMY IRONS
– CEFF 2015 : la programmation

Titre original : Twentynine Palms
Réalisation : Bruno Dumont
Scénario : Bruno Dumont
Acteurs principaux : David Wissak Katerina Golubova
Pays d’origine : France Etats-Unis
Sortie : 1er septembre 2003
Durée : 1h59min
Distributeur : Tadrart Films
Synopsis : David, photographe indépendant, et Katia, jeune femme sans travail, atterrissent à Los Angeles et se lancent à la recherche d’un désert pour les décors d’un magazine. S’accouplant sans relâche à tout endroit et à tout moment, ils se disputent et se réconcilient, ne se doutant pas que le danger ne vient pas seulement d’eux-mêmes.

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https://www.youtube.com/watch?v=jgdWBfoReqg

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