BLUE JASMINE

BLUE JASMINE – Critique

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A chaud, je suis plutôt refroidi. Laissé sur ma faim lorsque les lumières se rallument, je ne sais pas à quoi m’en tenir. La filmographie de Woody Allen se répartit assez nettement entre comédies et drames. Jusqu’ici les choses étaient claires entre lui et moi. Le Woody que j’ai tant aimé serait-il sur le déclin comme l’annonçaient MINUIT À PARIS et TO ROME WITH LOVE ? Et bien non.

A 77 ans et après plus de 40 œuvres, Woody Allen parvient à jouer une nouvelle tonalité sur la gamme si unique de sa filmographie. BLUE JASMINE est bel et bien drôle (bien que moins enlevé que la plupart de ses comédies) mais bascule doucement vers un propos plus grave (sans la noirceur de ses drames). Woody Allen confirme, non pas haut et fort mais subtilement et tendrement, son génie.

Ce serait l’histoire d’un déni. Woody Allen s’appuie sur l’histoire de Bernard Madoff : Hal (Alec Baldwin) présente une réussite extraordinaire, successfull businessman, mécène charitable, bel homme ; son bras est de surcroit agrémenté de la sublime Jasmine (Cate Blanchett). Jasmine est une femme accessoire, s’épanouissant dans le paraître sans jamais s’interroger sur la réussite de son mari (ou refusant de voir la réalité). Mais voilà il se révèle être un escroc. Avec simplicité, Woody Allen nous explique en creux avec son humour et sa subtilité, le moteur de notre ère moderne : une fuite en avant, une « chaine de Ponzi » généralisée, une course vers toujours plus de rien. Un système si reluisant et créateur de tant de dorures qu’il ne sera jamais questionné.

Ce déni qui est le nôtre (la collaboration à un système qui promeut la vacuité comme fin en soi) s’incarne en Cate Blanchett.

Là, faisons une pause. Si Cate Blanchett ne reçoit pas l’Oscar, n’est pas anoblie par la Reine d’Angleterre et qu’une étoile ne porte pas son nom, nous crierons à l’infamie ! (chacun son combat, n’est-ce pas ?). Comment décrire son interprétation alors que chaque semaine l’essorage à grande vitesse des campagnes de promotions amoindrit la portée de mon encensement ? Cate Blanchett est mondaine, élégante, distinguée puis la seconde d’après une sorcière au mascara coulant, ivre, une bouteille de vodka dans la main gauche et un Xanax dans la droite. Restons simple, interprétation ma-gis-trale.

Ce serait l’histoire d’un funambulisme entre folie et dépression.

Le déni disions-nous, est tout d’abord un des ressors comiques du film. Jasmine parle seule dans l’avion, dans la rue, c’est alors une sorte de running gag. Par la suite, nous comprenons que chaque pastille rétrospective (racontant la période luxuriante d’avant la révélation de l’escroquerie) est en réalité un moment de causerie solitaire, de folie en germe. Jasmine mène un profond combat interne : soit elle se confronte à la réalité et tombe en dépression nerveuse soit elle vit dans le déni et verse dans la folie. La structure mentale de la protagoniste établit la chronologie et le rythme du film. C’est ici que s’exprime la réalisation géniale de Woody Allen.

Le rendez-vous annuel avec “le dernier Woody Allen” est piégeux car il devient difficile après des dizaines films de conserver l’œil innocent du premier. Le coup de maitre est pourtant là, Woody Allen parvient à se renouveler dans la continuité (désolé pour la formule bidon).
Ce serait l’histoire d’un funambulisme entre folie et dépression.

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Rédacteur depuis le 22.04.2011

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